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Retour sur la contre-offensive de l’AAS à Deir ez-Zor


Valentin Vasilescu 16/02/2017


Nouveaux détails sur la manière dont des troupes aéroportées ont été introduites dans Deir ez-Zor.

Le 9 Décembre 2016, des colonnes de voitures blindées de l’Etat islamique ont quitté la ville de Mossoul et ont traversé la frontière syrienne. Les combattants de l’Etat Islamique ont lancé une offensive féroce sur la garnison de l’armée arabe syrienne à Palmyre et conquis la ville. Daech a engagé 4000 combattants dans cette opération, amenés par des camionnettes Toyota équipées de mitrailleuses, des véhicules blindés, avec de l’artillerie et des chars. Le 14 Janvier 2017, une partie du groupe de l’Etat Islamique de la région de Palmyre a fait un mouvement de 100 km vers l’est pour rejoindre le groupe de l’Etat islamique qui attaquait la ville de Deir ez-Zor. En quelques jours, les 7000 combattants de Daech ont réussi à casser en deux la formation défensive de l’armée arabe syrienne à Deir ez-Zor.

La situation est devenue critique pour les défenseurs de Deir ez-Zor et des avions russes opérant à partir de la base de Hmeymim ont exécuté 80-100 missions par jour pour arrêter les attaques de l’État islamique. Malgré tout, le quartier général de l’armée arabe syrienne a décidé qu’il était nécessaire de compléter le contingent militaire combattant dans l’encerclement de Deir ez-Zor. Il n’était pas possible de faire atterrir des avions de transport syriens à l’aéroport Deir ez-Zor, étant donné qu’ils étaient vulnérables aux MANPADS (système de défense aérienne portable) et aux mitrailleuses des terroristes, en particulier pendant le décollage et l’atterrissage, et lors des roulades sur les pistes. Il a donc été décidé d’envoyer uniquement des soldats, sans armes et munitions, avec des hélicoptères de transport [1].

Le premier groupe de soldats syriens est arrivé le 23 Janvier à Qamishli dans le gouvernorat de Hasakeh (dans le nord-est de la Syrie), en utilisant quatre avions militaires Il-76. L’aéroport Qamishli, avec sa piste de 3615 x 46m et ses systèmes de protection de la navigation aérienne, est gardé par des membres du Régiment 154 de l’armée arabe syrienne. Un facteur de risque est le fait que le gouvernorat de Hasakeh est contrôlé presque entièrement par la branche armée du Parti de l’Union démocratique kurde (YPG), supervisé par des instructeurs militaires américains. L’aéroport de Qamishli est à 50 km au nord-ouest de Rmelan, où trois pelotons de sécurité (100 hommes) de la 101ème division aéroportée des Etats-Unis ont été déployés le 19 Janvier 2016. L’armée américaine a mis en place une piste de 700m de long et une plate-forme qui est parfois utilisée par plusieurs hélicoptères MH-60 et des avions à rotors basculants MV-22. Ces avions américains sont utilisés dans la lutte contre l’Etat Islamique dans le gouvernorat de Raqaa en Syrie et dans le siège de Mossoul en Irak.

Dans la nuit du 23 au 24 Janvier, à l’aéroport de Qamishli, le groupe militaire syrien a été transféré à bord de 20 hélicoptères syriens de fabrication russe Mi-8/17. Deux autres hélicoptèresMi-8/17 ont été tenus en réserve et ont décollé après les 20 premiers pour effectuer des missions de recherche et de sauvetage en cas de besoin. Plusieurs des hélicoptères avaient des équipages russes expérimentés. Les hélicoptères ont décollé à quatre ou cinq à la fois, en formation, et ont maintenu une distance de 4 km entre les formations. Pendant le survol du territoire occupé par l’Etat islamique, leur trajectoire de vol contournait tous les endroits sous contrôle terroriste. Les 250 km de vol comportaient plusieurs changements de direction pour détourner de la destination finale. Entre Qamishli et Deir ez-Zor, aucun des hélicoptères n’a utilisé ses feux de position ni n’est descendu en dessous de l’altitude de 2500 m. Les formations des hélicoptères Mi-8/17 ont été suivies par les hélicoptères militaire russes militaires de la circulation aérienne et ont été affichées sur les écrans radars de l’armée arabe syrienne. Cela suppose qu’un Il-20M1 ELINT devait également voler dans l’espace aérien est de la Syrie pour faire le suivi de ces formations et des autres avions dans la région. L’Ilyushin-20M1 est équipé avec un radar Kvalat-2 qui peut repérer des objets aériens et terrestres jusqu’à une distance de 300 km. En raison du fait que la trajectoire de vol des hélicoptères Mi-8/17 recoupe celles utilisées par la coalition anti État islamique des Etats-Unis lors de ses bombardements, deux avions de combat Su-35 russes leur ont assuré une couverture aérienne.

