50 000 militaires américains toujours en Irak
décembre 4, 2012
Propos recueillis par Abdulilah al-Rawi (Afrique Asie – décembre 2012)*
Le cheikh Harith al-Dari, descendant d’un des plus célèbres dirigeants de la Révolution de 1920 contre les Britanniques, est considéré comme le chef spirituel de la résistance irakienne. Il est secrétaire général de l’Association des Oulémas Musulmans d’Irak et porte-parole du Front du Djihad et du Changement regroupant plusieurs organisations combattantes. Il vit en exil depuis 2006, poursuivi à Bagdad pour« incitation à la violence ». Le journaliste et opposant irakien Abdulilah al-Rawi s’est entretenu avec lui à Amman. Questions :
Q. Qu’en est-il aujourd’hui de la résistance irakienne ?
Les organisations de la résistance nationale, dans leur majorité, sont présentes sur la scène irakienne. Elles réagissent à tout évènement y survenant. Leur raison d’être étant de combattre l’occupation, elles ne déposeront les armes qu’après la victoire finale. Il faut savoir qu’en dépit du retrait du gros des troupes étasuniennes, l’occupation se poursuit. Il reste en Irak environ 50 000 militaires et mercenaires américains sous des dénominations, des uniformes ou des attributions divers.
Il faut savoir aussi, qu’en parallèle, la résistance fait face à une autre occupation: celle de l’Iran qui se manifeste sur les organes de l’Etat dans les domaines sécuritaire, politique et économique. L’Iran, aidée d’alliés locaux, contrôlent totalement les choix politiques du régime, et ceci dans le cadre d’arrangements non déclarés avec les Etats-Unis.
La résistance se poursuivra donc jusqu’au départ de tous ceux qui s’immiscent dans les affaires du pays, quels que soient leur nationalité, leurs objectifs ou leurs projets. Elle ne s’arrêtera pas, quoiqu’en disent certains, mal intentionnés.
Q. Justement, le temps n’est-il pas venu d’unifier les rangs de la résistance irakienne?
Je tiens à préciser que la résistance irakienne, sous des dénominations différentes, est unie. La bataille et des objectifs communs concourent dans ce sens. La bonne entente entre unités combattantes en est le reflet. La résistance a besoin d’aide dans tous domaines, et de soutien, pas de ceux qui font commerce de son nom car ils ont un effet nocif sur son image et son développement.
Q. Qu’en est-il de l’Armée irakienne libre dont la création a été annoncée par des médias arabes?
Il n’existe pas d’armée portant ce nom en Irak. Il s’agit d’une rumeur sans fondement réel, lancée par des individus vivant hors d’Irak. La nouvelle a été reprise par les organes d’information et les services de sécurité du régime de Maliki à des fins de manipulation confessionnelle, pour exciter leurs partisans. Ces derniers croient maintenant qu’il existe en Irak une véritable armée ennemie contre laquelle ils doivent se préparer à lutter, qu’il faut serrer les rangs derrière Maliki !
A ce que je sais, la personne à l’origine de cette affaire s’est rétractée dès qu’elle a appris que l’information était fausse et qu’elle était utilisée par Maliki et des confessionnalistes pour créer des fitna (divisions) en Irak.
* Afrique Asie n° 85, p. 42