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Syrie: accord Russie/USA contre l’Iran?


France-Irak Actualité : actualités sur l’Irak, le Proche-Orient, du Golfe à l’Atlantique

Analyses, informations et revue de presse sur la situation en Irak, au Proche-Orient, du Golfe à l’Atlantique. Traduction d’articles parus dans la presse arabe ou anglo-saxonne, enquêtes et informations exclusives.

Publié par Gilles Munier sur 28 Février 2018,

Catégories : #Iran, #Etats-Unis, #Poutine, #Trump, #Israël, #Syrie

Revue de presse : Pars Today (27/2/18)*

La guerre en Syrie a habitué les analystes à bien des surprises: les multiples acteurs, et surtout les rapports de force changeants, qui régissent, au gré des évolutions, cette grande guerre, donnent souvent lieu à des coups de théâtre.

Depuis quelque temps, des spéculations vont effectivement bon train au sujet d’un « retrait des forces iraniennes » que la Russie finirait par « exiger », ne serait-ce que pour préserver ses « relations privilégiées » avec Israël et éviter un face-à-face militaire de plus, celui entre Tel-Aviv et Téhéran.

Les commentaires se multiplient d’ailleurs sur un « possible accord Russie/USA » sur le dos de Téhéran, accord qui mettrait en cause la présence légitime de Téhéran, lui demandant de revenir sur ses accords militaires passés avec Damas et de quitter pour de bon le sol syrien après avoir largement contribué à la défaite de Daech.

Il est vrai que la Russie de Poutine, qui vit une délicate période électorale, est à prête à tout, sauf à une guerre d’usure à laquelle prendrait directement part Israël, avec toutes les complications que cela comporterait.

Sous la pression de l’axe Washington–Tel-Aviv, Poutine va-t-il renoncer à son alliance avec l’Iran ? D’aucuns n’en écartent pas la possibilité, mais soulignent dans le même temps qu’il faudrait que les Américains lâchent du lest pour que la Russie revienne sur cette juteuse et bénéfique alliance. Car tissée au fil des années de guerre, cette alliance désormais « stratégique », selon les termes mêmes du président russe, ne saurait être bisée sans que le camp d’en face consente à de grosses concessions.

Or c’est là que le bât blesse : que les Américains lâchent du lest face aux Russes, cela voudrait dire en clair qu’ils auraient reconnu « le poids et l’influence de la Russie » dans l’une des zones les plus stratégiques de la planète, une zone qui est le théâtre depuis très longtemps de leurs multiples ingérences. Les Américains iraient-ils jusqu’à faire passer leur aversion anti-iranienne avant cette sempiternelle et incessante rivalité qu’ils nourrissent à l’égard de la Russie ?

À vrai dire, les États-Unis ont déjà été contraints à faire marche arrière et ils en sont fort en colère : les deux bases aérienne et navale que Moscou s’est arrogées, respectivement à Hmeimim et à Tartous, pour des baux de 45 et de 99 ans n’ont certes pas provoqué de réaction US, il n’empêche que Washington n’a pas digéré cet « échec » et tente de se rattraper, ne serait-ce que par des tentatives « vaines » de placer sous sa domination la pétrolifère rive orientale de l’Euphrate.

En Syrie, la Russie a poussé le bouchon trop loin : elle a réussi à étendre sa « sphère d’influence géostratégique » au-delà de son pré carré traditionnel pour entrer de plain-pied en Méditerranée où l’Occident a fait pendant des décennies la pluie et le beau temps. Moscou a bousculé obstinément l’ordre géopolitique, quitte à chasser sur un terrain qui n’est pas le sien.

Mais dans l’optique américaine, le jeu n’est pas encore fait, tant s’en faut : la tournure qu’a prise la guerre en Syrie ne satisfait point les Américains, d’où leur « accès de fièvre belliciste » qui se traduit tantôt par leur soutien aux Kurdes, au prix de se mettre à dos leur « ami turc », tantôt par des raids contre les positions des militaires russes. Bref, la donne militaire et politique telle qu’elle se présente en Syrie ne facilite aucun marchandage ni accord américano-russe, qu’il soit tacite ou patent.

Après tout, la région qui sépare l’Iran de la Méditerranée obnubile de longue date les États-Unis et leurs alliés, dans la mesure où elle représente le « cœur géopolitique battant » au Moyen-Orient. C’est une zone aux richesses naturelles infinies qui se partage entre de grands pays comme l’Iran, la Turquie, l’Égypte, l’Arabie saoudite, l’Irak et la Syrie. Le sort de l’Occident s’y est en grande partie joué au XXe siècle. Il est hors que ce même Occident y renonce au XXIe siècle. Surtout quand il a en face la Russie… Difficile donc de voir les États-Unis sacrifier leurs intérêts au profit des Russes pour se débarrasser de l’Iran. Pour une fois, Israël se retrouve seul, totalement seul pour affronter l’axe de la Résistance.

Source : Pars Today

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