L’une des mesures défensives utilisées pour sécuriser la zone d’atterrissage était, une fois de plus, l’avion russe de soutien aérien rapproché Su-25. Evoluant dans la zone de service au-dessus de Deir ez-Zor, leur mission principale était de frapper les terroristes de l’Etat islamique s’approchant de la zone d’atterrissage. Dans l’éventualité où l’un des hélicoptères de transport Mi-8 aurait été abattu ou endommagé, la mission des bombardiers russes était d’assurer une couverture aérienne aux deux hélicoptères de réserve qui mèneraient les opérations de recherche et de sauvetage. D’autres missions de soutien sur la base aérienne de Deir ez-Zor ont été exécutées par des drones de reconnaissance russes. Ils ont suivi la procédure d’atterrissage de tous les hélicoptères à partir d’une haute altitude. A travers les images transmises en temps réel, le coordonnateur de la mission au siège de la base aérienne de Hmeymim avait une image complète, et était donc prêt à intervenir en cas de situation particulière.

Les hélicoptères Mi-8/17 ont fait une descente raide de 2500 m, volant en cercles serrés au-dessus de la base aérienne de Deir ez-Zor couverte par des soldats syriens. Les équipages d’hélicoptères avaient des équipements de vision nocturne et de la base aérienne de Deir ez-Zor avait du matériel laser russe qui marque des rectangles pour indiquer les sites d’atterrissage pour les hélicoptères. Le faisceau laser était invisible pour les terroristes de Daech mais était visible d’en haut, avec le matériel de vision nocturne des équipages sur les Mi-8/17. Les hélicoptères étaient au sol pendant 30-50 secondes pour débarquer les troupes.

Le détachement qui a donc été transporté par les hélicoptères Mi-8/17 était composé d’environ 500 soldats syriens, autrement dit un bataillon de chars de la Brigade153 / Division 1 de chars (sans leurs chars) et deux compagnies de forces des opérations spéciales (sans les armes et les munitions). La formation de la défense à Deir ez-Zor comprend de 4000 à 5000 soldats. Ils appartiennent à la brigade mécanisée T137 (BMP-1 IFV, chars T-72, T-55 et le ZSU-23-4 Shilka – un système d’arme blindée léger autopropulsé), la 104ème Brigade aéroportée, le 121ème régiment d’artillerie (M-46 Field Gun, D-30 howitzers, BM-21 Grad MRLS-lance-roquettes multiples) et les réservistes des forces de la défense nationale.

Les défenseurs de Deir ez-Zor avait l’avantage d’avoir d’importants stocks d’armes et de munitions. Deir ez-Zor était le quartier général de la 17ème Division mécanisée qui venait d’être formée pour cette guerre et était destinée à défendre le nord-est de la Syrie. La 93ème Brigade de chars (100 chars T-55 et 40 BMP-1 IFV) et la 154ème Brigade des Forces des opérations spéciales avaient des équipements de combat stockés dans des dépôts à Deir ez-Zor, mais pas les hommes pour les utiliser.

À la suite de cette action pour augmenter les forces de combat, les soldats syriens ont été en mesure d’exécuter une contre-attaque réussie et de rétablir la connexion entre les deux formations au nord et au sud de la ville de Deir Ez-Zor.

Traduction Avic/RI

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