Réponse de Mme Simone Lafleuriel-Zakri au texte : Honte aux chrétiens syriens
décembre 22, 2011
De Simone lafleuriel-Zakri
Cet humble mot à propos du
Texte « Marie Seurat » paru dans le journal Le Monde Débats, décrytages du Dimanche et lundi19 septembre et dont le titre est
« HONTE aux chrétiens syriens »
La plus que demie page « Décryptage et débats » consacrée par Le Monde au coup de colère de Madame Marie Seurat contre sa communauté chrétienne de Syrie ne pouvait, il me semble, qu’attirer l’attention des lecteurs intéressés par la Syrie en général mais encore attentifs mais dépassés par la complexe « question des chrétiens d’Orient » et par le devenir de cette communauté religieuse de Liban Irak Egypte…et de Syrie comme de Navarre tant elle est aussi de tous les exils.
Les inquiétudes et les appréhensions de ces chrétiens d’Orient confrontés aux évolutions récentes de la région « arabe » nous sont, certes, déjà connues, comme le sont les causes de leurs peurs et comme leurs prises de position réservées ou engagées qui, ces jours, se multiplient : celle très explicite de Mère Agnès-Myriam de la Croix qui semble répondre à l’expression de la révolte sans aucun doute aussi sincère de Mme Seurat.
Vus de Paris, l’angoisse de ces chrétiens d’Orient semble compréhensible et leurs arguments, admissibles face à l’irrésistible percée des partis islamistes là où sont tombées de terribles dictatures (Egypte,Libye,Tunisie). Pourtant, ici ou là, des spécialistes du fait arabe expliquent aussi – et c’est la thèse de l’écrivaine- que le danger n’est pas si certain, et les peurs, injustifiées ! que de toutes les façons, il faut que ces sociétés passent par l’arrivée au pouvoir inévitable de cette composante qui fait pourtant en inquiète plus d’un mais démocratie obligeant ( voir le Hamas en Palestine même si pour cela votants ou pas sont pénalisés ( !)) ; que, par ailleurs, la laïcité vue à l’aune de la nôtre, ne va pas de soi dans ces sociétés très confessionnelles et multiples à l’infini. Mme Seurat, elle-même, pense que son avènement n’est pas possible avant longtemps, peut-être pas avant un demi ou un siècle ( interview France 24)..
Certains de ces experts avancent que la démocratie, dans forme« démocratique confessionnelle » servie par une Eglise civile, celle que Mme Seurat appelle de ses voeux, elle seule, et comme au Liban gouverné avec sa composante chrétienne (chef de l’Etat,) et sunnite chiite druze pour les autres membres, serait à même d’ organiser et d’ encadrer cette cohabitation.
De plus le monde arabe n’a guère le choix ! C’est ce que lui serinent ses amis occidentaux incontournables, ainsi qu’aux opposants et autres rebelles par nous adoubés. Seul ce modèle serait politiquement correct y compris avec les risques de l’islamisme. Bien sûr celui ci les a souvent servi, peut être encore utilisé pour la défense de leurs intérêts bien compris Les USA et Israël le reconnaissent qui s’accordent sur l’utilité de cette force très religieuse. Israël assure même que son arrivée au pouvoir dans la zone, mettra un peu plus de désordre dû à la recomposition des pouvoirs par exemple,ce qui lui laissera du temps pour vaquer à ses propres « occupations ».
Israël d’ailleurs est promu bon exemple type « d’Etat démocratique », bi ou multi -confessionnel ( !) quand, à l’opposé, les deux seuls Etats de la région dotés d’une constitution laïque (avec les réserves que l’on peut faire), : les frères ennemis baathistes laïcs et nationalistes, Syrie-Irak, ne sont présentés que comme des dictatures ayant joué de la laïcité pour mieux s’imposer. Et régner ! L’Irakienne nationaliste mais forcée de composer avec des communautés fortes ( kurdes, chrétiens intégrés au gouvernement mais chiites sous surveillance car soupçonnée d’être « travaillée » par l’Iran ; La syrienne à composante alaouite, ne désirant pas apparaître comme minoritaire,et jouant sur la corde qui rassemble : la nationaliste.
