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La résistance palestinienne à la contre-offensive


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23 juillet 2019

Photo : Archives
Décembre 2012 – Rassemblement du mouvement Hamas à Gaza – Photo : Archives
Entsar Abu Jahal – Lors d’une réunion tenue le 10 juillet au Liban par les dirigeants du Hamas à l’étranger, le mouvement a fait savoir qu’il avait décidé d’un plan pour contrer le ciblage systématique du mouvement par Israël, regrettant que des partis palestiniens, arabes et islamiques collaborent à de telles campagnes.

Le Hamas a récemment fait l’objet d’arrestations, de poursuites, d’un blocus financier, de campagnes visant à assécher ses ressources et de campagnes médiatiques organisées et planifiées qui ont affecté le mouvement aux niveaux politique, diplomatique, médiatique et financier.

Raafat Murra, responsable du département des médias du Hamas à l’étranger, a déclaré à Al-Monitor que la cause palestinienne était confrontée à une attaque sérieuse et systématique, les principales questions palestiniennes – à savoir Jérusalem et les réfugiés – risquant la liquidation suite aux connivences israéliennes et américaines qui ont conduit à « l’accord du siècle » américain et à la réunion économique de Bahreïn.

Il a déclaré que la principale raison pour laquelle le Hamas est pris pour cible est son poids politique, sa popularité et sa capacité à faire face à Israël et aux complots visant à liquider la cause palestinienne. Israël, a-t-il dit, cible de plusieurs manières le mouvement à l’étranger.

« Ces mesures comprennent des assassinats ciblés, des pressions politiques et des agressions en matière de sécurité. Des rapports sont également fournis à plusieurs gouvernements à travers le monde dans le but de fausser l’image du mouvement et de porter atteinte à ses relations avec ces mêmes gouvernements. Ajoutons à cela le blocus financier et les opérations d’arrestation visant un certain nombre de cadres et de sympathisants du mouvement », a encore expliqué Murra.

Il a indiqué que les campagnes ciblant le Hamas à l’étranger sont associées à des campagnes visant le mouvement en Palestine même. Celles-ci sont illustrées par le blocus israélien sur la bande de Gaza et les tentatives persistantes d’Israël pour espionner le mouvement, entraver les efforts de réconciliation nationale et empêcher la formation d’un gouvernement d’union nationale.

Toujours selon Murra, le ciblage du mouvement à l’étranger s’inscrit dans le cadre des efforts américains et israéliens pour résoudre à leur manière le problème des réfugiés, d’autant plus que le Hamas exerce une forte influence politique, populaire et médiatique au sein des communautés de réfugiés palestiniens à l’étranger et s’efforce de consolider et de renforcer leur rôle dans le processus décisionnel national palestinien, tout en assurant leur représentation au sein des institutions.

« Nous sommes actuellement engagés dans d’importantes initiatives pour faire face aux menaces auxquelles nous sommes confrontés », a ajouté Murra.

Interrogé sur la nature de ces initiatives, il a expliqué qu’elles s’appuyaient principalement sur des contacts politiques, des relations avec des organisations amies et alliées, sur la protection face aux opérations d’arrestation et aux menaces à la sécurité, sur la résolution du problème du blocus financier, sur l’approfondissement des relations avec la communauté des réfugiés et sur le rejet de la normalisation.

Il a souligné que ce qu’il fallait avant tout, c’était renforcer l’action nationale pour établir un contexte politique et social capable de confronter l’accord du siècle.

Murra a refusé de fournir plus de détails sur le plan en question.

« Nous confirmons que le Hamas restera engagé dans le projet de résistance et de libération et qu’il devra faire face aux agressions contre le mouvement, avec un travail plus soutenu et des efforts plus importants qui conduiront finalement à l’indépendance », a-t-il ajouté.

Ibrahim al-Madhoun, un analyste politique proche du mouvement Hamas, a déclaré à Al-Monitor qu’il y avait une attaque ciblée et globale d’Israël et d’autres pays – dont certains de la région – contre le Hamas, ainsi que ses dirigeants et ses partisans à l’étranger.

Les attaques, a-t-il dit, comprennent des opérations d’assassinat telles que celle qui s’est produite avec le militant du Hamas Mohamed al-Zouari en Tunisie, ainsi que des opérations d’enlèvement et de poursuites telles que celle perpétrée contre le scientifique irakien Taha al-Jubouri, qui aurait des liens avec le Hamas. Des efforts sont également déployés pour inscrire les cadres du mouvement sur les listes terroristes américaines, comme cela s’est passé avec le responsable du bureau politique du mouvement, Ismail Haniyeh, et son adjoint, Saleh al-Arouri.

