Les pays occidentaux ne sont pas prêts d’aider la Russie à apaiser la situation en Syrie
août 20, 2012
Konstantin Garibov
Les partenaires occidentaux de la Russie pour le « groupe d’action » sur la Syrie ne sont pas en mesure d’aider la Russie à instaurer le calme dans le pays. La rencontre, prévue à cet effet vendredi avec la participation des représentants des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, la Turquie, l’Irak, le Koweït, le Qatar et l’UE a été reportée à une date indéfinie.
C’est la Russie qui a proposé d’organiser cette rencontre à l’ONU au niveau des Ambassadeurs. Moscou a préparé un projet de déclaration, dans lequel le gouvernement russe a formulé ses initiatives : appeler les parties belligérantes d’instaurer un cessez-le-feu dans les plus courts délais et exiger d’elles de désigner des représentants qui puissent mener des négociations de paix.
Certains membres du « groupe d’action » ont exprimé leur volonté de participer à cette réunion pour discuter du document russe. Mais les représentants des pays occidentaux participant à ce groupe ont affirmé qu’ils ne sont pas prêts à le faire, prétextant des arguments différents. Le représentant de la Russie à l’ONU Vitali Tchourkine n’a pas précisé quels étaient leurs arguments, mais apparemment, ce serait « pour des raisons éthiques ». Toutefois, la réaction des pays occidentaux à l’initiative russe est assez transparente.
« Les Etats-Unis et leurs alliés, la France et la Grande-Bretagne, sont en train d’induire en erreur la communauté internationale », commente Andreï Volodine, directeur du Centre des recherches orientales de l’Académie diplomatique auprès du ministère des Affaires étrangères. « Et puis soudain, lorsque la communauté internationale va découvrir qu’elle fait fausse piste, elle va commencer à se réveiller. Il faut donc continuer à fournir des efforts pour résoudre le conflit syrien, comme le font les diplomates russes, chinois et leurs alliés proches ».
L’Occident n’a pas répondu à l’initiative de la Russie de faire pression sur les deux côtés du conflit syrien, car les occidentaux mènent dans le pays leur propre jeu. Ils sont en train de renforcer le soutien militaire de l’opposition pour renverser le gouvernement légitime de la Syrie. Cette semaine, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a effectué une tentative de mettre sur pied une nouvelle coalition anti-syrienne avec la participation de la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne et la Turquie. Lors d’une téléconférence, ces pays ont décidé de prendre des mesures coordonnées pour fournir une aide supplémentaire à l’opposition syrienne. Pour renverser le régime de Bachar al-Assad, les rebelles obtiendront de l’étranger des munitions, des moyens de communication, et l’information fournie par des services de renseignement. Par ailleurs, de nouveaux groupes de mercenaires seront envoyés dans la zone. Il y a un an, le même scénario était déjà utilisé pour renverser le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.
« Il s’agit d’un désir sincère de répéter le scénario libyen », est persuadé Boris Dolgov, expert de l’Institut des études orientales de l’Académie russe des sciences. « D’ailleurs, Clinton a parlé récemment de la possibilité de création d’une zone d’exclusion aérienne. C’est un appel réel à une intervention armée en Syrie ».
D’ailleurs, deux célèbres chefs de guerre libyens ont rejoint récemment les mercenaires étrangers pour leur aider l’opposition armée à renverser Bachar al-Assad. Ces militaires dirigeaient les troupes d’assaut lors de la prise du palais présidentiel de Mouammar Kadhafi à Tripoli.
Vendredi, la chaîne Al Arabiya, citant une source américaine, a indiqué que l’opposition syrienne a obtenu 14 systèmes portatifs de défense aérienne « Stinger ». Ils ont été transférés en Syrie depuis la Turquie. La même source a indiqué que les Etats-Unis et la Turquie sont au courant de ce transfert d’armes, qui serait financé par l’Arabie Saoudite. L’expert du centre d’étude du Moyen-Orient à Saint-Pétersbourg Alexandre Sotnitchenko prévient que ce jeu des pays occidentaux risque de mettre la Syrie en feu, et ne contribue en aucun cas à la mise de ce pays sur le chemin de la démocratie.
« L’aide financière massive à l’opposition syrienne contribuera au départ obligé de Bachar al-Assad. Mais à ce moment là, une véritable guerre civile va commencer en Syrie ».
Le scénario de l’ingérence par la force depuis l’extérieur pour résoudre la crise syrienne n’a pas trouvé de soutien lors du sommet de l’Organisation de la Coopération islamique, reconnaît son Secrétaire général, Ekmeleddin Ihsanoglu.
Vendredi, le diplomate algérien Lakhdar Brahimi a été nommé au poste de l’émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie. Il va continuer le travail de Kofi Annan, qui prendra sa retraite à la fin d’août. Moscou espère que Lakhdar Brahimi aidera le travail du « groupe d’action » sur la Syrie.