Alep libérée, les anti-Assad reviennent vers le président syrien
janvier 10, 2017
Alep libérée, les anti-Assad reviennent vers le président syrien
Est-ce le coup de grâce pour ce que l’Occident qualifie depuis 2011 d’opposition syrienne ? En tout état de cause, cela en a tout l’air. « L’opposition syrienne » a reçu ces deux derniers jours un double coup : le premier, lorsque Nawaf al-Bachir, chef de la plus grande tribu de Syrie, a annoncé avoir renoué avec le président syrien, Bachar al-Assad.
Raï al-Youm se penche sur cette « repentance tonitruante » et reconnaît le rôle qu’a joué la libération d’Alep dans le retour d’al-Bachir dans le giron de l’État syrien.
« Après la reprise d’Alep, les défections dans les rangs de l’opposition se multiplient et les grandes figures demandent à rallier le processus de réconciliation nationale. C’est une très mauvaise nouvelle pour les parties qui soutiennent l’opposition syrienne puisque cela ressemble au début de la fin. Les membres de la diaspora syrienne qui ont décidé de rejoindre l’opposition anti-Assad s’en mordent les doigts puisqu’ils ont d’ores et déjà perdu le soutien d’Ankara. »
Pour le journal, le retour d’al-Bachir dans le camp d’Assad est « le meilleur des cadeaux » qu’on aurait pu faire au président syrien au seuil des pourparlers d’Astana, qui devraient réunir fin janvier les représentants de Damas et une délégation composée des représentants de dix groupes armés. Et ce, d’autant plus que Riyad brillera par son absence lors de ces pourparlers.
Pour le journal, ce n’est pas uniquement la place qu’occupe Nawaf al-Bachir au sein de la société syrienne et de sa tribu qui fait de son virage pro-Assad un événement, c’est surtout « la nature de ses propos » : « Al-Bachir a affirmé avoir tourné le dos à Assad sur la base de faux renseignements. Il a dit que « les opposants syriens ne sont que des outils entre les mains des parties étrangères et que le fait de les armer constitue une très grave erreur, erreur dont tout le peuple syrien a fait les frais. » Ces propos ne laissent aucun doute : al-Bachir est rentré dans les rangs et reconnaît de nouveau l’autorité d’Assad.
Plus loin, le texte relève le cas d’un autre opposant syrien, le dénommé Michel Kilo. Dans un enregistrement audio attribué à Kilo, ce dernier accuse les Saoudiens de n’avoir ni le patriotisme ni le sentiment d’appartenir à une histoire ou à une religion. Kilo accuse aussi dans ce fichier l’Arabie saoudite d’avoir semé le chaos en Syrie.
Le journal évoque plus loin le cas du journal de l’opposition syrienne Tishreen et de sa célèbre journaliste Samira al-Masalmeh, renvoyée pour avoir adressé un message au président du comité juridique de la coalition des opposants. La journaliste critique dans son message l’absence de liberté d’expression dans les rangs des opposants, alors qu’il s’agit précisément du motif invoqué par l’opposition pour se rebeller contre Assad et réclamer sa destitution. La journaliste affirme que l’opposition syrienne a perdu « sa foi » et « son chemin ».
Raï al-Youm estime que le séisme qu’est la libération d’Alep a provoqué une onde de choc qui semble faire tomber pierre par pierre l’édifice de l’opposition syrienne : « Après l’adhésion de la Turquie au camp Iran/Russie, il faut s’attendre à ce qu’un plus grand nombre de figures du camp anti-Assad quittent les rangs de l’opposition. »