Avec les « armes chimiques » en Syrie, l’empire US nous refait le coup des « armes de destruction massive » irakiennes comme prétexte à une nouvelle agression .
décembre 4, 2012
Un cow-boy et un désinformateur : toute cette nouvelle offensive médiatique reposerait sur de mystérieux renseignement parvenus à Washington et selon lesquels, selon la formulation technique de l’AFP, « Damas serait en train de mélanger les composants nécessaires à la militarisation du gaz sarin« , utilisé dans le conflit irako-iranien des années 80. Qui sont les informateurs de la Maison-Blanche ? Des opposants basés à Doha au Qatar, peut-être ?
Le ministre jordanien des Affaires étrangères, Nasser Judeh, qui se trouvait justement en visite chez le protecteur – ou donneur d’ordres – américain, a rebondi avec servilité sur la déclaration du président américain, estimant que l’usage par Damas d’armes chimiques « changerait la donne » et justifierait une intervention internationale.
Le gouvernement syrien n’a pu que répéter que ce qu’il avait précédemment déclaré sur le même sujet, à savoir qu’il n’utiliserait jamais de telles armes contre son peuple, les réservant à des agresseurs étrangers.
Comment analyser cette nouvelle escalade déclamatoire américaine ? Comme une continuation, bien sûr, de la guerre contre la Syrie (et l’Iran et le Hezbollah). Mais par d’autres moyens que la guerre réelle. Tout ceci – qu’on pourrait résumer par la formule « de la fumée sans feu » – s’inscrit dans le même processus de pression – psychologique autant que diplomatique – sur les milieux militaires et politiques syriens, pour leur signifier qu’ils ont toujours dans le collimateur de l’axe occidental, avec une épée de Damoclès, judiciaire sinon militaire, au-dessus de leurs têtes. Mais nous pensons que les milieux dirigeants ne se laisseront pas impressionner, d’autant qu’ils savent qu’ils n’ont rien à espérer de leurs ennemis.
Leurs ennemis qui, sur le terrain, font certes chaque jour des dégâts, mais n’avancent pas, ni géographiquement, ni militairement, ni politiquement. Et ce patinage sanglant explique sans doute en partie les menaces médiatiques de l’administration Obama. Qui n’enverra pas les boys en Syrie, alors qu’elle doit le retirer d’Afghanistan et que le souvenir de l’Irak, de la Somalie, et aussi du Viet-Nam reste prégnant dans l’opinion américaine.
Une fois de plus, Washington et ses relais, incapables de passer à l’acte, se réfugient dans la guerre psychologique à la petite semaine, histoire de maintenir un minimum syndical de pression – et de sauver la face. C’est à ce registre qu’appartient la dernière déclaration du secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, selon qui l’opposition progressait « chaque jour politiquement et militairement » et le régime syrien pouvait tomber « à n’importe quel moment« . N’importe quand, ça peut donc aussi être dans un avenir lointain. On ne poussera pas plus loin l’exégèse et on se contentera de rappeler que M. al-Arabi n’est, après tout, qu’un salarié de l’émir du Qatar.
Poutine visé par les Patriots
Un certain nombre des lecteurs d’Infosyrie trouvent Poutine « mou du genou » sur la Syrie. C’est faire bon marché de l’action diplomatique – fondamentale – – et de l’aide technique et militaire – non négligeable – des Russes en faveur de la Syrie depuis un an et demi. La manière russe, dénoncée globalement comme brutale par essence par les milieux atlantistes de France et d’ailleurs, privilégie la forme, une forme respectueuse des procédures internationales de négociation, qui souligne a contrario l’activisme et l’agressivité des Occidentaux sur le dossier syrien.
Au fond toute l’action de Poutine et de Lavrov depuis un vingtaine de mois consiste à démontrer au monde que Washington et ses alliés ne veulent ni la paix, ni la démocratie, ni le dialogue, pas plus que n’en veulent la majorité des rebelles sévissant en Syrie. Cette stratégie doit évidemment être complétée par une aide militaire et économique concrète. Elle existe,même si elle et peu médiatisée. Poutine, considéré comme un cosaque par nos « élites », veut corriger cette image, et rappeler à l’opinion internationale que la paix dans le monde – et au Proche-Orient – est d’avantage menacée par les cow-boys que par les cosaques!