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Réflexions sur la défunte « Grande politique arabe de la France » gaulliste


Luc Michel

Jeudi 10 mai 2018

L’ACTUALITE QUI CONFIRME L’ANALYSE :
REFLEXIONS SUR LA DEFUNTE ‘GRANDE POLITIQUE ARABE DE LA FRANCE’ GAULLISTE

LM DAILY / 2018 05 10/

Spécialiste du Monde arabe, le journaliste René Naba (avec lequel nous ne fûmes pas toujours d’accord, sur Kadhafi notamment) consacre une intéressante analyse de l’abandon sous Sarkozy-Hollande-Macron de la « Grande politique arabe de la France » du général de Gaulle et de la Ve République (1). « Parenthèse de 40 ans » avant que les vieux démons du « parti américain » et du Lobby pro-israélien ne replacent Paris dans la double orbite de Washington et Tel-Aviv. Une rétrospective qui éclaire nos récentes analyses sur la sujet …

EXTRAIT :
« DE LA FRANCE ET DES ARABES »

* Voir sur le Webzine ‘Les 7 du Québec’ (8 mai 2018) :
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/syrie-bombardement-une-operation-de-diversion-de-lotan-qui-retentit-comme-une-manifestation-dimpuissance/

René Naba : « Rétrospectivement, de «l’expédition punitive de Suez» (Guy Mollet 1956), aux «mesures coercitives» de Jacques Chirac 2006 contre le Hezbollah libanais, la France paraît animée d’un prurit belligène à l‘égard des Arabes, éprouvant comme une sorte de jouissance incompressible à «casser de l‘Arabe», «à faire suer le burnous», selon l’expression consacrée. De Sétif (Algérie 1945), à Suez (Egypte 1956), à Sakiet Sidi Youssef (Maroc-1958), à Bizerte (Tunisie 1961), puis, après une parenthèse d’ouverture gaulliste de 44 ans, avec le retour des philosionistes assumés au pouvoir Nicolas Sarkozy, la Libye en 2011, François Hollande, Syrie-2012, enfin Emmanuel Macron Syrie 2018. Les réflexes coloniaux sont tenaces et vivaces.
Dans cette perspective, «la politique arabe de la France» que le «sang mêlé» Nicolas Sarkozy a cherché à déconstruire avec le soutien actif des transfuges atlantistes, -notamment Dominique Strauss Khan, le nouveau socialiste Directeur du Fonds Monétaire International, et, Bernard Kouchner, le belliciste ministre des Affaires étrangères, ancien urgentiste des zones pétrolifères (Biafra, Kurdistan, Darfour, Gabon et Birmanie) -, a surtout consisté pour les pays arabes à voler au secours de la France, à deux reprises, au cours du XX me siècle, pour l’aider à vaincre ses ennemis, notamment en 1939-1945, en l’aidant à se débarrasser du joug nazi dont une fraction importante de la communauté nationale de confession juive en a lourdement pâti.
En contrepoint et pour prix de la contribution arabe à la libération de l’Alsace-Lorraine, la France a amputé la Syrie du district d’Alexandrette pour le céder à la Turquie, son ennemi de la Première Guerre Mondiale (1914-1918), et carbonisé au napalm les habitants de Sétif, en Algérie, (1945), après la deuxième Guerre Mondiale (1939-1945) fournissant dans la foulée à Israël la technologie nucléaire du centre de Dimona (Neguev).
Sous l’apparence de grands sentiments, des desseins sournois, inavouables : Sceller une Union transméditerranéenne sur la base d’une division raciale du travail, «l’intelligence française et la main d’œuvre arabe», selon le schéma esquissé par Nicolas Sarkozy dans son discours de Tunis le 28 avril 2008, augurait mal de la viabilité d’un projet qui signait la permanence d’une posture raciste au sein de l’élite politico-médiatique française, une posture manifeste à travers les variations séculaires sur ce même thème opposant tantôt «la chair à canon» au «génie du commandement» forcément français lors de la première guerre Mondiale (1914-1918), tantôt «les idées» du génie français face au pétrole arabe» pour reprendre le slogan de la première crise pétrolière (1973): «Des idées, mais pas du pétrole».
Substituer de surcroît l’Iran à Israël comme le nouvel ennemi héréditaire des Arabes viserait à exonérer les Occidentaux de leur propre responsabilité dans la tragédie palestinienne, en banalisant la présence israélienne dans la zone au détriment du voisin millénaire des Arabes, l’Iran, dont le potentiel nucléaire est postérieur de soixante ans à la menace nucléaire israélienne et à la dépossession palestinienne. Dans cette perspective, la diplomatie nucléaire de Nicolas Sarkozy apparaît comme un leurre. Elle se présente comme une offre pour mineurs frappés d’incapacité, dont la capacité nucléaire sera maintenue ad vitam sous tutelle, dont l’objectif caché est d’éponger le surplus monétaire généré par les pétrodollars, de la même manière que les gros contrats d’armements des décennies 1980-1990 avaient ponctionné les trésoreries des pétromonarchies.
Sans mentionner les interventions du CRIF auprès des pouvoirs publics pour s’opposer à la nomination de figures prestigieuses de la diplomatie française à des postes de responsabilités gouvernementales sous la présidence Sarkozy, en l’occurrence Hubert Vedrine, jugé, non pas «pro-arabe», mais carrément «arabe», deux sites prestigieux de Paris sont dédiés à la Mémoire de l’ancien premier ministre israélien Itzhak Rabin assassiné par un militant de l’extrême droite israélienne:
La Place Fontenoy, face à l’UNESCO et les Jardins de Bercy et alors que le conseil municipal de Paris, sous le socialiste Bertrand Delanoé, a dédié à Théodore Herzl, le théoricien du sionisme, une place dans le Marais (3me arrondissement), et qu’en contrechamps, pas le moindre site est dédié à un dirigeant du tiers monde arabe, asiatique ou africain, pas même le co-Prix Nobel de la Paix de Rabin, Yasser Arafat, le dirigeant palestinien.
La plaque commémorative de Mehdi Ben Barka, dans le VI arrondissement de Paris, de même que la place dédiée à Mohamad V devant le parvis de l’Institut du Monde Arabe constituent au premier chef des actes de réparation de la France pour ses forfaits: la disparition du chef de l’opposition marocaine, en 1965 avec la complicité des services français et l’exil du Souverain Marocain durant le combat pour l’Indépendance du Maroc.
Sans la moindre protestation contre la colonisation rampante de Jérusalem et la Cisjordanie ni contre l’emprisonnement arbitraire de près dix mille Palestiniens, la France, fidèle à elle même, est demeurée mutique lors du carnage de Gaza, le 30 mars 2018, et le refus d’israël d’autoriser une enqûete indépendante sur ce massacre.
En contraste, la France s’est mobilisée pour la libération de M. Gilad Shalit, un bi national franco-israélien, capturé par les Palestiniens alors que ce caporal israélien servait dans une armée d’occupation dans un territoire occupé contre un pays ami de la France, tandis que, parallèlement, l’armée israélienne est autorisée, régulièrement, à lever des fonds dans les grandes villes de France «pour le bien être de l’armée israélienne»… »

