Il y a un projet de démembrement du Monde Arabe par Gilles Munier
janvier 5, 2012
La Syrie ou le Stalingrad de la nation arabe
Cet article répond aux lecteurs de Business News qui m’ont demandé de produire une analyse et un pronostic quant à la situation actuelle en Syrie.
Le cas de la Libye du colonel Kadhafi
Si le Colonel Kadhafi a fait preuve d’un courage historique en confrontant ouvertement les injustices colonialo-sionistes dont a fait l’objet la Nation Arabe pendant ses 43 ans de règne, il est toutefois demeuré pendant ces décennies de lutte Nationaliste comme un leader plutôt isolé du reste du monde. Certes, Mouammar Kadhafi jouissait d’une popularité certaine au sein de la Tripolitaine et du reste des pays Africains mais cela ne représentait pas un support politique et surtout militaire notable.
Il y avait aussi cette complicité idéologique d’anti-impérialisme avec des pays eux-mêmes fortement critiqués par l’occident, comme le Venezuela de Chavez et Cuba de Fidel Castro, mais cela n’en rajoutait que plus à sa marginalisation dans le monde. Et l’une des plus grandes injustices dont a fait l’objet la Libye du Colonel Kadhafi, est l’affaire de l’attentat de Lockerbie lorsque le 21 Décembre 1988, un avion de la Pan Am s’écrasa en Ecosse suite à l’explosion d’une bombe à son bord causant la mort de 259 personnes.
Tous les services secrets du monde y compris les nôtres mais surtout la CIA, s’accordent à reconnaitre que cet attentat a été commis par des agents des gardiens de la révolution islamique Iraniens pour venger les morts de l’airbus Iranien de l’Iran Air 655, abattu par erreur en Juillet 1987 par un missile guidé de la frégate Américaine USS Vincennes que ses radars identifièrent comme étant un F14 Tomcat. Et si le colonel Kadhafi a accepté d’indemniser les victimes sans toutefois admettre la responsabilité de cet attentat, c’est pour abréger des années d’embargo qui n’ont eu pour effet principal que la souffrance du peuple Libyen.
Bien évidemment, si un traitre immonde nommé Abdel Jelil a déclaré le 22 Février 2011 au journal Suédois » Expressen » que Mouammar Kadhafi lui-même avait ordonné cet attentat, c’était dans l’unique but d’attirer d’avantages les foudres du ciel sur le leader Kadhafi déjà sous attaque. Les islamistes sont lâches en plus d’être maitres en l’art de la traitrise car leur endoctrinement religieux en fait des êtres déterminés certes, mais aussi manipulateurs, volatiles, hystériques, et globalement faibles (voir mes articles sur les interrogatoires des islamistes responsables de crimes au Ministère de l’Intérieur Tunisien)
La relation qui a existé entre la Russie et la Libye de Kadhafi est ambiguë car depuis l’effondrement de l’URSS, la Russie elle-même à l’épreuve économiquement, n’est plus un obstacle de taille face à l’hégémonie Américaine. Moscou a grandement besoin d’une coopération économique avec les Etats Unis et le monde pour survivre et ne voudrait pas retourner elle-même à un isolement de type guerre froide. Et même si les systèmes de défense anti aériens Russes qui équipaient la Libye étaient de type moderne et intégrés, comprenant même des câbles de transmission à fibres optiques, l’on se demande aujourd’hui si ceux-ci provenaient des sociétés d’armement Russes préférées du Kremlin.
Le simple scénario d’embourbement en Syrie
Le cas de la Syrie diffère grandement de celui de la Libye et la Syrie pourrait être ce retour de manivelle des révolutions Arabes que je mentionne depuis des mois. En effet, la Syrie dispose d’alliés de taille. Il y a d’abord cette relation robuste avec la Russie qui remonte aux années de Hafez El Assad, sachant que ce Président a lui-même a été formé très tôt par l’armée de l’air Soviétique. La coopération militaire entre la Syrie et la Russie est une longue tradition de formation technique et de fourniture en armes.
Si l’ONU venait à exiger une résolution votant l’utilisation d’une force militaire contre le régime de Bashar Al Assad, elle se heurterait immédiatement à un veto de la Russie et de la Chine. Ces pays n’ont en effet nullement l’intention de réitérer l’erreur qu’ils firent dans le cas de la Libye, ou une résolution votant la création d’une zone d’exclusion aérienne protégeant les populations civiles, s’avéra être la force militaire illégale nécessaire à la destruction des infrastructures de ce pays et à l’assassinat de son chef d’état. La Syrie dispose aussi d’alliés non moins imposants comme le Hezbollah et ses millions d’hommes, mais aussi l’Iran.
