Des milliers de déchets en Irak
juin 17, 2021
Bagdad noyé dans les déchets malgré des icônes sacrées
Publié par Gilles Munier sur 17 Juin 2021, 08:39am
Catégories : #Irak
Des monceaux de déchets ménagers à Bagdad, en Irak, le 26 août 2020. Photo / Murtadha Al-Sudani / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP
Revue de presse : Courrier international (14/6/21)*
L’Irak est confronté à un problème chronique d’amoncellement d’ordures ménagères. Les riverains portent aussi une part de responsabilité. Pour tenter de les dissuader de jeter leurs déchets dans les rues, certains font appel à des symboles religieux.
Comme “des milliers d’Irakiens habitant à Bagdad”, Umm Rami, habitante du quartier d’Al-Sadiriya, “s’est habituée aux collines de déchets” qui s’amoncellent dans les rues de la capitale irakienne, écrit le site Daraj.
Une “honte”, pour cette fonctionnaire. En cause, selon elle, la responsabilité des autorités, mais aussi “le manque de culture environnementale des habitants de Bagdad”, explique-t-elle.
D’un côté, la municipalité [de Bagdad] compte sur le fait que les citoyens ne jettent pas leurs ordures n’importe où. De l’autre, les citoyens se plaignent du manque de conteneurs de déchets présents dans les artères principales et du fait que les camions poubelles ne passent pas tous les jours.”
En Irak, un grand nombre de rigoles formant le réseau des eaux usées “sont devenues des déchetteries à ciel ouvert”, déplore As-Safir Al-Arabi.
Figures sacrées
Pour résoudre le problème de l’accumulation des déchets à Bagdad, certains ont eu une idée pour le moins incongrue, explique Daraj :
De nombreux Irakiens rêvant de rues propres et vidées de leurs ordures ont pris l’initiative d’installer des photos de figures religieuses à l’entrée des rues ou sur des parcelles vides afin de dissuader les riverains d’y jeter leurs déchets.”
L’idée, explique un habitant de Bagdad au site libanais, est de “susciter la crainte dans les esprits”, mais sans succès. “Cela ne dissuade les gens de jeter leurs déchets devant la photo de ces figures sacrées.”
Corruption et désorganisation
Selon le décompte du site panarabe, le pays compte 67 centres officiels de traitement des déchets, mais As-Safir Al-Arabi dénombre également 157 décharges “non officielles”.
87,5 % des déchets produits en Irak sont enfouis dans des lieux non autorisés. Par ailleurs, seulement 63,6 % des Irakiens bénéficient du service de ramassage des ordures.”
Ce service, précise le site, consiste en réalité en une collecte des déchets “aveugle et désorganisée”, au point que les riverains doivent payer des sommes élevées directement aux éboueurs pour pouvoir être débarrassés de leurs ordures ménagères.
Pour l’expert économique Haytham Al-Hosni, une “corruption à grande échelle” entrave la gestion du dossier “épineux” de la collecte des déchets”. Selon l’ONG Transparency International, l’Irak est le 21e pays le plus corrompu du monde.
*Source : Courrier international