(1) La France s’est longtemps enorgueillie d’avoir une grande politique arabe. Dès son accession au pouvoir en 1958, le Président Charles de Gaulle s’attache à redonner à la France une stature internationale indépendante. La reconquête de cette stature passe par trois étapes. Premièrement, l’acquisition de l’arme nucléaire et de vecteurs terrestres, sous-marins et aériens pour la mettre en œuvre. La France devient en 1960 la quatrième puissance nucléaire de l’histoire et ses avions Mirage IV comme ses missiles intercontinentaux du Plateau d’Albion font leur entrée sur l’échiquier stratégique de la Guerre Froide. Deuxièmement, l’indépendance politique et diplomatique par rapport à la logique des blocs Ouest-Est. Tout en affirmant à plusieurs reprises son attachement aux valeurs de l’Ouest, la France se désolidarise de l’OTAN qui doit quitter son territoire en 1967. Troisièmement, l’indépendance économique par la sécurisation des approvisionnements énergétiques stratégiques. Le développement important de l’économie et de l’industrie durant les Trente Glorieuses nécessite en effet de contre-balancer la perte des ressources naturelles de l’Algérie par une politique d’influence envers les pays à fortes réserves naturelles. Dans le monde musulman et arabe, l’Algérie étant hors de portée en raison du passif violent, ce fut l’avènement de la politique arabe de la France. Par son influence et sa diplomatie, la France entendait sécuriser ses approvisionnements énergétiques et minéraux, nécessaires à son industrie et à son positionnement stratégique mondial. La première conséquence visible de cette politique fut la décision par Charles de Gaulle de l’embargo sur les ventes d’armes à Israël.

# LE DOSSIER DES ANALYSES DE REFERENCE :

* LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
FRANCE 2008-2018 (III) : LA ‘FONDATION FRANCE-ISRAEL’. QUAND LE ‘SOFT POWER’ ISRAELIEN DUPLIQUE L’ENTRISME AMERICAIN EN FRANCE …
208
sur http://www.lucmichel.net/2018/04/24/luc-michels-geopolitical-daily-france-2008-2018-iii-la-fondation-france-israel-quand-le-soft-power-israelien-duplique-lentrisme-americain-e/

* LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
FRANCE 2008-2018 (IV) : LES CONSEQUENCES GEOPOLITIQUES DU RETOUR DE PARIS DANS L’ORBITE AMERICAINE
209
sur http://www.lucmichel.net/2018/04/26/luc-michels-geopolitical-daily-france-2008-2018-iv-les-consequences-geopolitiques-du-retour-de-paris-dans-lorbite-americaine/

* LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
LA FRANCE HORS JEU AU PROCHE-ORIENT (I) :
COMMENT PARIS S’EST ISOLEE EN SYRIE
174
sur http://www.lucmichel.net/2018/03/06/luc-michels-geopolitical-daily-la-france-hors-jeu-au-proche-orient-i-comment-paris-sest-isolee-en-syrie/

* LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
À QUEL JEU JOUE LA FRANCE EN SYRIE ? (VOICI PARIS QUI SERT D’INFANTERIE COLONIALE A WASHINGTON EN SYRIE II)
210
sur http://www.lucmichel.net/2018/04/30/luc-michels-geopolitical-daily-a-quel-jeu-joue-la-france-en-syrie-voici-paris-qui-sert-dinfanterie-coloniale-a-washington-en-syrie-ii/

* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie – Géoidéologie – Géohistoire –
Géopolitismes – Néoeurasisme – Néopanafricanisme
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