Un peu d’histoire
Pour en revenir à la situation des chrétiens d’Orient, ces experts nous alertaient donc, depuis quelques années et toujours à l’occasion d’événements sanglants (-Irak ou Egypte avec les Coptes), de leur situation de plus en plus délicate alors même qu’ils sont une composante historiquement incontournable de l’histoire arabe et arabo musulmane. Elle est à la base de cette longue histoire (voir le rôle des Assyriens par exemple et de cette antique communauté syriaque dont se réclame Marie Mamarbachi. A des syriaques- de langue ‘internationale » araméenne- et connus comme savants,lettrés et traducteurs du grec à l’arabe, nous devons par exemple avec commentaires, critiques et enrichissements, la trransmission de la connaissance antiqueet grecque et en grec, au monde arabo-musulman et à l’Occident. L’araméen, la forme syriaque ensuite furent langue de grande diffusion et dans divers domaines..
Minoritaire et la syriaque la plus minoritaire des minorités!
La communauté chrétienne orthodoxe syriaque en Syrie est devenue de plus en plus minoritaire pour diverses raisons dont ces situations douloureuses généralement peu évoquées. Mme Seurat fait, en début de texte, allusion rapide à l’émigration forcée de ses coreligionnaires, de l’Anatolie turque vers la Jéziré syrienne. Ce fut en raison des persécutions ethnico-religieuses Jeunes Turcs au début du 20e siècle dans l’empire ottoman. Ces persécutions s’exercèrent non seulement, sur les chrétiens orthodoxes arméniens majoritaires mais sur ces Syriaques, des Kurdes et des tribus bédouines (Chawaya). Elles culminèrent en 1915 : génocide dit arménien mais qui décima aussi ces « suryans ». Certains pour mieux se mettre à l’abri deviendront catholiques et d’autres. j’en connais dans le quartier syrian d’Alep …musulmans ; cela à l’époque des mandats et du début des années 1920 à l’indépendance. ! Le mandat français, pour mieux régner, travaillait en effet pour des raisons évidentes (et comme aujourd’hui et partout, les grandes puissances + USA) à diviser les Syriens et à renforcer l’esprit communautaire : identitaire ou confessionnel (voir Etat des Alaouites, et chrétiens au Liban, etc ).
La communauté chrétienne se rapprocha alors de la puissance mandataire (la France mère de l’Eglise), et affronte à cette même période l’hostilité des Druzes ( massacres, Beyrouth, Damas, et ailleurs et épisode Abdelkader) La syriaque se démarquera plus tard, en fin du mandat, des Kurdes (qui les considèrent comme proches d’eux), en raison du désir d’Etat indépendant de ces derniers.
Par contre c’est une tout autre cause qui provoqua le départ de la Jésiré puis cet exil que Mme Seurat évoque, des Syriaques vers Damas et Alep, puis vers le Liban et le monde entier. Certaines grandes familles aristocratiques chrétienne ou non, propriétaires terriens dont ces planteurs de coton de la Jeziré ( au centre de la Syrie et aux bords de l’ Euphrate) et dont est issue l’écrivaine, quittèrent leurs terres (années 1960, et 1965 pour l’exil de la famille Seurat) à la prise de pouvoir du parti baath qui s’attaqua à l’ancien système féodal. Il fit sa réforme agraire, distribua les terres, nationalisa les industries, écarta les grandes familles bourgeoises y compris sunnites, des villes dont Homs,Hama et Lattaquié et,bien sûr, Damas et…Alep. Le but du baath était alors de faire émerger une classe moyenne populaire, rurale plutôt que seulement citadine, mais aux activités sous contrôle strict du seul Etat, et capable de faire face à cette classe aisée, traditionnelle considérée d’ailleurs comme incapable de se réformer, divisée, méprisante et corrompue ( !)(voir le portrait qu’en fait ailleurs Marie Seurat). Qui plus est, cette grande bourgeoisie était largement hostile aux baathistes (y compris dans la tribu « haute »des Alaouites quand les Assad sont de la partie la plus modeste d’où la division de la tribu alaouite, encore aujourd’hui, sur l’adhésion au régime et le rapprochement opéré par les Assad avec d’autres composantes dont la chrétienne.
