Les Etats-Unis et la Turquie envisagent d’imposer des zones d’exclusion aérienne et d’autres mesures pour aider les forces rebelles en Syrie à l’heure où le conflit s’intensifie, a annoncé ce samedi à Istanbul Hillary Clinton.

Après avoir rencontré son homologue turc, Ahmet Davutoglu, la secrétaire d’Etat a déclaré qu’Ankara et Washington devaient entrer dans les détails d’une planification opérationnelle sur les moyens de porter assistance aux insurgés qui se battent pour renverser le président Bachar al Assad.

Des mesures décisives à venir

«Nos services de renseignements, nos armées ont des responsabilités vraiment importantes et des rôles à jouer, nous allons donc mettre en place un groupe de travail pour faire exactement cela», a-t-elle indiqué.

Alors qu’on lui demandait si lors de ces discussions, l’hypothèse de zones d’exclusion aérienne au-dessus du territoire syrien avait été envisagée, elle a répondu par l’affirmative.

«Les problèmes que vous avez soulevés dans votre question sont exactement ceux dont le ministre et moi-même avons convenu qu’ils nécessitaient une analyse plus approfondie», a-t-elle ajouté, même si elle a précisé qu’aucune décision n’était nécessairement imminente.

«C’est une chose de parler de toutes les sortes d’actions possibles, mais vous ne pouvez pas prendre des décisions raisonnables sans avoir effectué une analyse intense et une planification opérationnelle», a-t-elle poursuivi.

Vers la violation du droit international

Son hôte turc, en réponse à une question similaire, a déclaré qu’il était temps pour les puissances extérieures de prendre des mesures décisives afin de résoudre la crise humanitaire frappant des villes comme Alep, qui est soumise à des bombardements quotidiens de la part des forces gouvernementales.

En somme, les USA et la Turquie semblent décider à violer le droit international en agressant un pays souverain, y compris en dehors de l’ONU, ce parapluie qui sert habituellement de couverture « légale » aux agressions internationales. Mais pour le cas de la Syrie, les russes et les chinois ont empêché la légalisation de l’agression.

Quelle sera aujourd’hui leur réaction après ce nouveau pas franchi par les deux alliés au sein de l’Otan ? Vont-ils laisser faire ? Vont-ils s’opposer mais comment ? L’aviation et les forces antiaériennes syriennes vont-elles entrer en action ? En cas de perte américano-turque, ces dernières vont -elles appeler leurs autres alliés de l’OtAN au nom du principe de venir au secours d’un allié agressé(!) ? L’Iran restera t-elle les bras croisés après qu’elle ait dit haut et fort qu’elle ne laissera pas l’allié syrien se faire envahir ? Israël ne profitera-t-il pas de cette occasion pour agresser l’Iran en attentant à ses installations nucléaires ? Le HizbAllah libanais fort de ses dizaines de milliers de missiles et d’une armée de résistants aussi aguerris que les meilleurs des forces spéciales de n’importe quel pays ne va certainement pas rester les bras croisés, le Liban va-t-il même imploser et basculer dans la guerre civile ?

Autant de questions légitimes qui dénotent de la grande complexité qui caractérise cette région du monde et du danger de l’interventionnisme extérieur dans les affaires intérieures d’un Etat souverain, lequel danger risque de mettre en péril la paix mondiale.