Pourquoi les champs pétroliers irakiens sont-ils devenus si importants?
novembre 19, 2018
France-Irak Actualité : actualités sur l’Irak, le Proche-Orient, du Golfe à l’Atlantique
Analyses, informations et revue de presse sur la situation en Irak, au Proche-Orient, du Golfe à l’Atlantique. Traduction d’articles parus dans la presse arabe ou anglo-saxonne, enquêtes et informations exclusives.
Publié par Gilles Munier sur 19 Novembre 2018,
Catégories : #Kirkouk, #Irak, #Kurdistan, #Barzani
Par John Davison et Dmitry Zhdannikov (revue de presse : Agence Reuters – 11/11/18)*
Bagdad/Abu Dhabi (Reuters) – les champs pétroliers irakiens situés dans la région de Kirkouk ont connu un regain d’importance après que les Etats-Unis aient restauré les sanctions contre l’Iran voisin. Washington fait pression sur Bagdad pour qu’il reprenne ses exportations, qui ont cessé l’an dernier.
L’Irak cherche à augmenter ses exportations de 5 millions de barils par jour (bpj) aujourd’hui à 8,5 millions dans les prochaines années, dont 1 million pourrait venir de la région de Kirkouk. Mais ce n’est pas aussi simple que d’ouvrir le robinet.
Pourquoi Kirkouk est-elle si importante?
Volume et recettes. En cessant, il y a un an, les exportations de pétrole provenant de Kirkouk vers la Turquie et les marchés internationaux, soit 300 000 bpj, l’Irak a perdu un revenu net de 8 milliards de dollars.
La plupart du pétrole irakien exporté vient des champs pétroliers du sud, mais Kirkouk est le plus grand et le plus ancien champ pétrolier au Moyen-Orient, capable de produire environ 9 milliards de barils de pétrole renouvelable. Les Etats-Unis voient aussi en Kirkouk une des manières de contrebalancer une diminution mondiale de l’offre causée par les sanctions contre l’Iran, qui interdit tout achat de pétrole iranien.
Washington fait pression sur Bagdad pour qu’il suspende tout envoi de pétrole vers l’Iran et reprenne ses exportations de Kirkouk vers la Turquie, a indiqué une source travaillant dans le secteur.
Qu’est-ce qui a mis fin aux exportations
et quels sont les obstacles aujourd’hui?
Les exportations ont été suspendues depuis octobre 2017 au moment où les forces gouvernementales irakiennes prenaient Kirkouk des mains des autorités autonomes kurdes au nord de l’Irak, en réaction au référendum appelant à l’indépendance du Kurdistan.
Les Kurdes avaient pris le contrôle de Kirkouk et des champs pétroliers après que les militants de l’Etat Islamique aient repoussé l’armée irakienne en 2014, et que les forces kurdes firent de même avec ces militants. La reprise des exportations depuis Kirkouk dépend de négociations entre Bagdad et les Kurdes.
Le pipeline qu’utilisait Bagdad pour ses exportations vers la Turquie a été détruit par l’Etat Islamique, ne laissant opérationnel qu’un seul pipeline, construit et contrôlé par les Kurdes. L’état irakien devra utiliser celui-ci ou en construire un autre. Il étudie les deux options.
Qui contrôle le flux pétrolier de Kirkouk?
Sur papier, Bagdad. Mais si l’Irak décide d’utiliser le pipeline kurde, il lui faudra alors négocier.
Les Kurdes chercheront vraisemblablement à obtenir en échange une part plus grande des recettes pétrolières du pays. Bagdad devra aussi peut-être se confronter à Rosneft (ROSN.MM), la compagnie russe qui a racheté la section kurde du pipeline l’an dernier.
Quand et à hauteur de quel volume
se feront les exportations depuis Kirkouk?
Dès que Bagdad et Kirkouk s’accordent- d’où la pression des américains pour y parvenir. Si aucun accord n’est conclu, l’Irak devra construire un nouveau pipeline, ce qui pourra prendre environ 2 ans.
Le pipeline de Rosneft a été modernisé pour lui permettre de recevoir 1 million de barils par jour, avec 400 000 barils provenant de champs pétroliers au Kurdistan plus 300 000 de Kirkouk, selon les autorités kurdes.
Les autorités irakiennes ont déclaré qu’elles devaient encore alimenter des raffineries locales – là où la production actuelle de Kirkouk a été déviée – alors même si les exportations reprenaient, elles ne dépasseraient pas les 100 000 barils par jour au début, ce qui veut dire que les exportations via le Kurdistan n’atteindraient que 500 000 barils par jour.
Ce chiffre est inférieur à celui atteint par les exportations kurdes à leur plus haut, soit 700 000 barils par jour avant le référendum raté, ce qui ne permettrait pas à la Turquie de réduire sa dépendance vis-à-vis du pétrole iranien.
Les sanctions américaines auront-elles un impact
sur le secteur pétrolier irakien?
L’Irak et l’Iran n’échangeaient que de très faibles quantités de pétrole avant les nouvelles sanctions – environ 30 000 barils par jour dans les deux sens, y compris depuis Kirkouk, mais l’économie irakienne est fortement dépendante commercialement de L’Iran. Le gaz iranien, par exemple, alimente les centrales électriques.
Washington a donné à l’Irak une dérogation en ce qui concerne le gaz iranien ainsi que des produits alimentaires, mais cela est temporaire, ce qui cause une certaine anxiété à Bagdad.
*Source : Agence Reuters
Traduction et Synthèse : Z.E pour France-Irak Actualité