C’est toute la Palestine qui est à décoloniser
mai 19, 2021
Publié par Gilles Munier sur 16 Mai 2021, 17:06pm
Catégories : #Gaza, #Palestine, #Jérusalem
La Nakba, « transfert » par la violence et l’intimidation de la population arabe palestinienne
Par Ginette Hess Skandrani (texte publié en juin 2010)
Des gens de tous bords, de gauche comme de droite, politisés ou non, religieux pratiquants ou non, athées, libres-penseurs, commencent à se rendre compte que l’entité sioniste plus agressive et plus suicidaire que jamais, n’a pas sa place dans un Moyen-Orient arabe qui ne demande qu’à se développer plus harmonieusement.
Le fait de construire un seul État démocratique et pluriel entre la Méditerranée et le Jourdain implique forcément le démantèlement de l’État juif.
Un seul État démocratique pour tous ceux qui aiment cette terre et veulent la construire ensemble, contre la proposition irréalisable et mensongère dont on nous bassine depuis des années : deux États séparés, l’un dominant l’autre, l’un occidentalisé, surarmé et financé
comme tel et l’autre, riquiqui, parcellisé et intégré dans un monde arabe divisé.
UN SEUL ÉTAT POUR TOUS LES HABITANTS, DE LA MÉDITERRANÉE AU JOURDAIN :
Il me semble, qu’après quatre guerres, deux Intifada, des milliers de massacres, des centaines de milliers de déportations, des milliers de maisons et de champs détruits, des dizaines de milliers de prisonniers dans les geôles israéliennes, plusieurs négociations/ manipulations, baptisées pompeusement « conférences pour la paix », Gaza massacrée et toujours bloquée, il n’y a plus d’illusions à se faire … tout a lamentablement échoué.
L’état palestinien, si souvent évoqué et prôné par tous ceux qui veulent faire perdurer la séparation ethnique sur cette terre, se fait toujours attendre. La résistance continue toujours et plus forte que jamais et le peuple palestinien se relève à chaque fois que quelques âmes bien pensantes veulent lui faire baisser la tête en lui faisant miroiter une petite parcelle de terre octroyée généreusement par l’occupant alors que c’est toute la terre de la Palestine ancestrale qui lui appartient.
Ce peuple, qui n’a jamais baissé les bras, a fait la fierté de toutes les causes et de tous les mouvements de résistance de cette planète. Il sait bien que sa cause est juste et qu’il finira bien par regagner sa terre, son histoire et son identité.
En cette année 2010, nous savons tous qu’il ne se présente d’autre solution en Palestine occupée, que celle d’un état unique pour tous ses habitants, état pluriel, multiethnique, multiculturel et démocratique avec des droits et des devoirs partagés par tous ses habitants -de la Méditerranée au Jourdain- quelle que soit leur religion, leur appartenance idéologique, ethnique ou politique.
LA PROPOSITION MALHONNÊTE ET TROMPEUSE DE DEUX ÉTATS SÉPARÉS
– Dont l’un, l’Israël détiendrait 80% des terres en continu, maintiendrait les colonies de peuplement, les routes de contournement des villages, le mur de la honte, soutenu financièrement par tout l’occident, et continuerait à posséder en grande quantité des armes de destruction massive prenant en otage tous les peuples de la région.
– Et, l’autre, le Palestinien avec 20 % (moins le mur, les colonies et les routes de contournement, ce qui l’amène à 18 %), désarmé, morcelé, parcellisé, sans aucun débouché vers l’extérieur, désarmé et esclavagisé par son voisin, séparé de Gaza bloqué … ne me semble pas viable.
PALESTINE : UN PETIT PEU D’HISTOIRE (pour nous remémorer l’origine contemporaine du conflit)
La résolution 181, votée le 29 novembre 1947 par l’Assemblée générale de la toute jeune ONU instaure la partition de la Palestine par :
– 33 votes pour, dont celui des États-Unis, de l’Union soviétique et de la France,
– 13 contre
– et 10 abstentions, dont celle du Royaume-Uni.
C’est cette résolution imposée par les grandes puissances de l’époque qui porte la responsabilité de la Nakba (désastre palestinien) et de la majorité des problèmes du Moyen-Orient.
Il faut rappeler qu’à cette époque, une grande partie des peuples de la planète, dont les peuples arabes, n’étaient pas souverains et n’avaient donc pas voix au chapitre. Toutes les manœuvres et pressions exercées par les grandes puissances occidentales auront été bonnes pour obtenir la majorité requise des deux tiers.
La résolution 181 crée :
° Un État juif sur 56, 47 % de la Palestine pour 498 000 Juifs.
° Un État arabe sur 43,53 % du territoire pour 807 000 Palestiniens et 10 000 juifs, un état qui n’a jamais existé.
° Un régime de tutelle internationale pour Jérusalem avec 105 000 Palestiniens et 100 000 juifs.
Cette résolution jugée illégale et illégitime a toujours été dénoncée par l’ensemble du Monde arabe car :
° Le peuple le plus concerné par ce vote, le peuple palestinien, peuple autochtone dans toutes ses composantes, n’a jamais été consulté sur le partage de sa terre ancestrale.