Il faut remarquer ici que parmi les opposants, se retrouvent bien évidemment les descendants de ces grands propriétaires terriens et grandes familles industrielles, avec arguments à leur rejet du pouvoir n place, que les résultats obtenus de ces nationalisations ne furent pas des meilleurs ( Il faut dire que ce genre d’opérations non spécifique à la seule Syrie et à cette époque, ne s’est jamais faite facilement !). Ils prétendent que de là vient le retard la Syrie. Il faut dire aussi que cette époque est marquée par les guerres avec Israël et dont l’importance e de l’armée. En fait ce n’est vraiment que sous Bachar al Assad, que le système à vocation socialiste commencait à se libéraliser même si à plusieurs reprises, et sous le règne du père, diverses réformes furent menées mais par une administration mal formée, laxiste et débordée : en exemple : les dé-et re bédouinisation des tribus syriennes, qui pourtant ces mois, multiplient les appuis à Bachar al Assad que ce soit dans la badiya de Homs, de la région de Hassaké ou à Alep (Begghara par ex.).
Ajoutons pour cette communauté chrétienne que, si elle est minoritaire, et dans le cas des Syriaques, » la plus minoritaires des minorités », c’est en raison d’un facteur démographique particulier à la Syrie. Alors que la population syrienne pour la partie musulmane (sauf alaouite) et hors certains centres urbains, peine à faire sa transition démographique –un grand souci que le gouvernement actuel essaie pourtant de traiter y compris ces temps et avec l’aide de l’OMS, les familles chrétiennes, elles, sont moins prolifiques.
De plus et contrairement aux Alaouites qui ne font pas plus d’enfants mais les gardent ( !) au pays et de préférence dans leur région alaouite élargie de Homs à la côte, les familles chrétiennes émigrent, largement aidées en cela par la bienveillante protection des Etats laïcs mais tellement chrétiens, d’Occident. !Une importante communauté syriaque est même installée dans les pays nordiques ; Suède et Norvège, en plus de l’Australie, les USA…Ces pays favorisent cette émigration considérée de qualité, cultivée et artiste, qui prie comme eux , même si avec signe de croix gauche-droite ou droite–gauche, avec un doigt ou deux doigts, et etc !
Chrétiens syriens et printemps, été, automne syriens…
Ces derniers mois, la communauté chrétienne d’un monde arabe de plus en plus majoritairement musulman, est confrontée à ces « printemps arabes » dont l’ évolution ne lui paraît pas évidente et est même perçue synonyme d’insécurité et de retour aux catacombes. (voir Mère Agnès …)
Les chrétiens de la société syrienne sont bien intégrés à l’ensemble de la société syrienne. Le régime alaouite minoritaire s’était appuyé sur eux pour faire contrepoids à la composante sunnite. Les chrétiens voulurent oublier leurs peurs anciennes et le divers épisodes d’affrontements sanglants avec les musulmans (druzes ou kurdes, Frères musulmans. Bon gré mal gré, ils se tenaient, ces derniers temps, à l’écart des mouvements de révolte en cours (mais n’en déplaise aux Marie Seurat et autres opposants, tout comme la majorité de la population syrienne dont les sentiments d’une de ses parties est occultée par les médias : les ruraux par exemple et ces bédouins cités plus haut avec leurs chefs des grandes tribus : Fadel, Sba,a, Rouala , etc..
De jour en jour plus alarmés les dignitaires chrétiens :« ces patriarches « rudement interpellés dans la page du Monde », s’expriment aujourd’hui et émettent des réserves sur le « printemps été automne « et peut-être hiver, printemps et plus si affinités » syrien en évolution !
