Israël interdit la visite de Rashida Tlaib et Ilhan Omar, élues américaines et adversaires de Trump
août 16, 2019
Le Monde –
Le président américain avait encouragé Israël à leur interdire l’entrée sur son territoire, affirmant qu’elles « détestent Israël et tous les juifs ».
Le Monde avec AFP
Les élues Ilhan Omar (gauche) et Rashida Tlaib (droite) au Capitole, à Washington, le 5 février dernier.
Les élues Ilhan Omar (gauche) et Rashida Tlaib (droite) au Capitole, à Washington, le 5 février dernier. J. Scott Applewhite / AP
Après avoir annoncé envisager de leur interdire l’accès à son territoire, Israël a fini par statuer, encouragé par le président des Etats-Unis, Donald Trump : les deux élues de l’aile gauche du Parti démocrate Rashida Tlaib et Ilhan Omar se sont vu interdire, jeudi 15 août, l’entrée sur le territoire de l’Etat hébreu.
Le chef d’Etat américain avait affirmé plus tôt dans la journée que les deux représentantes « détestent Israël et tous les juifs » et qu’« il n’y a rien qui puisse être dit ou fait pour les faire changer d’avis », estimant qu’en les laissant accéder à son territoire, Israël ferait preuve d’une « grande faiblesse ». Mmes Omar et Tlaib devaient atterrir ce week-end à Tel-Aviv afin de visiter les territoires palestiniens. Elles sont connues pour leurs prises de position propalestiniennes et leur soutien à la campagne de boycott qui vise le pays, selon un communiqué des autorités israéliennes. Mme Omar a réagi dans un communiqué en dénonçant un « affront » fait par le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou « sous la pression de Donald Trump ».
Condamnation du lobby pro-israélien à Washington
« Israël est ouvert aux visites à une exception près, celles de gens appelant et militant pour son boycott », a indiqué plus tôt M. Nétanyahou. « Ces élues utilisent la scène internationale pour apporter leur soutien aux associations BDS qui appellent au boycott d’Israël », a ajouté le ministère israélien de l’intérieur dans un communiqué, justifiant sa décision sur la base d’une loi israélienne permettant d’interdire l’entrée sur le sol israélien aux partisans du mouvement BDS (Boycott, désinvestissement, sanctions).
La décision israélienne d’interdire la visite de deux élues américaines est « scandaleuse », a indiqué de son côté la responsable palestinienne Hanan Ashrawi dans un communiqué. De façon plus surprenante, le lobby américain pro-israélien Aipac, d’ordinaire proche des positions de Donald Trump, a condamné la décision des autorités du pays.
« Nous désapprouvons le soutien » des élues de la Chambre des représentants Ilhan Omar et Rashida Tlaib « au mouvement anti-Israël et antipaix BDS, mais nous pensons également que tout membre du Congrès devrait être en mesure de se rendre chez notre allié démocratique Israël pour le découvrir en personne », a affirmé l’organisation sur Twitter.
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Donald Trump et Benyamin Nétanyahou, le 25 mars.
Donald Trump et Benyamin Nétanyahou, le 25 mars. Susan Walsh / AP
« Retourner dans leur pays »
En 2017, Israël a en effet adopté une loi qui permet d’interdire l’entrée dans le pays aux partisans de ce mouvement BDS appelant au boycott économique, culturel ou scientifique d’Israël pour protester contre l’occupation des territoires palestiniens. Le gouvernement israélien combat farouchement tout ce qui ressemble à une entreprise de boycott, qu’il assimile à une menace stratégique et dénonce comme une remise en cause de la légitimité d’Israël, et accuse le BDS d’antisémitisme, ce que le mouvement dément.
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Ilhan Omar et Rashida Tlaib, membres de l’aile gauche du Parti démocrate à la Chambre des représentants, ont publiquement appuyé le mouvement BDS et dénoncé la politique israélienne face aux Palestiniens. Elles ont été accusées d’antisémitisme, ce qu’elles réfutent. Par ailleurs, elles sont toutes les deux des adversaires politiques acharnées du président américain républicain Donald Trump, qui entretient les meilleurs rapports avec Benyamin Nétanyahou.
Mi-juillet, Trump s’en était déjà pris à ces élues de gauche en estimant qu’elles devaient demander « pardon à notre pays, au peuple d’Israël, et même au président pour (…) les choses terribles qu’elles ont dites ». Il avait même provoqué un tollé en demandant à des parlementaires américaines, dont Mme Omar et Mme Tlaib, de « retourner dans leur pays ».
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