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Bras de fer annoncé au Conseil de sécurité autour d’un projet de sanctions contre Damas


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Depuis maintenant deux ans, le régime de Damas et les rebelles s’affrontent dans ce qui est devenu une guerre civile au bilan humain terrible. Deux ans de guerre sanglante en Syrie


Le Conseil de sécurité vote, mardi, un texte prévoyant une série de mesures visant le régime de Bachar Al-Assad. La Russie devrait mettre son veto.

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Un homme alité dans une clinique du village de Sarmin, le 17 mars 2015, après une attaque du régime de Damas. Une mission de l’ONU a conclu à l’emploi d’armes chimiques à cette occasion.
Le Conseil de sécurité de l’ONU devait se réunir mardi 28 février, sans grande illusion, pour se prononcer sur une résolution qui condamne l’usage d’armes chimiques en Syrie et sanctionne ceux qui les emploient. La Russie a déjà prévenu qu’elle y opposerait son septième veto depuis le début du conflit, en 2011. L’ambassadeur adjoint Vladimir Safronkov a jugé « insuffisantes » les preuves de la commission d’enquête. Les diplomates y voient surtout le signe que Moscou n’est toujours pas prêt « à lâcher Bachar Al-Assad malgré la phase militaire achevée », selon l’un d’eux.

Paris et Londres réclamaient des sanctions depuis que la commission d’enquête de l’ONU – que la Russie a contribué à créer – a formellement conclu, en octobre 2016, que l’armée syrienne avait répandu du gaz de chlore sur trois localités du nord de la Syrie (Tell Mannas, Qminas et Sarmin) en 2014 et 2015, et que l’organisation Etat islamique (EI) avait employé du gaz moutarde en août 2015.

Les négociations ont été retardées plusieurs fois au mois de décembre pour permettre l’entrée en vigueur sans accroc du cessez-le-feu en Syrie. La prise de fonction de l’administration Trump, en janvier, et les soupçons de connivence avec la Russie avaient ensuite semé le trouble sur les intentions réelles des Etats-Unis.
« Barbare »

Mais l’administration Trump et la Russie ont engagé sur le sujet leur première confrontation diplomatique, Washington ayant co-parrainé ce texte avec la France et le Royaume-Uni. Nikki Haley, l’ambassadrice américaine à l’ONU, a eu des mots très fermes à la sortie de consultations à huis clos, vendredi 24 février. « Combien de temps encore la Russie va-t-elle continuer à veiller sur le régime syrien et à lui trouver des excuses ?, s’est-elle interrogée. Des gens sont morts, étouffés. C’est barbare. » L’organisation Human Rights Watch avait publié mi-février un rapport établissant que du gaz de chlore avait été utilisé par les forces gouvernementales syriennes jusqu’à la fin 2016, lors de la reconquête d’Alep-Est – une opération militaire soutenue par Moscou.

Le projet de résolution, consulté par Le Monde, condamne les attaques chimiques menées par les forces armées syriennes et l’EI, et impose un gel des avoirs et une interdiction de voyager à onze officiels, dont le chef du renseignement de l’armée de l’air syrienne et le commandant des opérations aériennes dans les zones où ces attaques se sont produites. Le texte condamne aussi les activités de dix organismes, dont le Centre d’études et de recherches syrien (CERS) que les inspecteurs internationaux soupçonnent d’être chargé du programme chimique syrien. Le projet de résolution interdit aussi la vente, la fourniture ou le transfert à l’armée et au gouvernement syrien d’hélicoptères utilisés pour répandre le gaz de chlore sur les civils.

Lire aussi : Les efforts diplomatiques minés par les violences en Syrie
« Alors quoi ? »

Malgré la « charge morale » de cette résolution, le Conseil de sécurité devrait se montrer très divisé sur la question. « [S’il] est incapable de s’unir sur une question aussi vitale, littéralement vitale, que la prolifération et l’usage d’armes de destruction massive contre les populations civiles, alors quoi ? », s’est interrogé François Delattre, l’ambassadeur de la France aux Nations unies.

Outre le veto russe, la Chine entretient le mystère. Toutefois, ce vote est organisé deux semaines après l’assassinat au VX – un agent neurotoxique considéré par l’ONU comme arme de destruction massive – de Kim Jong-nam, le demi-frère du leader nord-coréen Kim Jong-un, à l’aéroport de Kuala Lumpur (Malaisie), et Pékin pourrait vouloir marquer symboliquement sa désapprobation.

Le Kazakhstan, l’Ethiopie et l’Egypte, trois membres non permanents du Conseil de sécurité, pourraient voter négativement. « C’est la preuve que la Syrie, ce n’est pas [un sujet] consensuel », s’exaspère une diplomate.

Lire aussi : Syrie : de nombreux corps de rebelles découverts dans des fosses communes

Marie Bourreau (New York, Nations unies, correspondante)
Journaliste au Monde

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/syrie/article/2017/02/28/bras-de-fer-annonce-au-conseil-de-securite-autour-d-un-projet-de-sanctions-contre-damas_5086543_1618247.html#hpq7WL2jLjzjr0UF.99

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