Qui s’en étonnerait ou penserait s’en étonner quand les événements occupent non seulement l’esprit de chaque syrien et quand ces populations sur la réserve sont largement prises en otages entre forces en présence et des deux côtés, armées ! Un fait que ne nie pas l’écrivaine ! Dans son interview télévisée, elle en informe son interlocuteur si peu informé des trafics d’armes qui s’amplifient ces mois à chaque frontière, et à destination des opposants syriens. Le journaliste est si étonné de la déclaration qu’il la lui fait répéter : « mais oui, répète t-elle, armée ! et de plus en plus ! ». « Mais voyons tout le monde le sait lance–t-elle encore légèrement agacée. Elle veut pourtant croire ou faire croire que la violence, pour l’instant et un moment seulement n’est que du côté du régime et de son armée!
Honte aux chrétiens syriens (?)
Marie Seurat et les chrétiens d’Orient dans « le Monde » et..à la télé
Voilà pour ces quelques précisions sur une situation très complexe, celle de cette société chrétienne syrienne et syriaque dans le cas de Mme Seurat, et sur quelques points qu’elle ne pouvait développer ce qui n’était d’ailleurs pas le sujet.
Nous aurions aimer en rester là, considérant que Marie Mamarbachi a ses raisons d’être hostile au régime. Elle est née dans « cette illustre famille syriaque de grands planteurs de coton, » qui fut dépossédée par le baath.
2) Madame Mamarbachi épouse Seurat tient sans doute toujours le régime syrien pour responsable directement ou indirectement, de l‘assassinat de son époux : Michel Seurat, otage au Liban et comme beaucoup d’autres à cette époque, du Hezbollah ou d’une fraction du Hezbollah (dont certains disent qu’elle obéissait plutôt à l’Iran ( !, ?)
3) Syrienne, même si en exil à Paris et ayant passé plus de quarante hors du pays, (à part quelques années dans dans la sphère des chercheurs dont Michel Seurat du CNRS, était un brillant élément), elle a tout à fait le droit de faire entendre son opposition ! Elle a même toute légitimité pour se faire entendre de revenir en Syrie, à Damas qui ne bouge guère ou même dans son impassible Alep, et de se joindre aux actions des opposants démocrates et aux manifestes de ses intellectuels syriens amis dont tous respectent les prises de position.
Il nous souvient,quand elle écrit avoir jusqu’à ces derniers temps, appuyé le président syrien ; qu’elle défendit, en son temps, la visite à Paris de Bachar al Assad. Elle dit alors de lui qu’il était comme « un cheval qui se cabre « et donc, qu’il ne convenait pas de cravacher ce président aimable qui n’était en quête que d’une très légitime « légitimité ». ! Entre parenthèses notons que Marie Seurat raconte ailleurs qu’elle aime faire du cheval en forêt de Chantilly, d’où sans doute cette expérience du bon usage de la cravache et d’où les coups cinglants assénés aujourd’hui aux « patriarches chrétiens!
Mais si nous insistons sur le contenu de son texte violement engagé, c’est que nous découvrons, assez étonnés, que les réactions et implications chrétiennes au plus haut niveau qui nous semblaient normales de la part de ces chrétiens en péril et de leurs patriarches, non seulement sont exécrables pour d’autres membres de cette communauté dont Madame Mamarbachi Seurat et le célèbre opposant chrétien Michel Kilo qu’elle cite. Pire, ces sommités religieuses sont déclarées indignes, honteuses, serviles ! Ce qui nous laisse pantois, c’est, encore le ton cinglant employé par cette dame, chrétienne par culture plus que par conviction -voir France 24 ) Les mots pour dénoncer « les agissements honteux » de ces pourtant très, très hautes autorités religieuses sont méprisants voir insultants. On en reste bouche bée! Nous qui, au contraire d’elle et par ailleurs n’avons jamais eu aucune affinité avec tous ces hommes de religion en noir ou en atours chamarrés rouge et or !
Qu’entre chrétiens mal en point, on puisse ainsi « se traiter comme on dit sur le banc des écoles a donc de quoi nous surprendre, nous lecteurs laïcs et athées de surcroît !
le titre du Monde nous avait déjà « mis au parfum ». Que l’on en juge : Le« Honte aux chrétiens syriens » est lancé à la face du lecteur éberlué de plus est assez ignorant de la question pour pouvoir se retrouver facilement dans cette Pléiade de grands acteurs de la cause religieuse ! Le« chapeau » en rajoute,qui nous présente ses « patriarches » comme de serviles collaborateurs ! Et quels collaborateurs, des servants dociles, la peur au ventre et courbés, aux ordres du chef Assad . :
Ah vous « Nos » Eminences, taisez-vous !
