Uri Avnery, mort d’un pionnier du pacifisme en Israël
août 21, 2018
France-Irak Actualité : actualités sur l’Irak, le Proche-Orient, du Golfe à l’Atlantique
Analyses, informations et revue de presse sur la situation en Irak, au Proche-Orient, du Golfe à l’Atlantique. Traduction d’articles parus dans la presse arabe ou anglo-saxonne, enquêtes et informations exclusives.
Publié par Gilles Munier sur 20 Août 2018,
Catégories : #Palestine, #Sionisme, #Gaza
Revue de presse: Courrier international (20/8/18)*
Militant pour la paix, éditeur de presse, député, Uri Avnery fut une personnalité à part de la vie publique israélienne durant des décennies.
Ce lundi 20 août, la presse israélienne annonçait le décès d’Uri Avnery, vétéran du mouvement pacifiste israélien, à l’âge de 94 ans. Dire qu’il fut une personnalité clivante relève de l’euphémisme, quand l’on sait le nombre d’attentats dont il avait chaque fois réchappé et les polémiques tout aussi nombreuses que ses initiatives (souvent individuelles) avaient provoquées. Dans un très long portrait publié dans Ha’Aretz, le journaliste Ofer Aderet rappelle le parcours hors normes de cet individualiste forcené né en Allemagne en 1923 sous le nom d’Helmut Ostermann.
En 1933, après l’arrivée au pouvoir du parti nazi, Uri Avnery émigre vers la Palestine sous mandat britannique avec ses parents et son frère aîné. Dans les années quarante, sous le nom d’Avnery, il s’engage dans l’Irgoun, l’organisation sioniste de droite fondée par le futur Premier ministre Menahem Begin et ancêtre de l’actuel Likoud. À ce titre, il participe aux attentats menés contre l’armée britannique et la population arabe, s’oppose au plan de partition de l’ONU de 1947, avant de combattre dans les rangs de l’armée israélienne. Revenu à la vie civile, il milite un temps pour une union “cananéenne” entre Hébreux et Palestiniens, avant de devenir l’un des tout premiers avocats du principe de la coexistence dans le cadre de deux États-nations.
“C’est la guerre de 1948 qui m’a convaincu qu’il existait un peuple palestinien et que c’était avec lui que la paix devait être conclue d’abord et avant tout”, a-t-il écrit dans son autobiographie titrée “Optimiste” (non traduite en français).
Sentiments mitigés
De 1950 à 1990, il est l’éditeur de l’hebdomadaire HaOlam HaZeh, un journal mêlant le sensationnalisme des tabloïds anglais à un sourcilleux journalisme d’investigation. Plusieurs fois député, Avnery fait scandale lorsque en 1982, alors que l’armée de l’air israélienne bombarde depuis des semaines l’ouest de Beyrouth, il s’affiche publiquement en compagnie de Yasser Arafat, président de l’OLP, caché dans un bunker. Il jouera encore ce rôle de “bouclier humain” en 2003, pendant le siège de la présidence de l’Autorité palestinienne imposé à Ramallah par le Premier ministre Ariel Sharon. Enfin, en 1993, en rupture avec le mouvement Shalom Akhshav [“La Paix maintenant”], jugé trop timide et trop aligné sur le Parti travailliste, il fonde le Gush Shalom [“Bloc de la paix”], qui milite pour un retrait intégral d’Israël hors des territoires occupés palestiniens, le démantèlement intégral des colonies de peuplement et l’exercice du droit à l’autodétermination des Palestiniens dans le cadre d’une Palestine indépendante.
“Avnery a fini sa vie avec des sentiments mitigés”, relève Ofer Aderet :
D’un côté, il était persuadé, non sans orgueil, d’avoir transformé son idéal politique (la création d’un État de Palestine à côté d’Israël) en un ‘consensus mondial’. D’un autre côté, il reconnaissait avoir échoué dans son effort de concrétisation de cet idéal au sein de la société israélienne.”
*Source : Courrier International
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