Aujourd’hui, les révolutions Arabes sont clairement en perte de vitesse car dévoilées comme un complot de l’axe du mal Washington-Qatar visant à affaiblir les Nations Arabes face à un Israël grandement isolé. Le gouvernement Syrien n’est pas sans ignorer les déclarations du Washington Post ayant comme sources des fuites du Pentagone et faisant état d’une infiltration des islamistes Syriens par la CIA depuis les années 2006. En fait une des chaines islamiste Syrienne obtiendrait son financement directement d’agents Syriens de la CIA.
Sans une intervention de l’OTAN, les révolutionnaires Syriens ne peuvent gagner. Et si les révolutionnaires Syriens évoluent maintenant vers une lutte armée, cela les affaiblis d’avantage politiquement, et légalise et justifie d’autant plus la répression armée de Bashar El Assad.
La réponse armée et violente du régime Syrien est d’autant plus justifiée que la Syrie vie dans un état de guerre froide avec Israël depuis des décennies. Un affaiblissement par une révolution met théoriquement en danger la Nation Syrienne face à Israël qui jouit d’une supériorité technologique militaire considérable. Il y a moins d’une année, un char Syrien qui aurait infiltré accidentellement le territoire Israélien aurait été anéanti de façon spectaculaire en l’espace de quelques secondes par un nouveau missile anti tank portable Israélien qui dépasserait technologiquement le missile FGM-148 Javelin du Pentagone.
La révolution en Syrie passera surement par une période de stagnation ou la violence sera quasiment quotidienne sans perdants ni gagnants. Le régime Syrien de Bashar El Assad est engagé dans une guerre d’attrition et le temps joue toutefois pour lui. La révolution en Algérie a été un fiasco total même si une jeune personne s’est immolée en Décembre 2011 dans une tentative de recréer la tragédie de la révolution Tunisienne. Les Algériens sont endurcis par une guerre civile sanglante et leur lucidité et leur souffrance en ont fait un peuple qui parera à ce complot des révolutions Arabes.
Et donc, si le momentum de ces révolution Arabes s’affaiblit dans d’autres pays comme l’Egypte ou la Tunisie, cela sera a l’avantage de Bashar El Assad. L’effet du mouton de panurge a été essentiel dans la diffusion de ces révolutions destructrices. En fait, l’évolution de la situation en Egypte, prête à croire que ce retour de manivelle a même commencé dans ce pays ou la junte militaire ne semble pas vouloir réellement céder aux exigences de la rue. La reprise des émissions de la chaine Al Jamahiriya à travers le satellite Egyptien Nilesat et diffusant des discours du guide Libyen Kadhafi, pourrait être une tentative des militaires Egyptiens d’affaiblir la révolution Libyenne et de même créer une contre révolution en Libye.
Quant au cas de la Tunisie et même si notre pays a suivi la feuille de route des élections imposée par l’armée Nationale elle-même sous le joug du gouvernement Américain, le résultat morbide n’est qu’un gouvernement islamiste intellectuellement inapte à gouverner une Tunisie dont l’économie est agonisante. Le gouvernement Tunisien actuel n’a aucune chance de perdurer dans le temps et fera face tôt ou tard à un assaut Nationaliste. J’ai toujours dit dans mes articles que » la ou la main de la CIA passe, les Nations trépassent « .
Cela est vérifié historiquement depuis la seconde guerre mondiale et la Tunisie ne sera pas une exception. Et si le peuple Tunisien dans son ensemble est tombé rapidement dans le piège des révolutions Arabes, se liguant contre Ben Ali vers un effondrement fatal de la Tunisie, Bashar El Assad dispose d’une Elite Alaouite moderne et intelligente qui s’est resserrée autour de lui et qui ne changera guère de camp.
Comme je l’ai souvent mentionné, même l’élite de l’opposition laïque qui a fait la révolution en Tunisie est intellectuellement faible car elle n’a pas pu prévoir intelligemment les conséquences de la chute de Ben Ali qui mènerait inévitablement a la prise de pouvoir irrévocable des islamistes en Tunisie. Que reste-t-il pour sauver l’honneur à ces opposants à Ben Ali qui criaient victoire sur l’avenue Bourguiba le 14 Janvier 2011 a part procéder a un suicide collectif. Pourront -ils oublier que leurs années d’opposition ignorante et sotte a Ben Ali enrichie d’appels à la France pour intervenir dans notre pays qui était souverain, ont contribué à la déchéance de cette Nation fruit d’un siècle de lutte et de dur labeur ?
