A Taïwan, Nancy Pelosi a bravé le dragon chinois mais a-t-elle gagné ?
août 4, 2022
Le Cri des Peuples
lecridespeuples
Août 3
Source : Nancy braves the Chinese dragon and wins? | The Vineyard of the Saker
Traduction : c.l. pour L.G.O.
Il semble donc que Pelosi ait atterri à Taïwan. C’est une ÉNORME victoire pour les États-Unis invincibles, et la Chine, avec toutes ses menaces creuses, a maintenant perdu la face. C’est ainsi qu’ils sont ces foutus cocos – ils ne comprennent que le langage de la force, et face aux forces unies de la démocratie, ils cèdent.
Oui ?
Euh……
Oui, si votre expertise en matière de relations internationales, de questions militaires et de la Chine (ou de la Russie) vient de ce que vous avez lu dans les livres de Tom Clancy, alors oui.
Mais il y a une autre façon de voir les choses :
Pour commencer, en termes objectifs, cette visite est une pure provocation sans aucun résultat pratique. Pelosi n’est pas moins une veille bique ânonneuse de prompteurs que le président Brandon. Quelles que soient les transactions réelles dont les États-Unis et Taïwan peuvent avoir à discuter, ils auraient pu le faire soit à distance, soit en organisant une rencontre entre des gens capables de penser.
Deuxièmement, tout comme la Russie l’a fait à plusieurs reprises dans le passé, les Chinois ont tracé une ligne rouge et ont ensuite laissé les États-Unis la franchir. Étant l’agglomérat narcissique qu’il est, l’Occident ne peut y voir que qu’un signe de « faiblesse », d’« indécision » voire même de « naïveté ».
Ce à quoi ces gens ne pensent même pas, c’est à ceci : comment croyez-vous que la plupart des Chinois vont réagir, à la fois à la visite et à l’absence (jusqu’à présent!) de réaction chinoise ? Oui, bien sûr, ils vont être furieux et exprimer leur frustration. Vous y êtes ? Maintenant, regardez la chose du point de vue du gouvernement chinois : plutôt que de dépenser des milliards en propagande anti-américaine, ils ont plutôt laissé les États-Unis humilier la Chine et ainsi resserré les rangs de la population chinoise en un poing bien solide, pour le jour où la véritable confrontation aura lieu.
[Parenthèse : il y a un lien direct entre des années de protestations plutôt faibles et surtout verbales du Kremlin et l’apparition « soudaine » de l’ultimatum russe à l’Occident suivi par le SMO : le Kremlin a littéralement « porté à ébullition » sa propre opinion publique au point où c’est ELLE qui a *exigé* une action forte. Loin de lui aliéner ou d’effaroucher la plupart des Russes, le SMO a été pour eux un énorme soulagement: « ah, ENFIN, on met nos bottes sur le terrain et on prend des mesures concrètes ! ». Cela n’aurait pas été possible avant 2018. Ceux qui, en Occident, ont déploré Poutine « indécis » ne comprennent tout simplement pas l’état d’esprit russe plus qu’ils ne comprennent l’état d’esprit chinois. En termes simples : vous ne pouvez pas vous préparer à livrer une guerre sans y préparer votre propre population ! Voilà ce que Tom Clancy fait au cerveau de ceux qui le lisent.]
Troisièmement, permettez-moi de vous poser une question simple : qui a décidé du moment de la visite de Pelosi à Taïwan ? La réponse est évidente : les dirigeants des États-Unis. Et vous pouvez parier qu’ils avaient tout soigneusement aligné pour que cette visite se produise dans les meilleures circonstances possibles. Maintenant, un principe de base de la guerre est que vous ne laissez PAS votre ennemi choisir l’heure et le lieu de la bataille. Oui, oui, oui, dans la culture occidentale, tout « affront » (réel ou perçu) exige une réaction immédiate. Mais les Chinois sont rompus à ces choses depuis non pas 200 ans mais de nombreux millénaires, et vous pouvez être sûrs que ce seront EUX, et non pas les États-Unis, qui choisiront le moment, le lieu et le mode des représailles.
En résumé, les narcissiques « éveillés » qui dirigent les États-Unis peuvent se féliciter de la façon dont ils ont montré « à ces sales cocos chinois » qui est le boss. Tout comme ils l’ont fait avec la Russie entre 1991 et 2021. Et… quand les Russes ont décidé de bouger, l’oncle Shmuel a été pris si totalement au dépourvu qu’il n’a pas su comment faire face à une menace à la fois soudaine et directe.
Enfin et surtout. Ce genre d’arrogance impériale est quelque chose qui n’exaspère pas que la population chinoise (déjà pas mal en colère), mais qui n’exaspère pas moins toute la « zone B », créant ainsi les conditions de davantage encore de défaites pour les États-Unis en Asie, en Afrique, dans le sous-continent indien, en Asie centrale et en Amérique latine.
La plupart des Américains n’ont absolument aucune idée d’à quel point leur arrogance condescendante, leur sempiternelle agitation de petits drapeaux, leur mission messianique envers l’humanité et leur narcissisme général sont offensants pour le reste de la planète. Mais quand vous regardez objectivement la liste interminable des échecs américains à peu près n’importe où, vous pouvez vous dire que quelque chose de sérieux est à l’oeuvre ici. Pour une raison ou une autre, les « Yankees go home » ont l’air de devenir de plus en plus contagieux.
Et moi, je pense que Nancy Pelosi mérite notre profonde gratitude. Elle devrait obtenir au moins deux médailles :
Une du PC de Chine, en remerciement de ses efforts infinis pour rallier le peuple chinois autour de son gouvernement et
Une de la Russie, en remerciement de ses efforts infinis pour bétonner l’alliance russo-chinoise.
À vrai dire, entre Blinken et Pelosi, les intérêts de sécurité nationale de la Chine et de la Russie sont en de très bonnes mains.
Andrei