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Quand El Assad redevient fréquentable, l’Elysée en perd son français


AFRIQUE ASIE

Quand El Assad redevient fréquentable, l’Elysée en perd son français

Kharroubi Habib
18/03/15

En déclarant que les Etats-Unis devront négocier avec le président syrien Bachar El Assad pour mettre fin au conflit qui vient d’entrer dans sa cinquième année, le secrétaire d’Etat américain John Kerry a dû être qualifié de tous les noms « d’oiseaux » possibles dans les capitales occidentales et régionales ayant fait du renversement du président syrien et de son régime des préalables non négociables. Leur silence sur sa déclaration est révélateur de la confusion qu’elle a semée dans leurs lieux de pouvoir.

Ce retournement annoncé par John Kerry, il ne fallait pourtant pas être dans les secrets de la Maison Blanche pour entrevoir qu’il se dessinait. L’Amérique s’y est résolue par petites touches que les diplomates des pays concernés ne pouvaient pas ne pas prendre en considération. Celle qui a consisté pour Washington à donner à la négociation sur le nucléaire iranien une tournure bilatérale a été la plus éclairante. Il a été clair en effet que ce faisant Washington et Téhéran, l’allié régional et agissant du régime syrien, n’étaient plus dans une négociation portant uniquement sur le dossier du nucléaire iranien mais sur l’ensemble de ceux sur lesquels leurs pays sont en désaccord.

Il y a plus de deux années déjà et alors que les relations américano-iraniennes étaient si tendues que cela faisait entrevoir l’engrenage d’un conflit ouvert entre les deux pays, nous écrivions alors à contre-courant de l’opinion générale que les Etats-Unis n’iront pas à une guerre avec l’Iran mais sont résolus à trouver un accord global avec cet Etat. C’est ce à quoi John Kerry et son homologue iranien consacrent les entretiens qu’ils ont à travers les réunions bilatérales intensifiées qu’ils tiennent ici et là, avec un agenda dont hormis la question du nucléaire ils taisent les autres qu’il englobe.

Il est admis par tous les observateurs qu’un arrangement est en passe de se conclure sur le dossier du nucléaire iranien. Téhéran a probablement consenti à céder sur ce problème mais obtenu des contreparties sur d’autres dont celui du conflit syrien. Les Américains y ont d’autant convenu que la chute du régime d’El Assad n’est plus leur priorité dans ce Moyen-Orient qu’ils ont plongé dans le chaos et dans lequel ils sont désormais confrontés à un ennemi, le djihado-terrorisme, qui menace autrement plus sérieusement leurs intérêts géopolitiques et économiques dans la région que ne le fait le régime syrien. Un ennemi dont l’adversaire le plus déterminé dans la région n’est autre que l’Iran.

La dangerosité de l’Etat islamique a incontestablement favorisé le rapprochement américano-iranien et pour le consolider, les deux Etats se sont fait de mutuelles concessions. Pour l’Iran qui veut consolider son statut de puissance régionale, le maintien du régime syrien est un dossier sur lequel il reste intransigeant surtout en ayant reculé sur celui de son nucléaire. Paris, Ankara et Ryadh qui sont parmi les plus acharnés à faire tomber le régime d’El Assad sont les capitales où l’on ne sait plus sur quel pied danser depuis la déclaration de John Kerry qui en l’occurrence leur a administré la leçon que les Etats-Unis n’ont pas d’amis mais des intérêts. Quant à l’opposition syrienne, elle a eu droit, elle, à celle du cynisme se voilant sous l’impératif du pragmatisme.

Le Quotidien d’Oran

http://www.lequotidien-oran.com/?news=5211039

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