Aller à…
RSS Feed

A Alep, on vend son électroménager pour acheter à manger


 

ASSAWRA          Site du Mouvement démocratique arabe

« Résister à l’occupation, c’est vivre libre »

 

 

Inscription à notre liste de diffusion: « Assawra »

Assawra1-subscribe@yahoogroupes.fr

 

lundi 25 mars 2013, par La Rédaction

Abou Ahmad est venu vendre son ventilateur, l’un des rares biens qu’il a pu sauver de Baba Amr, quartier martyr de Homs dans le centre de la Syrie. Comme lui, pour pouvoir manger, de nombreux civils vendent désormais leurs objets personnels sur un marché d’Alep.
Déplacés venus d’autres régions en guerre, comme ce couturier de 30 ans père de deux enfants, ou habitants de la capitale économique du nord syrien, ils sont des dizaines à brader chaque jour les quelques biens qui leur restent pour nourrir leur famille.
« Les gens vendent en premier lieu du matériel électronique puisque de toute façon il n’y a plus d’électricité », affirme Mohammad, 52 ans, un revendeur qui sillonne les maisons de son quartier pour récupérer des objets afin de pourvoir aux besoins de ses onze enfants.
Un peu plus loin, Ahmad propose aujourd’hui deux raquettes de badmington et une télévision que lui a vendue son voisin. « Quand je suis venu la chercher, ses enfants se sont mis à pleurer », confie-t-il.
Mais il sait déjà qu’il ne tirera pas une fortune de cet imposant poste à tube cathodique. « Cette télévision ne vaut plus rien. Un poste qui se vendait 3.000 livres syriennes (environ 30 dollars) ne vaut pas plus de 1.000 (environ 10 dollars) aujourd’hui, à cause de l’absence d’électricité », dit-il.
En haranguant la foule qui s’est formée autour de son stand, il lance : « Quelqu’un ici a-t-il 2.000 livres syriennes (environ 20 dollars), juste 2.000 livres ? ». Personne ne répond.
A Alep, le peu d’argent gagné à chaque vente est vite dépensé. A deux pas du stand d’Ahmed, un garçonnet a installé son étal… de bougies. Si les coupures d’électricité on fait le malheur des vendeurs d’électroménager, les ventes de bougies sont montées en flèche.
Autour d’eux, dans une station-essence désaffectée du quartier de Salhine (nord-est), installés au pied des pompes vides, des dizaines d’hommes et d’enfants négocient le prix de quelques objets étalés sur un morceau de tissu à même le sol, entre deux vendeurs de pigeons et de volailles.
Au milieu de la fumée de petits barbecues installés par des vendeurs de kebabs et de galettes frites, d’antiques postes de radio côtoient des plats en fer, des plaques de cuisson, des boîtiers de serrures ainsi que des chaussures usées.
Ce marché, Souk al-Khamiss (le marché du jeudi, en arabe), a longtemps été connu à Alep sous un autre nom : Souk al-Haramiyé, le Marché des voleurs, parce qu’on a longtemps pu y trouver toute sorte de contrefaçons et des marchandises à l’origine douteuse.
Aujourd’hui, c’est le repaire des désespérés, le dernier endroit où l’on peut espérer gagner quelques billets pour survivre dans la métropole touchée il y a neuf mois par les combats et où les prix ont depuis flambé.
« Tout le monde est au chômage, le nombre de sans-emploi était déjà très élevé avant la révolution, mais maintenant cela a atteint des niveaux inimaginables. Avec les bombardements, personne n’est sûr de revenir vivant du travail, c’est pour cela que les gens bradent leurs derniers biens », affirme Abou Bakri, venu en spectateur assister aux échanges serrés entre les vendeurs et leurs rares acheteurs.
Un peu plus loin, silencieux et un peu honteux, Saleh, 16 ans, la tête baissée et enfouie dans ses épaules, sort maladroitement un vieil appareil photographique de son étui en cuir.
« Personne ne travaille à la maison et mon père est mort, je suis venu vendre cet appareil pour nourrir mes frères et soeurs », raconte-t-il, gêné.
Aujourd’hui, un seul acheteur s’est présenté et il a proposé au jeune homme 100 livres syriennes (un dollar), le prix d’un kilo et demi de tomates.

(25-03-2013 – Avec les agences de presse)

Pétition
Non au terrorisme de l’Etat d’Israël

 

0 0 votes
Évaluation de l'article

S’abonner
Notification pour

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x