Armement de l’opposition syrienne – Le Qatar et l’Arabie Saoudite préparent le terrain.
mars 1, 2012
Par Hassan Moali – El Watan
Les Etats-Unis et les autres pays occidentaux semblent avoir « délégué » la gestion de la propagande diplomatique contre le régime syrien à leurs « hommes de main » au Golfe.
Et dans ce jeu de rôles, le Premier ministre du Qatar, Hamed Ben Jassem Al Thani, apparaît comme le chef d’orchestre d’une campagne pour une solution miliaire au conflit. Profitant d’une visite officielle au Norvège, il s’est expressément dit favorable à des livraisons d’armes à l’opposition syrienne en lutte contre le régime du président Bachar Al Assad. « Nous devrions faire tout ce qui est nécessaire pour les aider (les opposants, ndlr), y compris leur fournir des armes pour qu’ils puissent se défendre. » Hamed Ben Jassem Al Thani constate que « ce soulèvement a maintenant un an. Pendant dix mois, il était pacifique : personne ne portait d’armes, personne ne faisait quoi que ce soit (de violent). Et Bachar a continué à les tuer ». Et d’ajouter : « J’estime par conséquent qu’ils ont raison de se défendre avec des armes et je pense qu’on devrait aider ces gens avec tous les moyens nécessaires. » Le Premier ministre du Qatar renvoie ainsi l’écho au chef de la diplomatie saoudienne, Saoud Al Fayçal, qui avait estimé, vendredi dernier, que la solution à la crise syrienne était un transfert du pouvoir « de gré ou de force ».
Un duo d’enfer pour la « bonne » cause
Saoud Al Fayçal, qui s’exprimait lors de la conférence internationale des « Amis de la Syrie » à Tunis, est allé jusqu’à comparer le pouvoir du président Bachar Al Assad à un « régime d’occupation ». Son gouvernement est allé, hier, dans le même sens en stigmatisant l’attitude « défaillante » de certains pays (la Russie et la Chine) qui bloquent les efforts déployés au plan international pour un règlement de la crise syrienne. « Les parties internationales, qui entravent l’action internationale (sur la Syrie) assument la responsabilité morale du cours des événements dans ce pays, surtout si elles persistent dans leur attitude défaillante qui ignore les intérêts » des Syriens, a affirmé le Conseil des ministres dans un communiqué. Dans son communiqué publié au terme de sa réunion hebdomadaire sous la présidence du roi Abdallah, le gouvernement s’engage à « adhérer à toute action internationale conduisant à une solution urgente, globale et effective en vue d’assurer la protection du peuple syrien ». En clair, le Qatar et l’Arabie Saoudite sont désormais sur le pied de guerre. Sous leur houlette, les quatre monarchies du Golfe avaient annoncé, le 7 février, avoir retiré leurs ambassadeurs de Damas et expulsé les ambassadeurs syriens pour dénoncer le « massacre collectif » commis par le régime.
Le sale boulot pour les Arabes
Assistons-nous donc à la réécriture du scénario libyen par les mêmes « scripts » du Golfe ? Sans doute, à cette nuance que cette fois, les grandes puissances qui furent à la pointe des combats contre El Gueddafi ne veulent visiblement pas trop se mouiller, en attendant qu’on fasse appel à elles. Le fait est que Mme Clinton a déclaré que l’armement de l’opposition syrienne n’était pas une bonne solution en ce qu’elle risque de provoquer une guerre civile. Une crainte légitime – même si elle sort de la bouche d’un responsable américain – quand on voit ce qui se passe maintenant en Libye.
Mais ce duo d’enfer va-t-en guerre , le Qatar et l’Arabie Saoudite, est loin d’être dicté par le seul souci de sauver le peuple syrien. Il n’est pas à écarter que l’agitation de ce binôme soit liée à un agenda américain, en tout cas occidental, qui vise une reconfiguration de la région qui ferait les affaires de ces pétromonarchies. Mais les USA souhaitent que les premiers coups viennent d’abord des « frères » arabes pour crédibiliser un éventuel passage à l’acte.