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La loi fondamentale raciste « Israël : État-nation du peuple juif » : un non évènement !


Actualité
Smaïl Hadj Ali

Dimanche 12 août 2018
La « loi fondamentale Israël État-Nation du peuple juif », votée le 19 juillet 2018, n’a absolument rien de surprenant, ni de scandaleux, car elle est, et va, dans l’ordre des choses de l’État sioniste.

De facto, cette disposition était une réalité quotidienne. La nouveauté réside dans le vote d’un Parlement formé de sionistes, racistes et, cela va sans dire, de partis d’extrême-droite et théocrates. En réalité ce dispositif officialise la vieille conception colonialiste-raciste d’un « gouvernement des races assujetties[1] ». C’est ce que nous avions développé dans le texte, « La colosionisation de la Palestine », en 2015, dont nous livrons un extrait ici, consacré justement à la nature raciste de cet État, affirmée par Les Règles d’éthique de son parlement, lesquelles, déjà, définissaient Israël comme « le foyer national du peuple juif », et ce bien avant le vote de ladite « Loi fondamentale ».

Smaïl Hadj Ali

EXTRAIT.

Dans L’impérialisme. Origines du totalitarisme[2], ouvrage formidablement occulté, et pour cause[3], par les élites européennes, et tout autant par les thuriféraires européens de son œuvre, Hanna Arendt, qui s’est longtemps posée comme une sioniste de gauche[4], développe une implacable analyse pour montrer et démontrer que le « totalitarisme » européen n’est rien d’autre que le produit intime, organique, fonctionnel, de l’impérialisme et du colonialisme.

A la lecture du texte[5] de la philosophe, on constate concrètement que les aspects fondamentaux des politiques d’assujettissement et de néantisation pratiquées par les anciennes puissances colonialistes, sont bien présents, mutatis mutandis, dans la politique de l’Etat sioniste à l’égard des Palestiniens. Celles-ci fondent, par ailleurs, ce qu’il est convenu, conceptuellement, d’appeler : la terreur colonialiste sioniste.

Tout commence le jour où les idéologues sionistes décidèrent, parallèlement au processus de spoliation des Palestiniens, de penser et considérer ces derniers comme une « race inférieure », et de s’assumer, ipso facto, en « race supérieure », qui plus est, légende et fatras primitifs religieux oblige, issue d’un « peuple élu » de Dieu. Cette politique, portée par les pseudos théories de la race et l’action d’une bureaucratie[6] instrumentale criminelle, a été appliquée à l’identique sur les peuples d’Afrique, lorsque les Afrikaners d’abord, des Hollandais, puis de façon systématique les Britanniques, les Français, les Allemands, les Belges, etc., fabriquèrent des races inférieures, pour se sacrer et se consacrer, de facto, puis de jure, race maîtresse.

Le principe fallacieux de « peuple élu », -élection d’ordre divin-, induit en Israël une idéologie à part entière, pratiquée au quotidien, de la supériorité, identique à celle de « la race des élus »[7], sur les Arabes-Palestiniens, une « race » ontologiquement inférieure. Rappelons, tout de même, à la suite d’Eugène Enriquez, – Israël en est un exemple indiscutable, ainsi que, notons-le, l’idéologie de la pureté religieuse wahhabo-salafiste-, que « le racisme, rêve d’un peuple-un et pur, revenu à l’origine des temps », et « tend à maintenir une nation dans le vieux récit mythique[8] de sa fondation qu’il suffirait de réactualiser ».

Système fondé sur une idéologie de la domination totale, ce principe de supériorité est vécu comme un sens commun et un impensé, au sein de la société israélienne.

Donné comme un exemple de démocratie parlementaire par les Occidentaux, l’Etat d’Israël affirme dans les Règles d’éthique de son parlement qu’il est « l’Etat du peuple juif », et confirme ainsi explicitement sa nature raciste, puisqu’il en exclut, tous ceux qui ne sont pas Juifs, et singulièrement les « Arabes d’Israël », qui y représentent 20% de la population.

Au nom de cette supériorité autoproclamée, issue d’une transcendance étrangère à l’essence humaine, et d’une politique expansionniste – les deux s’auto-engendrent- jamais démentie[9], Israël dans ses guerres totales contre les Palestiniens, s’autorise toutes les atrocités et tous les crimes – de guerre et contre l’humanité- inaugurés par le système impérialo-colonialiste au 19ème siècle, et poursuivis lors de la seconde guerre mondiale en Europe même, contre les Juifs, et d’autres communautés, et populations, à l’exemple des Tziganes, mais aussi des Slaves, on tend à l’oublier, considérés comme des sous-hommes par l’idéologie nazie. Crimes, et pour être plus précis « massacres administratifs », comparables à ceux que ses indéfectibles alliés commirent sur notre continent, et dans d’autres contrées du monde durant des décennies.

On ne le répétera jamais assez, l’État sioniste a pratiqué et pratique impunément, sur le territoire qu’il administre, et sur ceux qu’il occupe, une sorte de « gouvernement des races assujetties », privilège d’une « race de seigneurs », issue d’un supposé « peuple élu ».

Smaïl Hadj Ali

Universitaire.

[1] Titre en français du livre du colonialiste britannique Lord Cromer.

[2] Publié en 1951, en trois tomes, en anglais sous le titre The Origins of Totalitarianism. Ce n’est qu’en 1982 que la sphère éditoriale française publie le tome consacré à l’impérialisme qui traite justement de l’engendrement des idéologies totalitaires -nazisme, fascisme- par l’impérialo-colonialisme. Seuls les tomes 1 et 3, traitant de l’antisémitisme et du système totalitaire, avaient été publiés, en 1973 et 1972.

[3] Pour H. Arendt l’impérialisme a fait du racisme « son idée politique principale ».

[4] On s’aperçut très vite qu’il s’agissait d’une imposture et d’un enfumage idéologique. Il n’y a pas plus de sionisme de gauche que d’islamisme modéré, à la sauce Bernard-Henri Lévi et consorts.

[5] Notons que son travail est imprégné de préjugés, de stéréotypes et d’analyses ethnocentristes, sur les peuples colonisés.

[6] Cf., Code noir, Code de l’indigénat.

[7] Les lois israéliennes restreignent impitoyablement les mariages entre Juifs et non Juifs.

[8] Caractéristique de l’Etat nazi.

[9] Le rêve démentiel, mais politique, du grand Eretz, du Nil à l’Euphrate, n’a jamais été abandonné par les sionistes.

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