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Les martyrs du nucléaire iranien


Ali Hashem

Juste à côté du tombeau d’Imamzada Saleh, un fils du huitième imam de l’Islam chiite, se trouvent les tombes de deux des scientifiques nucléaires iraniens assassinés, Majid Shahriari et Daryush Rezainejad qui ont été tués dans des attaques dans Téhéran en 2010 et 2011.

 

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Un manifestant tient une photo d’un scientifique assassiné, Daryush Rezainejad qui était membre de l’Organisation de l’énergie atomique de l’Iran, lors d’une cérémonie pour marquer le 33e anniversaire de la Révolution islamique à Téhéran – Photo :Reuters – Raheb Homavandi

L’inhumation des scientifiques à l’intérieur des limites du tombeau a une signification symbolique, comme le fait de construire le site nucléaire de Fordow près de Qom, faisant de la question du programme nucléaire une véritable cause.

Face à la tombe, se trouvait un groupe de personnes lisant des prières, dont une femme en larmes, avec près d’elle une petite fille avec les mains posées sur la tombe. J’ai demandé à la femme, dans mon farsi approximatif, si elle était une parente du scientifique assassiné. À ma grande surprise, elle a fait non de la tête, puis m’a regardé comme si je l’avais insultée : « C’est l’un des héros de cette nation ; il a donné son sang pour que nous progressions et soyons parmi les nations les plus avancées dans le monde, » me dit-elle. « Lorsque je viens ici pour visiter la tombe d’Imamzadeh, je lui manifeste, comme le font tant d’autres, tout mon respect à lui et à ses frères. »

J’ai pensé que c’était une occasion d’interroger une Iranienne ordinaire sur ce qu’elle pensait des négociations sur le nucléaire iranien à Genève. « Notre gouvernement connaît la souffrance que nous subissons en raison des sanctions ; nous avons payé cher, et ces jeunes hommes ont payé de leur sang, » dit-elle, avant d’ajouter, « Ainsi nous n’allons faire aucune concession sur notre droit de disposer de la technologie nucléaire. Ce n’est pas le droit du gouvernement ni du régime, c’est celui de la nation iranienne. »

Tandis qu’elle me parlait, un jeune homme avec une tenue à la mode s’est approché, intervenant dans la conversation : « Je n’ai pas voté aux élections parce que Je ne crois pas du tout en ce système, mais quand il s’agit de la [question] nucléaire, je ne peux que soutenir les ambitions de mon pays, » dit-il. « Pourquoi peuvent-ils (l’Ouest) l’avoir et faire pression sur nous pour nous l’interdire ? Je n’en vois pas la raison. »

Le même jour, j’avais rendez-vous avec Siddika Salarian, la mère d’un autre scientifique assassiné, Mustapha Ahmadiroshan. Elle m’a reçu dans sa maison du nord de Téhéran. Les murs étaient couverts de photos du scientifique assassiné : une quand il avait 6 ans, une autre avec son fils Ali.

« Il était mon fils unique, » me dit-elle tout en contemplant une de ses photos. « Je suis une mère très fière. Mon fils est l’un de ceux qui ont donné leur vie pour l’Iran et pour son honneur, et c’est pourquoi aujourd’hui, moi et les autres familles des scientifiques martyrs, nous nous tenons fermement contre tout recul, pour quelque raison que ce soit. Nous avons perdu nos enfants pour une raison, pour une cause qui signifie beaucoup pour la grande majorité des Iraniens. »

Je lui demandais si elle avait quelque chose dire à l’occident, particulièrement avec le léger vent d’optimisme qui souffle autour des négociations. « Nous sommes une nation pacifique ; nous ne voulons pas de guerres. Nous avons été punis parce que nous voulons le progrès, » m’a-t-elle expliqué. « Ils ont pensé qu’ils pourraient empêcher notre jeune génération d’acquérir une meilleure technologie, mais ils ont échoué parce que nous avons une volonté qui ne peut être brisée. Nous ouvrons nos coeurs à toutes les nations pacifiques, excepté à « l’israël » qui possède les armes nucléaires que l’Imam Khamenei a ici prohibées. »

« J’ai un message également pour notre ministre des affaires étrangères, M. Mohammad Javad Zarif, » poursuit-elle : « Vous et votre équipe, avez avec vous les sacrifices de nos enfants. N’abandonnez pas, pour une raison quelconque, notre droit de disposer d’une technologie nucléaire pacifique. Aujourd’hui c’est une question vitale, et dans son intérêt nous avons donné ce que nous avons de plus précieux, le sang de nos enfants. »

* Ali Hashem est journaliste et commentateur. Il peut être suivi sur Twitter : @alihashem_tv

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