Madhoun a déclaré que la raison pour laquelle le mouvement est ainsi pris pour cible est son rôle important à l’extérieur, puisqu’il soutient à la fois la cause palestinienne et la résistance avec de l’argent et des armes et y bénéficie d’un environnement favorable. Il s’active également à la mobilisation du peuple et à gagner des positions politiques en faveur du mouvement et de la cause palestinienne. Il mobilise les Palestiniens de la diaspora et dirige des institutions à l’étranger.

Tout en soulignant que le mouvement ne fournissait aucun détail sur ses plans, il espérait qu’il inclurait une série de mesures préventives, d’autant plus que le Hamas dispose d’un vaste réseau d’institutions et de réseaux de relations politiques et d’une expérience précieuse dans le travail politique, médiatique et institutionnel. Ceci, selon lui, lui permettra de contrer la campagne qui le cible.

Hussam al-Dajani, professeur de sciences politiques à l’université Al-Ummah, explique à Al-Monitor que l’attaque la plus grave à laquelle le mouvement du Hamas est confronté est le blocus politique et l’inscription sur les listes du terrorisme international. Cela, dit-il, expose les membres et les cadres du mouvement à des poursuites pénales internationales et les prive d’une stabilité financière et politique, tout en gênant fortement leur accès aux postes de responsabilités, même à travers l’expérience démocratique.

« Certains pays arabes et islamiques tentent d’associer ce mouvement aux Frères musulmans, qui sont considérés comme un groupe terroriste, impactant et perturbant ainsi les relations extérieures du mouvement », a-t-il ajouté.

Dajani déclare aussi que la raison la plus importante de cette campagne était l’absence de justice internationale et de possibilité d’un recours au niveau international face à de nombreuses décisions. Il souligne que les États-Unis exerçaient également des pressions sur les pays européens et arabes pour qu’ils condamnent et rompent leurs relations avec le Hamas.

Le Hamas, ajoute-t-il, n’est pas un mouvement terroriste, mais un mouvement de libération nationale résistant à juste titre à l’occupation. Il se demande dans le même temps pourquoi aucun parti israélien n’avait jamais été qualifié de terroriste.

Selon Dajani, le Hamas est politiquement affecté par cette campagne, puisque ce mouvement a l’ambition de promouvoir la cause palestinienne dans toutes les enceintes internationales. Le mouvement a également été affecté au niveau des médias à travers les campagnes diffamatoires qu’Israël tente de lancer contre ses dirigeants. La chaîne israélienne Channel 12 a diffusé une vidéo plus tôt ce mois-ci dans laquelle Suheib Yousef, le fils du cofondateur du Hamas, Cheikh Hassan Yousef, a parlé de sa désillusion vis-à-vis du Hamas. Sur le plan économique, les institutions deviennent prudentes quant au financement du mouvement, que ce soit directement ou indirectement.

« Cette campagne a empêché le mouvement d’accéder aux postes diplomatiques de haut niveau », dit-il encore.

Selon Dajani, le Hamas tente de contrer ces attaques en s’ouvrant au monde extérieur et en essayant de se promouvoir en tant que mouvement pragmatique, flexible et non terroriste : « Le Hamas compte sur sa capacité à faire une avancée concernant sa situation au niveau international. »

Il note que face à de telles attaques, le Hamas se retrouvait confronté à un défi de taille, compte tenu de l’absence de réconciliation nationale. C’est pourquoi le mouvement doit se concentrer sur la fin de la division politique.

Bien qu’il ne soit pas facile pour le mouvement de faire face à de telles attaques avec ses propres moyens, les changements politiques internationaux pourraient jouer en sa faveur, d’autant plus que le contrôle de la bande de Gaza par le Hamas est une carte puissante qui empêche le monde de le placer à l’écart.

* Entsar Abu Jahal est une journaliste palestinienne qui couvre l’actualité. Elle poursuit actuellement une maîtrise en journalisme et collabore avec plusieurs journaux locaux et arabes, ainsi que diverses stations locales.

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19 juillet 2019 – Al-Monitor – Traduction : Chronique de Palestine – Lotfallah

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