A ces chrétiens syriens et de toutes les diverses communautés chrétiennes citées en fin de texte, est délivré par Mme Marie Seurat dont on ne peut que relever le courage, non pas un message mais une injonction sans réplique, cet ordre crié. « Taisez–vous ! » De plus, « leurs Eminences », les Patriarches doivent cesser leur collaboration avec « des assassins » ou au moins de la « fermer » s’abstenir illico d’un quelconque soutien au régime syrien en place et, surtout, ils ne doivent aller confier doutes et tiraillements dans les officielles oreilles parisiennes (par ailleurs assez peu complaisantes puisqu’il est dit ailleurs que la réception d’un de ces « éminents patriarches chrétiens à l’Elysée fut des plus froides). Si l’on voulait en rire, on dirait que cela ressemble à s’y méprendre à la récente injonction de notre ministère des Affaires Etrangères :une copie de l’ordre donné » par Juppé, aux derniers soutiens du régime Assad., de s’abstenir sinon…!
Relisons l’ordre : « Et de grâce O Eminences,… Taisez vous ! Epargnez à notre peine la honte d’une alliance avec les assassins ! »
Parmi ceux qui doivent se taire,et je cite, il y a le « entre chèvre et chou : « Sa Béatitude (les majuscules sont de Mme Seurat) Grégoire III Laham, patriarche non seulement d’Antioche et de tout l’Orient mais aussi d’Alexandrie et de Jérusalem », (mais pour al Qods sans doute aussi aux ordres du tandem :Natanyalibermann), ; Sa Béatitude est qualifiée de servile tout autant que cet autre : « le maronite » qui n’est autre que le libanais Bechara RaÏ, patriarche de l’Eglise chétienne maronite, et que ces Eminences, évêques ou archevêques, ceux qui, il n’y a pas si longtemps, et dans leurs plus beaux atours, donnaient à baiser leur main ornée de pierres précieuses à la très dévote Marie Marmarbachi –Seurat agenouillée. Mais en ces jours, elle avoue puis menace:
« Je me courbais alors devant eux pour implorer leur clémence…Je ne m’inclinerai plus devant vous, éminences, je ne vous baiserai plus la main. L’améthyste à votre doigt risquerait de m’écorcher la lèvre.. »
N’oublions pas non plus dans la liste infamante établie par Marie, « ce pasteur protestant, lui, aveugle et sourd : « quand les canons des frégates ( !) amarrées sur les plages bombardaient Lattaquié ! » ( tiens, Mme Seurat est une inconditionnelle des infos : Rami abdelrahmane-OSDH !) Comme elle est lyrique, cette évocation, des « frégates » syriennes (toujours graçieuses et légères si même guerrières les frégates !) « amarrées aux plages » d de la Méditerranée – mer syrienne par excellence, et bombardant de leurs canons bien astiqués, les populations désarmées. On imagine les volutes de fumée sombre obscurcissant les cieux trop bleus et allant sans aucun doute voiler l’abominable spectacle au regard des dieux antiques- toujours aussi silencieux et indifférents- -dieux et déesses tutélaires qui hantent justement cette région de Lattaquié : dieu des orages ou de la guerre, et Mot aussi : dieu de la mort .
Mais revenons donc à cette autre peinture sans poésie celle-là, de ces malheureux patriarches jetés en pâture aux lecteurs de notre excellente presse française.
Les « Vos Excellences » de Marie Seurat ressemblent mais comme l’ensemble des Eglises d’Orient à ces « trois singes : épaules voûtées, genoux relevés, mains sur les yeux, la bouche, les oreilles ». Comme eux, elles ont décidé de ne rien voir, rien entendre, ne parler de rien de ce qui se passe dans leurs pays et pourtant « sous les yeux de tous les Syriens ».
