Les forces iraniennes tirent des roquettes sur Israël, qui réplique en visant la Syrie
mai 10, 2018
LE HUFFPLAY
10/05/2018
Les tensions entre les deux pays, qui interviennent tous deux en Syrie avec des intérêts divergents, ne cessent de croître.
Le HuffPost avec AFP
Amir Cohen / Reuters
Les forces iraniennes tirent des roquettes sur Israël, qui réplique en visant la Syrie.
INTERNATIONAL – Les forces iraniennes en Syrie ont tiré dans la nuit du mercredi 9 au jeudi 10 mai une vingtaine de projectiles et roquettes en direction des forces israéliennes dans la partie du Golan occupé par Israël, a déclaré l’armée israélienne.
Ces projectiles, dont certains ont été interceptés par les systèmes de défense antimissiles israéliens, n’ont pas fait de victimes et l’armée israélienne a riposté, a indiqué par téléphone à des journalistes le porte-parole de l’armée israélienne, le lieutenant-colonel Jonathan Conricus.
Ce jeudi matin, le ministre de la Défense israélienne a annoncé que « presque toutes les infrastructures iraniennes en Syrie » ont été frappées. « Nous avons frappé presque toutes les infrastructures iraniennes en Syrie, ils ne doivent pas oublier l’adage selon lequel, si la pluie nous tombe dessus, la tempête s’abattra sur eux », a-t-il dit lors d’une conférence sur les questions de sécurité. « J’espère que cet épisode est clos et qu’ils ont compris ». Selon l’OSDH, ces frappes ont tué au moins 23 combattants dont cinq soldats syriens et 18 membres de forces alliées du régime. Parmi les soldats du régime tués figure un officier. Des Syriens et des étrangers font partie des combattants tués, d’après l’observatoire.
Emmanuel Macron a pour sa part appelé à la « désescalade », ce jeudi 10 mai, a indiqué ce jeudi la présidence. « Il appelle à la désescalade et il s’entretiendra à ce sujet avec la chancelière » allemande Angela Merkel, qu’il rencontre dans la journée à Aix-la-Chapelle en Allemagne à l’occasion de la remise d’un prix européen.
Des tensions qui ne cessent de croître
L’agence officielle syrienne Sana a fait état de l’interception de missiles israéliens par la défense anti-aérienne du régime. Selon les médias locaux et les correspondants des principales agences de presse sur place, Damas a également été largement ciblée par des missiles israéliens. Le correspondant de l’AFP sur place a également fait part de plusieurs détonations d’importance dans la capitale syrienne.
Selon les représentants de l’armée syrienne, plusieurs salves de missiles israéliens visant bases militaires et dépôts d’armes ont été détruites par leurs soins. « Plusieurs dizaines de missiles ont été abattus dans le ciel syrien par les systèmes anti-aériens », a indiqué l’agence officielle Sana. « Israël tente de viser des unités de la défense anti-aérienne et de détruire des radars », a ajouté Sana. Un radar aurait d’ailleurs été détruit par l’attaque israélienne, et plusieurs autres cibles touchées.
Au petit matin dans la région, l’armée israélienne a détaillé avoir pris pour cibles « des dizaines » d’objectifs iraniens en Syrie. L’opération de la nuit, l’une des plus importantes de l’armée israélienne au cours des dernières années et la plus importante contre des cibles iraniennes, a visé la provenance des tirs de roquettes ainsi que des installations de renseignement, de logistique ou de stockage, a dit à des journalistes le lieutenant-colonel Jonathan Conricus. Pour autant, Israël a assuré ne pas chercher l’escalade avec la Syrie et l’Iran.
Ces événements interviennent dans un contexte de vives tensions israélo-iraniennes autour du théâtre syrien à la suite de plusieurs opérations attribuées à l’armée israélienne contre des intérêts iraniens en Syrie. Elles ont encore été avivées par les incertitudes autour de l’accord nucléaire conclu en 2015 par les grandes puissances avec l’Iran et dénoncé mardi soir par le président américain Donald Trump. Selon le porte-parole de l’armée, les roquettes ont été tirées peu après minuit heure locale (23 heures en France) par des hommes de la brigade iranienne al-Qods sur les premières lignes de l’armée israélienne sur le Golan.
« Nous savons que cela vient de la force al-Qods », a-t-il dit sans plus de précision. La brigade al-Qods est chargée des opérations extérieures des Gardiens de la révolution, l’armée d’élite du régime iranien. « L’armée israélienne considère cette attaque iranienne contre Israël avec une très grande sévérité », a-t-il dit.
« Aucun civil israélien n’a été menacé »
« Nous n’avons pas connaissance de blessés », a déclaré le porte-parole. Plusieurs positions israéliennes ont été visées, mais les dégâts sont limités, et aucun civil israélien n’a été menacé, a-t-il dit. « Il est demandé à la population de rester attentive aux instructions délivrées » par le commandement, a indiqué l’armée dans un communiqué séparé, précisant qu’aucune instruction particulière n’avait été donné en dehors de celles diffusées mardi soir. L’armée avait alors demandé aux autorités de rouvrir et de préparer les abris.
Israël se tenait prêt depuis des semaines à une possible attaque iranienne venue de Syrie, attendue sous la forme probable de tirs de missiles, en représailles à de récentes frappes attribuées à Israël en Syrie, dans lesquelles des Iraniens ont été tués.
Mardi soir, un dépôt d’armes iranien près de Damas a été la cible d’une frappe qui a tué 15 combattants pro-régime étrangers, dont huit Iraniens, selon une ONG, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). L’opération, la troisième du genre en un mois, a de nouveau été imputée à Israël par le régime syrien.
L’inquiétude d’une expansion iranienne
Avant cette opération et au moment où Donald Trump se préparait à annoncer le retrait des États-Unis de l’accord nucléaire, l’armée israélienne annonçait avoir repéré des activités iraniennes « inhabituelles » en Syrie et avoir placé ses forces en état d’alerte dans le Golan, face à l’éventualité d’une attaque iranienne. Le lieutenant-colonel Conricus a dit qu’il était trop tôt pour déterminer si les tirs de roquettes de la nuit constituaient la riposte iranienne.
Israël s’alarme de l’expansion iranienne dans la région et ne cesse de proclamer qu’il ne permettra pas à la République islamique de se servir de la Syrie comme tête de pont contre lui. Israël se considère aussi comme la cible désignée d’un Iran qui serait doté de l’arme nucléaire, et a mené de front ces dernières années les opérations militaires en Syrie et une campagne de tous les instants contre l’accord nucléaire.
Israël a annexé en 1981 la partie du Golan (1.200 kilomètres carrés) qu’il occupait depuis 1967 et la guerre des Six Jours. Cette annexion n’est pas reconnue par la communauté internationale, qui considère toujours le territoire comme syrien. Environ 510 kilomètres carrés restent sous contrôle syrien. Israël et la Syrie restent officiellement en état de guerre.
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