Les morts arabes ne comptent pas
mars 5, 2018
France-Irak Actualité : actualités sur l’Irak, le Proche-Orient, du Golfe à l’Atlantique
Analyses, informations et revue de presse sur la situation en Irak, au Proche-Orient, du Golfe à l’Atlantique. Traduction d’articles parus dans la presse arabe ou anglo-saxonne, enquêtes et informations exclusives.
Publié par Gilles Munier sur 5 Mars 2018, 12:18pm
Catégories : #Turquie, #Irak, #Syrie, #Libye, #Palestine, #Israël, #Etats-Unis, #Terrorisme, #EI
Par Ihsan Aktas (revue de presse : Daily Sabah, quotidien turc – 24/2/2018)*
Aujourd’hui, la plus grande injustice commise sur terre est celle commise contre les Arabes. Bien que nous soyons accoutumés à l’explosion de guerre et guerres civiles dans cette région, il est nécessaire de voir plus loin, à savoir la mort progressive du peuple arabe.
Derrière la flamboyance des tours de Dubaï et la richesse de l’Arabie saoudite, il meurt tous les jours des centaines de personnes dans le monde arabe. Guerres et guerres civiles y sont devenues des occurrences ordinaires à tel point que les statistiques ne rapportent plus les Arabes morts.
Immédiatement après l’arraisonnement du Mavi Marmara et de sept bâtiments civils, transportant des militants de 50 pays pour briser le blocus maritime de la bande de Gaza, les commandos israéliens tuèrent sept civils turcs tandis que la plupart des dirigeants de la Foundation for Human Rights and Freedom and Humanitarian Relief (IHH) furent fait prisonniers sur les bâtiments. Si ceux qui succombèrent aux tirs des soldats israéliens avaient été des Arabes, je pense, qu’Israël aurait échappé à ces crimes. Mais, les victimes étaient turques défendues par leur Etat. Cela fut un constat tragique de la condition désespérée des Arabes.
Comme lors les raids sanglants des camps de civils palestiniens par le meurtrier qu’était le Premier ministre Ariel Sharon connu, au Liban, aussi sous le surnom de « Boucher de Beyrouth » lors de l’invasion de ce pays, en 1982, alors qu’il était ministre de la Défense, qui fit 20 000 morts, cette seule année, la vie des Arabes ne pèse pas lourd pour les dirigeants des grandes puissances.
Voici une liste partielle des incidents qui font l’histoire où des Arabes sont morts :
la guerre civile du Liban a duré de 1975 à 1990 avec 120 000 morts selon les estimations.
La guerre Iran-Irak a duré de 1980 à 1988.
Occupations de l’Afghanistan débouchant sur une guerre civile
La guerre du Golfe suivie de la guerre en Irak pour laquelle l’administration néo-conservatrice du président US G.W. Bush prit prétexte des attentats du 11 septembre pour envahir et occuper l’Irak et l’Afghanistan au nom de la guerre contre le terrorisme.
La mort d’un million de personnes en Irak, depuis l’invasion américaine, a condamné ce pays au chaos et à l’instabilité.
Sans réaction des pays occidentaux, Israël a continué à tuer des civils palestiniens.
La guerre civile au Yémen, attisée par la compétition entre l’Iran et l’Arabie saoudite, a conduit à la perte de vies humaines innombrables et à sa destruction.
Enfin, le Printemps arabe, digne révolution contre les dictatures, est devenu peu à peu un cauchemar avec un coup d’Etat en Egypte, la division de la Libye en trois parties, la Syrie, piégée par une guerre civile dévastatrice.
Alors que l’opération militaire de la Turquie à Afrin contre les forces des Unités de Protection du Peuple (YPG) du Parti de l’Union Démocratique (PYD) – organisations affiliées au groupe terroriste PKK – a été critiquée par les puissances occidentales les actes des YPG comme affaiblissant la lutte contre Daech, les Nations unies semblent indifférentes à l’offensive syrienne dans l’est de la Gouta qui ont fait 403 morts civils. La guerre du régime syrien contre ces derniers ne figure pas à l’agenda politique prioritaire du monde.
En citant Mahmoud Darwich, poète palestinien « Nous aimons et notre amour ne gagne pas », nous pourrions dire : « Les Arabes meurent et personne n’y gagne ».
Source (version originale) : The death of Arabs (Daily Sabah)
Traduction et Synthèse : Xavière Jardez
Nota : Cet article a suscité un certain nombre de réactions auxquelles Ihsan Aktas a répondu le 2 mars : In pursuit of justice
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