« Son Eminence-Votre éminence », « le maronite » Monseigneur RaÏ, lui, est décrit comme plus laid que les autres, car en plus d’être ce singe accablé de trop de soumission, c’est « un greffon qui peine à prendre, qui doit cesser de faire semblant de croire que son salut est lié aux alliances sur des sables mouvants » ! Un traitement spécial que signe un terrible mépris. !
Entre parenthèses, Mme Seurat conseille en fait à ce « greffon avorté» de sauter en marche du train bondé de voyageurs quand le conducteur est devenu fou et que le convoi va plonger dans le ravin, avec tous les passagers.
Son Eminence maronite en plus, à le tort de se permettre de donner des leçons « à Nos Prélats de France et de leur raconter qu’il y a « une mentalité propre à l’Orient :« Mais quelle est donc cette mentalité de l’Orient Votre Eminence ? s’indigne Marie, celle des despotes décrite dans les récits des voyageurs où le grand vizir (le maronite) se délecte devant le supplice de l’empalement ou de l’écorchement ? châtiments typiquement orientaux paraît-t-il ( ndl :à vérifer, pas sûr il me semble qu’en Occident aussi, mais c’est une autre histoire ! ).
Il manque enfin à la liste infamante des non opposants chrétiens et serviles : le Métropolite de Sébaste ; de Palestine, l’archevêque Rydrom, chef des Eglises orthodoxes de Chicago,USA ‘) mais oui ! et d’autres sans doute et à venir…
Consternés nous sommes !
Et bien, tous ces illustres patriarches chefs d’Eglises de très antique origine, ils sont vraiment plus affreux que nous, les athées, le pouvions l’imaginer, nous si peu au courant que nous sommes des vilaines actions de ces chefs religieux ! Mais comment pouvions le supposer ? Je n’en reviens pas !
Ces « Leurs Eminences » je les ai vues qui officiaient à Pâques, entourés de tous leurs fidèles dans les nombreuses églises syriennes que je fréquente par curiosité .Comment aurais-je pu imaginer qu’il n’y avait là qu’une assemblée de …valets ! Et que va penser d’eux maintenant, notre ex président français Giscard d’Estaing qui fut invité, il n’y a pas si longtemps à disserter par des francophones alépins dont certains très influents s’enorgueillissent d’être de très anciennes familles chrétiennes. A l’heure dite, notre ex-président les vit venir s’installer au plus près de sa tribune et dans les fauteuils à eux seuls réservés. Alors que ces Eminences traversaient la foule intimidée, il nous avait paru, à nous même, athées impressionnés par leurs gravité et… leurs riches atours, que c’était un spectacle plutôt réconfortant pour la Syrie, et surtout à les voir saluer cordialement les illustres et d’obédience aussi variée les cheikhs de la communauté musulmane. Marie Seurat n’avait pas encore pris la peine, alors, de nous avertir qu’il n’y avait là que brochettes de coquins !
L’aurions nous cru d’ailleurs, et le croyons nous encore aujourd’hui ? C’est difficile même si la notoriété et l’autorité de Mme Seurat devrait suffire à nous persuader
Quand même, Ils sont vraiment mis trop bas ces chrétiens syriens de si lointaine origine et à la si longue histoire. Ces patriarches à qui cette dame plus française que syrienne, ordonne « de la fermer » ! Inconscients patriarches que Michel Kilo menace « pour ramener à la raison ces illustres enfants de Jésus devenus irresponsables, de poser avec d’autres chrétiens laïques, la première pierre de son Eglise à lui : une Eglise civile (!,) L’idée nous paraît assez anachronique. Ces opposants démocrates chrétiens civils, que ne passent-ils par-dessus toutes ces Eglises qui, d’ailleurs, prédit Mme Seurat seront « bientôt en ruines, englouties dans les sables mouvants » et ce, malgré la « soumission et servilité » de leurs fidèles serviteurs mais « serfs voire moutons peureux, pris au lasso et enfermés dans l’enclos de leurs Eglises »
Sur ces ruines annoncées, on aurait voulu entendre que ces rebelles bâtiraient un monde différent. Mais comment peuvent-ils, ces chrétiens laïcs, renoncer à ce qui est leur véritable carte d’identité…Problème !