Je pense qu’en combattant la révolution de façon constante et sans s’essouffler, et devant un effondrement imminent de la gloire injustement attribuée aux révolutions Arabes, le régime de Bashar El Assad a toutes les chances de s’en sortir victorieux face à ce complot machiavélique.
Le temps est en faveur de ce leader acculé au mur et qui joue la vie de la Nation Syrienne ainsi que sa propre vie et celle de sa famille. Le régime Syrien n’en est pas à sa première insurrection ayant comme épicentre la ville de Homs.
Je dis souvent que la mort de Kadhafi est l’agonie des révolutions Arabes et il ne fait pas que doute que Bashar El Assad parce qu’il veut s’éviter une mort tragique comme celle du martyr Kadhafi, est un homme très dangereux et qui pas n’a pas grand-chose à perdre.
Les scénarios graves : Guerre Qatari-Syrienne, globalisation et attaque de la Tunisie
Il s’agit du scénario le plus grave de ces révolutions Arabes. Devant le succès remporté par la coopération Qatari avec les révolutionnaires Libyens et ayant mené à l’effondrement du régime de Kadhafi, les forces armées de l’émir El Thani seraient en préparation pour une offensive de grande envergure contre les forces de Bashar Al Assad.
Il s’agit de la création d’une véritable brigade islamique armée et fortement mobile qui comprend les éléments les plus endurcis d’Al Qaeda. Cette brigade forte de 2500 hommes compte 1000 hommes de la Brigade Islamique Armée libyenne, et 1000 hommes recrutés chez Ansari Al Sunna, cette division Irakienne d’Al Qaeda responsable entre autres de 15 attaques par voitures piégées Jeudi dernier en Irak faisant environ 72 morts. Ces hommes ont été récemment aéroportés par les avions Hercules du Qatar.
Il s’agirait d’un pont aérien entre la Libye et la ville de Antakya dans la province de Hatay au Sud de la Turquie. Ces hommes subiront un entrainement intensif sous les directives de l’armée Turque, avant d’infiltrer les frontières de la Syrie pour rejoindre les forces armées Syriennes libres, totalisant alors 20000 hommes. Le chef de cette brigade islamique mobile n’est autre que Abdel Hakim Belhadj, vétéran de l’Afghanistan et responsable de l’assaut final sur Tripoli mené après un déluge de bombes téléguidées des avions de l’OTAN.
Cet homme aura pour lieutenants Al-Mahdi Hatari ancien chef de la brigade Tripoli et son fidèle associé Kikli Adem. Les premières attaques de cette force mobile islamique auront pour objectifs Idlib, Homs et Jabal al-Zawiya, lieus des principaux combats entre forces de Bashar El Assad et l’armée Syrienne libre. Par ailleurs, les forces Alaouites de Bashar El Assad auraient entrepris la construction d’une forteresse sur les hauteurs des montagnes d’Al-Ansariyyah qui servira de quartier général a Bashar El Assad. Cet immense quartier général sur des montagnes densément boisées comprendrait des immenses tunnels traversant cette zone d’environ 20 kilomètres de long.
Il s’agit certainement de l’aspect le plus grave de ces révolutions Arabes car le conflit en Syrie pourrait prendre une tournure globale dangereuse si la Russie décidait d’intervenir militairement pour aider son allié Syrien. Dans ce cas, un engagement militaire des forces de l’OTAN devant une armée Syrienne libre écrasée, signifierait un duel potentiel entre deux puissances nucléaires.
L’autre aspect inquiétant de la création de cette brigade islamique mobile et le rôle qu’elle pourrait jouer en Tunisie. Notre pays est en effet vu comme une Nation affaiblie militairement et économiquement, et le scenario d’une attaque salafiste qui instaurerait rapidement la Charia en Tunisie n’est pas à exclure. Celle-ci bénéficierait bien sûr du support des salafistes Algériens mais aussi des salafistes Tunisiens tapis dans l’ombre dans des villes comme Hammam Lif et armés grâce au trafic incessant de fusils d’assaut légers qui a débuté le 14 Janvier 2011. Et dans ce cas, le scenario cauchemaresque que j’ai décrit dans ma lettre du 25 Janvier 2011 adressée au général Rachid Ammar se réaliserait.
F.M. alias John Wayne
Ancien Fonctionnaire aux Ministères des Affaires Etrangères et de l’Intérieur Tunisiens
(Avril 1990 au 11 Janvier 2011) in Business News