Le périple du «Jihad» tunisien vers la Syrie!
mars 22, 2013
TUNISIE
Vendredi, 22 mars 2013
En effet, les Tunisiens évaluent le nombre des «jihadistes» étrangers en Syrie à 40% de Tunisiens, dont, plus de deux tiers, combattant dans les rangs du front Al-Nosra. Un certain nombre des proches de ces derniers ont manifesté, appelant les autorités tunisiennes à rapatrier leurs fils, au moment où le dirigeant du mouvement «Annahda», Rached Ghannouchi, a profité de la protestation populaire pour nier toute responsabilité de son mouvement dans ce phénomène.
Pour sa part, le président Monsef Marzouki, a réduit l’ampleur de la question, sous prétexte du nombre réduit de ces combattants, alors que des membres du Conseil constitutif ont appelé les autorités à révéler l’identité des parties qui envoient des jeunes tunisiens en Syrie.
La presse tunisienne a publié des informations sur la dimension du phénomène précité et ses détails. Ces informations font état d’une expansion effrayante des mouvements «jihadistes», instruments dans une guerre féroce. Le plus important est que des mains étrangères manipulent ces mouvements. Selon le point de vue tunisien, c’est le Qatar qui en assume la responsabilité.
Le journal tunisien «Al-Chourouk» avait publié un article le 12 mars, citant l’agence de presse «Asie», comprenant les noms et les photos de dizaines de victimes tunisiennes, leurs régions d’origine et les dates et lieux de leur mort en Syrie.
La majorité des «jihadistes» étaient originaires de la ville Ben Kerdane, située dans le sud de Tunisie. Cette région limitrophe des frontières tunisiennes-libyennes est la plus grande source des «jihadistes» tunisiens en Syrie. En effet, l’ancien leader d’Al-Qaïda en Irak, Abou Mosaab Zarkaoui, avait dit que «si la ville Ben Kerdane était adjacente à Fallouja, l’Irak aurait été libéré».
Selon Al-Chourouk, le Qatar fournit les fonds à des «associations» tunisiennes non-gouvernementales, pour recruter des «jihadistes» et les envoyer en Syrie. Ces réseaux obtiennent une commission de 3000 mille dollars pour chaque jeune tunisien recruté.
Dans les détails, le «médiateur» tunisien isole ces jeunes recrutés dans des camps situés dans une zone désertique entre la Lybie, la Tunisie et l’Algérie. Ils sont ensuite transportés en Turquie où d’autres organisations les accueillent en vue de les introduire en Syrie, après avoir reçu de rapides entrainements. Un fait qui facilite plus tard leur arrestation ou leur liquidation.
Des sources ont précisé au quotidien Assafir, que les groupes des «jihadistes» ont installé des camps d’entrainement dans la région libyenne Ghadamès, à 70 Km des frontières tunisiennes. Les jeunes recrutés y sont entrainés et puis transportés à Zawiya, où ils s’entrainent de nouveau, durant 20 jours.
Ils se dirigent en fin de compte au port de Bourayka, pour voyager en Istanbul et puis aux frontières syriennes, où ils sont livrés à l’Armée syrienne libre et au front Al-Nosra.
D’après l’enquête, le Liban serait une des destinations des «jihadistes» tunisiens. Si ces derniers choisissent de rejoindre l’ASL, à Alep ou dans les villes du nord, ils passent via la Turquie. Et s’ils voulaient aller à Damas et à son voisinage, ils se dirigent vers le Liban.
Si le Qatar était le premier accusé dans l’affaire, les sources de financement de ces mouvements sont toujours objet de controverse. Les sources précisent que la réticence des autorités quant à ces informations pourrait découler de l’implication de certains dirigeants du gouvernement tunisien dans le financement et la facilitation de l’envoi des jeunes tunisiens pour le «jihad» au Mali et en Syrie.
Le journal Al-Chourouk avait divulgué que «certains membres du Conseil constitutif, sont en rapport direct avec ces associations et au courant de leurs activités», promettant de publier, prochainement, les détails de l’implication des responsables.
Pourtant, ces associations, ou même leurs dirigeants, n’ont guère le pouvoir de s’imposer sur ces jeunes, lesquels agissent délibérément. Un fait qui met en exergue l’ampleur de la polarisation dans la rue tunisienne.
Avant la révolution du 14 Janvier, plusieurs organisations avaient mis en garde contre des cellules «jihadistes» passives, lesquelles recrutent les jeunes tunisiens en chômage en vue de les utiliser dans des activités de «jihad». Ces jeunes sont mobilisés par les prêches prononcés dans les mosquées et durant des réunions privées.
Dans le même contexte, la sœur de Ahmad Tohami, un des jeunes tunisiens portés disparus en Syrie, a indiqué à Assafir, qu’après la révolution, son frère fréquentait une des mosquées de la ville de Soussa avant d’informer ses proches qu’il projetait d’aller en Lybie pour trouver du travail dans le domaine de la construction. «Puis, nous n’avons plus reçu aucune information le concernant, jusqu’à ce que la chaine télévisée Al-Dunia, ait diffusé son témoignage sur son infiltration en Syrie, via les frontières turques».
Les familles des «jihadistes» réclament aux organisations humanitaires, de soutenir leur cause, celle de récupérer leurs fils.
La responsable de la ligue tunisienne pour les droits de l’homme, affirme à Assafir, que rapatrier les jeunes tunisiens était une opération compliquée et quasi impossible, pour la société civile et même pour les autorités, notamment à la suite de la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays.
La responsable a estimé que les autorités tunisiennes étaient en mesure de lutter contre le phénomène, par le renforcement de la surveillance des frontières et le lancement d’une enquête sérieuse pour révéler l’identité de ceux qui impliquent les jeunes tunisiens dans les actes terroristes.
Il convient de noter qu’un certain nombre de ceux qui sont allés en Syrie, avaient combattu contre le régime de Kadhafi en Lybie.
Les médias tunisiens et les analystes conviennent que les jeunes recrutés ne sont point des mercenaires, mais oeuvrent en faveur de convictions inculquées par les extrémistes de leur pays.
D’ailleurs, le climat prévalant en Tunisie de la post-révolution, encourage la propagation de ce phénomène, à l’ombre du laxisme et l’indulgence, manifestés par le mouvement au pouvoir, Annahda, à l’égard des courants salafistes.
En effet, l’asile politique accordé au Jordanien Abi Katada, lequel avait émis les fatwas du meurtre des femmes et des enfants en Algérie, sous prétexte de ne vouloir soutenir les «jihadistes» dans le pays d’un million de martyrs, est la meilleure preuve sur la complaisance du gouvernement tunisien.
Des opposants estiment, en outre, que l’attitude des autorités tunisiennes, résulte du besoin d’Annahda des voix du courant salafiste durant les prochaines législatives.
Source : Assafir
http://www.assafir.com