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A la recherche d’une opposition démocratique en Syrie…


Par

Paul LG

 

A en croire la prose de nos grands médias et de leurs satellites — on pense en particulier au blog du Monde « Un oeil sur la Syrie » —, il n’existerait plus qu’une seule opposition syrienne, l’Armée syrienne libre. Ceux ayant refusé de prendre les armes étant nécessairement à la botte du régime. L’Armée syrienne libre est systématiquement lavée de tout crime, alors que le gouvernement syrien, ledit « régime », est accusé des pires exactions : « massacres » par bombardements, attaque de boulangeries et d’enfants [1]. On continue à parler de « répression », comme s’il s’agissait encore d’un soulèvement spontané et pacifique. On oublie de dire que les mortiers qu’emploient les rebelles tuent aussi, et pas que des militaires. Sans compter les attaques terroristes.[2] Par contre, que les rebelles syriens arment des enfants, comme la brigade Daraa al-Thawra, cela ne les fait pas frémir [3]. Qu’ils soient armés par l’Arabie Saoudite, le Qatar et la France, ainsi que soutenus par la Turquie, cela ne les dérange pas. Qu’il y ait dans leurs rangs des djihadistes venus de tous les pays, notamment des Balkans ou de Tchétchénie, ils vous feront encore croire qu’il reste une once de démocrates parmi les combattants de l’ASL [4]. Le comble, c’est qu’ils n’avaient rien dit en apprenant que le journaliste Gilles Jacquier fut victime des rebelles, alors qu’ils accusaient en choeur le gouvernement syrien [5].

Le discours à la mode maintenant est de faire croire à une « islamisation » de la rébellion. La rébellion est islamisée depuis longtemps déjà, mais les filtres médiatiques ne suffisent plus à le masquer. Alors on accuse le gouvernement syrien de vouloir rester en place, et d’être responsable de la radicalisation des islamistes. Les vrais responsables, à l’évidence, sont ceux qui ont militarisé une protestation à l’origine démocratique et progressiste, la faisant glisser vers une guerre civile [6]. Seuls les groupes ayant reçu des armes et d’autres types de soutien de la part des monarchies islamistes du Golfe ont pu tirer leur épingle du jeu. A quoi fallait-il s’attendre ?

En effet, les Frères musulmans syriens, qui tiennent le haut du pavé, se gardent bien de financer leurs concurrents. Cela crée des tensions entre islamistes, comme on l’a vu fin août : Le Conseil révolutionnaire d’Idlib demandait aux Frères musulmans et au Conseil national (CNS) de bien vouloir financer les groupes rebelles en fonction de leur importance, et non plus selon leurs affinités idéologiques [7]. L’on voit aisément comment fonctionne la rébellion, et il faudrait être bien crédule pour croire que l’opposition démocratique aurait pu prendre les armes sans disparaître aussitôt, alors même que les puissantes brigades d’Idlib en sont encore à mendier auprès de leurs amis islamistes.

Pourtant, cette opposition démocratique et pacifique existe toujours. Elle est systématiquement oubliée ou dénigrée par les journaleux de l’OTAN, mais elle n’en reste pas moins très présente.

La bonne tenue de cette conférence, ouverte à tous les dirigeants de l’opposition, montre que l’option militaire est loin d’être la seule possible. Les djihadistes de l’Armée syrienne libre et les autres groupuscules fondamentalistes n’ont évidemment aucun intérêt à laisser cette opposition démocratique se renforcer, et l’ont immédiatement accusée de complaisance à l’égard du gouvernement. Il devient pourtant clair, à mesure que se développe la violence en Syrie, et alors qu’apparaissent les premières milices [11], que seule une solution négociée pourra éviter les cicatrices irréparables d’une guerre civile prolongée.

Paul LG

Source : http://www.mjcf33.org/a-la-recherche-d-une-opposition-democr…

1. « Alors que les massacres succèdent aux massacres, faisant comme à Daraya plus d’un millier de morts, que des files d’attente devant les boulangeries sont bombardées quotidiennement et que les actes les plus abominables sont perpétrés sur des enfants… » a écrit Ignace Leverrier, « ancien diplomate » paraît-il.

2. Une attaque de mortier revendiquée par Ansar Al-Islam fait 3 morts civils à Damas, place des Abbassides. Les victimes n’ont pas eu les faveurs du journal Le Monde, qui ne s’est pas gêné pour dénoncer les bombardements du gouvernement et parler de « massacre ». Leurs éditorialistes ne se sont pas davantage émus des 12 morts et 48 blessés victimes d’une attaque à le bombe lors de l’enterrement de deux personnes, elles-mêmes victimes d’une voiture piégée.

http://angryarab.blogspot.fr/2012/08/update-from-damascus-ak…
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2012/08/26/97001-20120826F…

3. http://syriasurvey.blogspot.fr/2012/08/determining-rebel-ide…

4. http://rt.com/news/british-jihadists-fighting-syria-360/
http://www.guardian.co.uk/world/2012/sep/23/syria-foreign-fi…

5. http://www.leparisien.fr/crise-egypte/syrie-gilles-jacquier-…

6. http://www.humanite.fr/monde/haytham-manna-%C2%ABles-groupes…

7. http://syriasurvey.blogspot.fr/2012/09/the-idlib-revolutiona…

8. http://www.nytimes.com/2012/09/06/world/middleeast/06iht-m06…

9. http://rt.com/news/syria-opposition-conference-meeting-788/

10. http://www.cf2r.org/images/stories/RR/rr11-syrie-une-libanis…

11. http://www.joshualandis.com/blog/?p=15979

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