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La mosaïque syrienne: POURQUOI LES DÉFECTIONS N’AFFECTERONT PAS LE RÉGIME


Par Ahmed MESBAH

drapeau de la Syrie

 

Les défections au régime d’Al Assad ne l’affaiblissent que moyennement. La clé de cette résistance est-elle à chercher dans la composante de la société syrienne?

Les Alaouites, minorité de laquelle est issu Bachar Al Assad, ne représentent que 12% de la population syrienne. Avec ce taux, on aurait pu penser un instant que le reste de la population n’aurait aucun mal à basculer du côté de la révolte. Mais rien de tel ne s’est produit. Il y a même une grande majorité des sunnites (70% de la population) qui reste fidèle au pouvoir. Chrétiens, Druze et Kurdes, représentent respectivement 11%, 3% et 9% de la population, n’ont pas également fait le choix de se soulever contre le gouvernement. Pourtant, rien ne destinait les Alaouites à prendre les destinées du pays. La France a même voulu les isoler du reste de la Syrie dès 1920 en créant l’Etat des Alaouites à Lattaquié où est situé le fameux port de Tartous. Mais en Syrie, les craintes sont fortes de voir des guerres confessionnelles éclater si le pouvoir central venait à s’effondrer. Le scénario vécu par les voisins libanais, et récemment irakien, est alors à proscrire absolument. Le ministre de la Défense, Daoud Rajha, tué dans un attentat était chrétien. Assef Chawkat, beau-frère du président, tué lui aussi, était sunnite. Chacun tient à un régime laïc où ni les majorités ni les minorités ne seraient menacées. Ce qui ne serait pas forcément le cas si par exemple, des islamistes arrivaient à s’emparer du pouvoir comme dans d’autres Etats arabes. En Syrie, on n’a pas assisté, non plus, à une guerre opposant des tribus pro ou anti-régime comme en Libye. Avec un tiers de la population, les minorités ne veulent surtout pas ouvrir la boîte à Pandore et sombrer dans une longue guerre civile. Elles ne veulent pas non plus céder au chant des sirènes de Qataris et de Saoudiens qui, en bon parrains de l’opposition, déversent argent et armes sans discernement. Avec le risque que cet arsenal puisse finir entre des mains ingrates car les islamistes sont en embuscade. Ce ne serait qu’une catastrophe de plus pour les voisins. Même la Turquie a de quoi se méfier, bien qu’elle soutienne l’opposition, elle craint la formation d’un grand Kurdistan qui engloberait ceux d’Irak et de Syrie. Quand au grand frère russe, sa propension à protéger les Chrétiens ne date pas d’aujourd’hui. C’était déjà le cas à l’époque du tsar et le pouvoir soviétique n’a pas changé de position sur le sujet. En plus des minorités, l’armée ne fait pas défaut au régime. Cela conduit à conclure que le régime ne va pas s’effondrer de l’intérieur grâce justement à cette alliance qu’il a pu fédérer autour des ses symboles. En plus des minorités confessionnelles, qui croient aux assurances du régime laïc, il y a également des minorités ethniques comme les Assyriens, les Tcherkesses et les Arméniens dont le sort est lié à celui du régime. De temps en temps, la presse parle d’un nettoyage ethnique dont les sunnites seraient la cible mais les Alaouites tentent quand même de maintenir intact le respect dû aux minorités. Damas n’aime pas qu’on joue avec la composition du pays. Elle n’a d’ailleurs pas tardé à accuser la Turquie de vouloir diviser la Syrie.

L'Expression - Le Quotidien

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