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La guerre contre la Syrie et l’illusion des compromis


La guerre contre la Syrie et l’illusion des compromis

Par Ghaleb Kandil

Certains milieux politiques pensent que la Russie et les États-Unis se sont entendus sur des compromis dans la région, et que tout ce qui se passe sur les plans politique et militaire en Syrie fait parti d’un scénario pour mettre en œuvre ces arrangements.

En fait, les relations internationales passent par une période transitoire qui verra se dessiner les contours des nouveaux équilibres. Ceux-ci ont pu émerger grâce à la résistance de l’Etat syrien face à l’agression coloniale conduite par les États-Unis. Il est clair que l’ère post-domination unilatérale américaine est en construction. Les règles de la nouvelle guerre froide ne sont pas encore définitivement dessinées. La reconnaissance par les États-Unis de la fin de l’hégémonie unilatérale s’accompagne de tentatives continues pour influencer les nouvelles équations et équilibres qui sont en train d’émerger.

C’est dans ce cadre que s’inscrivent les pressions et les ingérences américano-occidentales dans l’arrière-cour de la Russie. La crise en Ukraine est la meilleure illustration de cette attitude, au même titre que la poursuite du partenariat entre les États-Unis et l’Arabie saoudite, pour prolonger le bain de sang en Syrie, dans l’espoir de modifier à l’avantage de leurs agents les rapports de force qui sous-tendent tout compromis politique à venir.

Telles sont les réalités qui ressortent de la Conférence de Genève II, où les Américains ont négocié, indirectement, avec la délégation officielle syrienne, à travers une délégation mise sur pied par leur ambassadeur à Damas Robert Ford. C’est dans ce même cadre que s’inscrit la décision d’écarter l’Iran de cette conférence, et qui était un message destiné à la Russie, digne de l’époque de l’hégémonie unilatérale, à travers des ordres donnés au secrétaire général des Nations unies. La réforme de cette organisation et le rééquilibrage des rapports de force en son sein sont d’ailleurs des conditions inévitables pour établir une monde multipolaire.

Dans cette période transitoire, la confrontation continue pour l’élaboration des nouveaux rapports de force entre les puissances internationales, et la Syrie constitue le miroir des nouvelles réalités internationales. Aussi, le fait de croire à l’existence de supposés arrangements internationaux et au sérieux des Américains dans la lutte contre le terrorisme, est une pure illusion. Pire, cela peut fausser les calculs et produire des analyses erronées.

Ce sont les États-Unis qui ont exporté vers la Syrie le terrorisme qaïdiste, en coopération avec le régime saoudien, la Turquie et le Qatar. C’est Washington qui a hébergé et couvé les Frères musulmans, et il continue de le faire bien qu’il sache que cette confrérie promeut la pensée takfiriste et le terrorisme dans le monde musulman. Le refus américain de considérer la lutte contre le terrorisme comme une priorité en Syrie, comme l’a réclamé la délégation officielle syrienne, est un aveu de Washington de sa détermination à utiliser le terrorisme pour saigner l’État syrien. Les arguments présentés par Barak Obama, lors d’un entretien au New Yorker, pour expliquer les raisons de son soutien au Front islamique, illustrent parfaitement cette réalité. Il a qualifié de « jihadistes » les combattants de cette organisation terroriste, appelant à faire une distinction entre eux et Al-Qaïda. Ce Front est un pur produit américano-saoudien qui est actif uniquement à l’intérieur de la Syrie et ne constitue pas une menace terroriste, comme le prétend la revue Foreign Policy dans un article publié il y a quelques jours. La revue a couvert de louanges le chef de Brigades « Ahrar al-Cham », Abou Khaled le Syrien, en tentant de minimiser l’importance de propos de ce terroriste rendant hommage à Oussama Ben Laden.

La prochaine étape sera caractérisée par une recrudescence des combats sur le terrain et la poursuite du soutien américano-saoudien, qatari, britannique et français aux mouvements extrémistes. En dépit de la dernière manœuvre verbale de Recep Tayyeb Erdogan, lors de sa visite à Téhéran, qui ne s’est accompagnée d’aucune mesure concrète sur le terrain, la Turquie va également poursuivre son appui aux terroristes.

L’administration américaine a reconnu l’échec de son pari de la destruction de l’Etat syrien, sous couvert de la chute du régime. Sa nouvelle stratégie consiste à installer durablement des lignes de démarcations entre l’Armée arabe syrienne et les rebelles, à travers un soutien massif en armes, argent, renforts en hommes et en conseils techniques. Certains milieux à Washington évoquent ouvertement le partage de la Syrie en séparant les provinces d’Idleb, d’Alep, de Raqqa, de Deir Ezzor et de Hassaka, de l’État central. D’autres projets parlent de la division de la Syrie en trois régions: la première, sous le contrôle de l’État central et de ses forces armées; la deuxième sous l’hégémonie des groupes armés; et la troisième sous la domination des Kurdes.

L’armée arabe syrienne combat donc pour l’unité de la Syrie et pour son indépendance. Les Américains et leurs agents découvriront que tous leurs plans ne sont que des mirages, car quand c’est l’unité et l’indépendance de leur pays qui est en jeu, le peuple syrien son armée sont prêts à consentir autant de sacrifices qu’il le faut.
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