Ces chrétiens dansent aussi, ces enfants de Jésus oublieux de « Sa » parole !
Le violent coup de colère de Marie Seurat ne vise pas seulement pas seulement les patriarches responsables et de tous ces fidèles grecs orthodoxes, arméniens orthodoxes, arméniens catholiques et syriaques, jacobites, chaldéens et autres et tous vilipendés !
Un autre lot de « serviles collaborateurs adorateurs perdus du Christ, aux turpitudes honteuses » sont dénoncés par Madame Seurat. Ce sont les jeunes syriens et ceux qui, en particulier, dansent !
Et oui « ils dansent » les jeunes chrétiens d’Alep que Marie Seurat « balance » avec tant de mépris. Ce sont d’abord ceux, plus coupables, qui ont ouvert cet été 2012, deux « boîtes de nuit » dans leur quartier d’Azizié :deux boîtes chics – c’est vrai, on m’en a parlé- où la jeunesse, danse, certes friquée des beaux quartiers, chrétiens mais aussi musulmans et des athées qui n’osent se déclarer –trop dangereux- ! Marie Seurat écrit « j’ai honte pour eux …Ce ne sont pas des chrétiens ! je ne sais plus ce qu’ils font et ce qu’ils sont »
Et oui c’est vrai, Madame, ces jeunes, ils dansent ! mais en Syrie comme dans les pays en guerre ! Ensemble, ils dansent et se fichent d’être chrétiens ou musulmans comme ils me l’ont confié, dans un autre lieu « honteux « un bar » où ils avaient organisé une sauterie « disco à laquelle j’étais conviée ( !). Et sans doute ils se fichent aussi de votre honte à vous, la grande dame parisienne qui aime faire du cheval à Chantilly pour se détendre. elle qui n’a que peu vécu en Syrie et s’est tenue loin de son pays quand ces jeunes eux, traînaient toutes ces dernières années leurs angoisses, leur ennui et leur désarroi dans leurs quartiers denses et sans grâce de l’Alep chrétienne dont l’arménienne. Ils ne lisent pas le Monde non plus ! Jeunes et sûrement angoissés, ces chrétiens jugés perdus pour leur église essaient peut-être d‘oublier ce qui s’annonce ; ce qu’ils croient voir s’annoncer et d’oublier le silence du dieu que cette dame continue d’adorer ! ils n’ont peut-être pas envie de ce que Marie Seurat entrevoit mais en l’acceptant elle, à Paris où elle vit : « du « passage au tamis » ou de la vie aux catacombes que craint Mère Agnès » et même si « l’histoire doit suivre son cours qu’on le veuille ou pas » ;
Pas sûr Mme Seurat que ce destin les enchante !
Alors ces jeunes s’amusent dans ces boîtes de nuit ou ailleurs, mais à l’abri du regard oppressant de cheikhs enturbannés et de nombreuses éminences à la croix !
Ils dansent, car ils affrontent non seulement les problèmes de toutes les jeunesses de ce monde déboussolé, mais encore les embargos et les sanctions, et les menaces de récession de guerre économique qui vont les frapper en premier !
Pour eux et en Syrie désormais, ces peurs bien réelles se nourrissent des jours et des années incertains à venir, des déclarations de ces divers postulants à la tête de leur pays, déposant chacun, de Paris, Londres ou Ankara leur curriculum indéfini, encouragés et soutenus qu’ils sont par ces donneurs de leçon occidentaux qui, sous leurs jeunes yeux, et maintes fois, ont faitet font (à propos de l’Etat Palestine, la preuve de leurs duplicité et cupidité !
Ces jeunes syriens, appréhendent, Madame, ces temps déjà perdus où il faudrait mieux s’occuper des exigences de leurs jeunes corps, de leur besoin d’amour, de la famille ou de l’avenir à construire ! A cela vient encore s’ajouter la répression ordinaire et habituelle qu’exercent sur eux et depuis leur enfance, leurs familles et communautés.