° Le Monde arabe étant encore largement colonisé et ne pouvait donc s’exprimer officiellement, alors qu’il était tout autant concerné par le devenir de cette région, n’a pu prendre part au vote.
° Et surtout l’ONU a outrepassé son rôle en créant artificiellement un État sur la terre d’un peuple qui s’y accrochait désespérément et continue encore aujourd’hui à s’y accrocher, avec le même désespoir.
Le mandat britannique a pris fin la 14 mai 1948 et le lendemain, les sionistes ont proclamé unilatéralement l’État d’Israël.
En quelques jours les Palestiniens sont devenus minorité au sein d’une entité étrangère, sans changer de lieu, sans avoir été consultés.
La fin du mandat colonial britannique annonçait leur aliénation existentielle. Comment auraient-ils pu accepter passivement ce hold-up ?
Déjà avant mai 1948, les persécutions anti-palestiniennes, marquées par le massacre de Deir Yassine dans la nuit du 9 au 10 avril où l’Irgoun de Begin et le groupe Stern de Shamir massacrèrent plus de 300 civils endormis, entraînant la fuite d’environ 300 000 personnes, sans qu’aucun pays Arabe ne proteste.
380 villages furent, comme Deir-Yassine, rayés définitivement de la carte.
Après une tentative de trêve marquée par l’assassinat du médiateur de l’ONU, le Comte Bernadotte, par le groupe Stern, la première guerre Israélo-arabe consacrait la victoire d’Israël, les pays arabes préférant signer des armistices séparés en n’acceptant que des frontières de fait.
La défaite arabe a permis à l’État juif de s’agrandir et a redessiné une nouvelle configuration de la Palestine :
– L’état d’Israël avec 12 % de Palestiniens restés sur place ;
– Une Palestine sous influence égyptienne (la Bande de Gaza)
– Une Palestine annexée à la Transjordanie dans le royaume hachémite de Jordanie (la Cisjordanie).
Ces deux morceaux de Palestine s’appelleront dorénavant et durant de nombreuses années « Territoires occupés ».
La Palestine ancestrale a été atomisée, ses habitants exilés sur leurs propres terres, dotés du statut de réfugiés, assistés par l’UNRWA (organisme d’assistance des Nation Unies pour les réfugiés), parqués dans des camps concentrationnaires à Gaza ou en Cisjordanie qui en accueillent près de 700 000.
Dès lors, on distingue les Palestiniens de l’intérieur ceux des territoires occupés en 48, ceux des territoires occupés en 67 et ceux de l’extérieur (les réfugiés, auxquels on peut ajouter la diaspora disséminée dans le Monde arabe, en Europe, aux USA ou ailleurs).
Le 11 mai 1949 Israël est admis au sein de l’ONU et est à ce jour, le seul État devenu membre sans avoir eu à déposer une carte de ses frontières. Il contrôle environ 80 % de la Palestine et rejette immédiatement l’internationalisation de Jérusalem votée par l’ONU le 29 novembre 1947.
Dans le même temps, en application de la « loi du retour », les Juifs, n’ayant jamais eu aucune attache avec cette terre, qui s’installent sont automatiquement naturalisés, alors que les « réfugiés » (nouveau nom des Palestiniens) qui y sont nés n’ont pas le droit d’y revenir.
Les Palestiniens n’ont jamais accepté cet état des lieux et ont toujours organisé la résistance à l’occupation avec obstination et détermination par des actions fortes et spectaculaires selon les conjonctures.
Si nous voulons nous engager sur la proposition d’un seul État démocratique sur la terre historique de Palestine, il faut avant tout dire que nous soutenions ceux qui veulent décoloniser toute la Palestine et donc démanteler les structures d’Israël afin de reconstruire ensemble un nouvel état.
Il faudra aussi nous poser des questions sur le démantèlement des colonies et de ces horribles routes de contournement qui zigzaguent entre les champs, les villages et les maisons palestiniennes. Et ne parlons pas de ce mur barbare, qui nous rappelle, à nous autres Européens de si sinistres souvenirs et qui doit être détruit comme l’a été celui de Berlin. Et ne pas oublier Gaza qui est toujours sous un embargo criminel et séparé du reste de la Palestine.
* LA RÉSISTANCE PALESTINIENNE
Cette résistance a toujours existé. Mais elle ne n’apparaissait pas dans nos lucarnes, puisque le peuple palestinien était nié dans son existence, donc sa résistance ne pouvait qu’être traitée d’inexistante et forcément de terroriste.
L’Intifada de 1987, et le soulèvement de l’ensemble de la population, les enfants lanceurs de pierres, les femmes largement engagées dans l’autosuffisance alimentaire, les familles boycottant les produits israéliens, organisant les entraides, les grands-mères et grands-pères soutenant l’infrastructure de la résistance ont donné une autre image de ce peuple spolié depuis si longtemps.
Les accords d’Oslo, comme tous ceux qui ont suivi, y compris l’arlésienne de Genève, que nous n’avions pas soutenue, ont été une énième tentative de soumettre la résistance.
L’Intifada Al Aqsa en l’an 2000 a été certainement plus organisée et différente.
