Une frappe contre la Syrie enterrera l’ONU (Poutine) .
septembre 12, 2013
12/09/2013
Une frappe éventuelle contre la Syrie peut engendrer une nouvelle vague de violence et faire déborder le conflit au-delà des frontières syriennes, écrit le président de Russie Vladimir Poutine dans une tribune du New York Times.
Vladimir Poutine s’est adressé en direct au peuple des Etats-Unis et aux hommes politiques américains ayant exposé la position russe sur la situation dans le monde et plus particulièrement autour de la Syrie. « Une attaque éventuelle de la Syrie par les Etats-Unis, malgré la ferme opposition de nombreux pays et de dirigeants politiques et religieux de premier plan, comme le pape, fera des victimes innocentes et provoquera une escalade, risquant d’étendre le conflit loin au-delà des frontières de la Syrie », estime le président russe. Utiliser la force sans le consentement du Conseil de sécurité de l’ONU est, selon lui, dangereuxparce que cette structure risquerait alors de répéter le sort de la Société des Nations qui s’est disloquée suite à l’absence des leviers réels permettant d’influer sur la situation internationale.
Le directeur de l’Institut de la planification stratégique, Alexandre Goussev, estime qu’aux Etats-Unis on commence à comprendre qu’une intervention militaire dans le conflit syrien est dénuée de perspectives, bien que certains responsables politiques américains n’en tiennent pas compte.
« Le comportement de l’élite politique des Etats-Unis est assez agressif. Les républicains poussent les démocrates, avec Barack Obama à leur tête, à faire adopter la notion de démocratie américaine en Syrie. La Russie, consciente de l’importance de régler le conflit par des moyens politiques, occupe une position logique et constructive sur la Syrie. Cela parce qu’aucun Etat au monde ne doit s’ingérer d’une manière agressive dans les affaires intérieures d’un autre Etat. »
Des experts font remarquer que l’initiative de la Russie sur le contrôle international des stocks d’armes chimiques en Syrie suscite un écho positif dans la société américaine et au sein de l’administration du président Obama qui ne brûlait pas d’envie de s’immiscer dans la guerre. Vladimir Poutine note dans son article que « personne ne remet en question le fait d’utilisation des agents toxiques en Syrie. Il y a cependant toutes les raisons de croire que cela a été fait non pas par l’armée syrienne, mais par les forces d’opposition, pour provoquer une intervention de leurs puissants soutiens étrangers, qui se seraient mis du même côté que les fondamentalistes. »
Le directeur de l’Institut des Etats-Unis et du Canada, Sergueï Rogov, est convaincu que le refus des Etats-Unis d’une intervention militaire et la conjugaison des efforts visant un règlement politique du conflit syrien non seulement permettront d’éviter de nouvelles victimes au Proche-Orient, mais aussi profiteront aux relations entre nos pays.
« Une occasion unique se présente de réaliser une percée et de résoudre le problème syrien par la voie politique. Cela changerait cardinalement les relations russo-américaines si nous parvenions, sous l’égide de l’ONU, à éliminer de concert l’utilisation de l’arme chimique en Syrie et à organiser ensuite son démantèlement. »
L’expert souligne que la Russie et les Etats-Unis ont de grandes chances de mettre au point une position commune. Le fait que le président russe s’adresse en direct à l’opinion publique américaine crée les conditions favorables pour trouver un compromis.