« Ils dansent » ce constat étonné de Michel Kilo ; l’opposant de toujours, Mme Seurat le reprend d’ailleurs de l’auteur d’un roman israélien décontenancé à la vue de « danseurs palestiniens « s’éclatant » malgré tout !
On pourrait demander à Marie Seurat même née comme elle veut l’affirmer Mamarbachi, et de famille illustre de la Jeziré, ce qu’elle connaît d’ailleurs de ces jeunes Alepins d’aujourd’hui. Que sait-elle de leur désespoir !
Il m’a semblé à moi, ces derniers temps, très heureux que ces jeunes, chrétiens ou pas soient oublieux -et je cite le texte de Marie S. : « des paroles de Jésus rapportées par Matthieu : heureux ceux qui sont persécutés par la justice car le royaume des cieux est à eux » Je suis heureuse de constater que de ce royaume des cieux qu’on ne cesse de leur faire miroiter « urbi et ordi » et vice et versa…. ils s’en f…. »
Il m’a semblé très bien, au contraire, que ces jeunes syriens aient aujourd’hui, à Alep, à Damas et ailleurs et comme partout chez nous,en Occident, des cafés, restaurants, boîtes et nombreux lieux de rencontre de leur âge où ils peuvent, filles et garçons ensemble au moins pour quelques heures, et oublieux des événements, respirer, chanter, danser et …se parler …Il n’y a pas tant de pays arabes aujourd’hui à part le Liban peut–être qui leur offrent ces instants de liberté !
Et que peuvent-ils faire dans la complexité de leur situation, sinon essayer d’oublier en dansant la guerre civile qui se profile à leur horizon ?
De plus il est étrange que Madame Seurat qui n’est en Syrie que de temps à autre et pas sur le terrain, profond, ne s’interroge pas , mais pas une minute, sur ce fait avéré que ce n’est pas toute la Syrie qui se soulève et qui adhère au programme d’ailleurs indéfini d’oppositions disparates ! Plus de 20 millions d’habitants, ruraux comme citadins, bédouins aussi de la steppe lointaine, villageois comme grands commerçants et artisans, gens de service réduits au chômage et qui sont plus préoccupés de trouver de quoi survivre. Une majorité qui ne bouge pas, ou qui fuit les combats, contre une minorité de groupes, ici et là, se regroupant dans des régions particulières, une population tout entière qui sombre dans une crise économique renforcée par ces sanctions iniques !
Et enfin, pas un mot de réprobation pour l’insupportable ingérence occidentale récurrente, constante, dans les affaires syriennes et aucune allusion à la très réelle machination US mais relayée par les politiciens européens, destinée à affaiblir toute la région quand s’approche le temps de s’opposer aux désirs d’Etat des Palestiniens et le temps de faire diversion en agitant le « danger du nuclaire iranien !
Marie Seurat révoltée,dont nous reconnaissant la sincérité et le courage, se dit non spécialiste du fait politique et des analyses géopolitiques. Elle dit encore qu’elle agit comme elle le sent, intuitivement !
Très bien…mais est-ce suffisant ? Est-elle si sûre de ne pas être aussi de ces trois singes qui ne voient, n’écoutent et ne regardent que ce qui les arrangent !
Est si facile de tout comprendre, de se retrouver dans cette géopolitique si manipulée et depuis si longtemps !
Est –t-elle si crédible quand elle ne doit pas se donner de mal pour aller dénoncer toute sa communauté chrétienne syrienne angoissée et peut-être en perdition, à nous autres, étrangers à l’affaire, et dans un discours si politiquement correct qu’il ne peut que nous plaire, à nous et à nos médias complaisants !
Sait-elle combien, par contre il sera difficile à ces « chrétiens angoissés » tout comme aux autres Syriens moins médiatisés, de dire, avec leurs bouches à eux, les raisons de leur angoisse ! de témoigner avec leurs yeux à eux et comme le pasteur protestant traité de menteur, de ce qu’ils voient même si c’est différent de ce que voient les opposants et ce que nous disent les seuls relais complaisants (OSDH et consorts).
S.lafleuriel-Zakri