La résistance prend aujourd’hui plusieurs formes. Nous devons la soutenir globalement et dans toutes ses composantes, car elle est juste. Et résister à l’occupant est non seulement un droit mais également un devoir.
Nous comprenons fort bien que les attaques-kamikazes ont pu choquer quelques-uns, mais elles ne sont certainement pas plus choquantes que les F16, les missiles envoyés dans les maisons ou l’assassinat de Cheikh Yassine dans sa chaise roulante.
Nous n’avons pas à critiquer la forme de résistance que choisissent les Palestiniens et surtout pas à accepter qu’elle soit traitée de terroriste
* LES RÉFUGIÉS PALESTINIENS
Intervenir pour un État unique en Palestine implique forcément d’exiger le droit au retour de tous les réfugiés. La résolution 194 adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 11 décembre 1948 spécifie dans son paragraphe 11 : « Il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins, que des indemnités doivent être payées au titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers ou pour tout bien perdu et endommagé ».
Cette résolution pourtant acceptée par Israël comme condition pour pouvoir accéder à l’ONU n’a jamais été appliquée. Encore aujourd’hui, après 62 ans d’errances des réfugiés et plusieurs guerres subies par le peuple palestinien, l’État juif refuse toujours d’en discuter. C’est également une des raisons pour laquelle la Communauté internationale doit exiger des comptes et demander à l’entité sioniste d’honorer ses engagements passés ou bien exiger que cet État quitte l’ONU, comme cela l’a été demandé à d’autres pays.
Actuellement, selon l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) organisation crée en 1949, les réfugiés Palestiniens et leurs descendants sont au nombre, de l’ordre de trois millions et demi de personnes dont 30 % vivent dans des camps. Le sort de ces réfugiés constitue depuis plus d’un demi-siècle le plus grand problème humanitaire jamais résolu, la honte des Nations Unie et de la Communauté internationale et surtout un problème de sécurité majeure, ayant eu des répercussions régionales énormes et jouant un rôle central pour la paix dans le Moyen-Orient. Ce problème s’est encore accentué depuis la colonisation de l’Irak, vu que les Palestiniens qui s’étaient intégrés dans la population irakienne ont été ramenés dans des camps et vivent, sous domination US, dans le plus complet dénuement.
* LE DÉSARMEMENT DE L’ENTITÉ SIONISTE DEVIENT URGENT
N’oublions pas qu’Israël possède des armes de destruction massive. L’armement nucléaire israélien a été dénoncé dès 1986 par l’ingénieur israélien Mordechaï Vanunu, dans le « Sunday Times » des 5 et 12 octobre 1986.
Cet acte courageux l’a fait croupir, durant 18 longues années en prison et au secret. Secret qui continue toujours après sa libération, car il est toujours en résidence surveillée et ne peut communiquer avec personne. Ce courageux ingénieur en paie encore le prix aujourd’hui.
C’est dans le complexe nucléaire de Dimona, planqué dans le désert du Neguev, ayant plusieurs étages souterrains qu’Israël a produit une centaine d’ogives nucléaires. Ces ogives ont certainement quadruplé depuis lors puisque personne, ni dans la région, ni parmi les « pays qui veulent donner des leçons au peuple iranien » ne s’en est inquiété.
Le silence officiel, la protection des autres puissances nucléaires, le barrage des informations reste à ce jour total.
L’usine est cachée dans le désert et produit des ogives nucléaires depuis 1966. Entre-temps, elle a certainement, d’après certain articles échappés dans une certaine presse israélienne, fabriqué des armes thermonucléaires d’une capacité suffisante pour détruire des villes entières. Nous savons aussi que l’armée israélienne utilise ponctuellement des gaz qui auraient des effets sur le système nerveux pour les personnes qui les inhalent. Accusation sur laquelle s’était fondé un journaliste de France culture pour mener une enquête dans la Bande de Gaza. Nous avions déjà, lors d’un voyage en Palestine été confronté à ce genre de gaz qui pue comme des œufs pourris et est d’une couleur jaunâtre très bizarre. Ce ne sont certainement pas des gaz lacrymaux que nous connaissons bien, pour en avoir profité lors des manifestations. Les Palestiniens nous disaient que ce gaz faisait avorter les femmes enceintes et était responsable de l’étouffement des personnes âgées ou de ceux qui avaient des problèmes respiratoires.
Ce sont quelques bases sur lesquelles nous avons créé l’association » La Pierre et L’Olivier « en 1990 et nous n’avons jamais transigé sur ces principes. Nous n’avons pas soutenu les accords d’Oslo ni aucun des suivants, car nous sommes restés fidèles aux propositions de la charte de l’OLP : » Un État laïc et démocratique sur toute la terre de Palestine ». Pour nous, cette charte n’a jamais été jugée caduque et reste toujours d’actualité.
Nous savons que nous ne pourrons jamais renier ce que nous avons toujours défendu jusqu’à aujourd’hui. Nous ne comprendrons jamais, comment certaines associations et organisations se mobilisent pour la multiculturalité en France et en Europe et exigent la séparation ethnique en Palestine.
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