Après l’avoir nié, l’Irak reconnaît détenir des suspects de « terrorisme » pendant des mois
juillet 23, 2018
France-Irak Actualité : actualités sur l’Irak, le Proche-Orient, du Golfe à l’Atlantique
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Publié par Gilles Munier sur 23 Juillet 2018, 06:52am
Catégories : #Irak, #Mossoul, #Droits de l’homme
Revue de presse : L’Orient-Le Jour et AFP (22/7/18)*
Les services de sécurité irakiens ont reconnu retenir des centaines de suspects de « terrorisme » durant des mois, indique dimanche Human Rights Watch (HRW) qui appelle les autorités à améliorer leurs conditions d’incarcération et à informer leurs familles.
Le Service de la sécurité nationale (NSS), qui dépend du Premier ministre, a dit détenir « le 4 juillet » dans un centre dans l’est de Mossoul, l’ancienne « capitale » du groupe Etat islamique (EI) dans le nord de l’Irak, « 427 hommes, dont certains depuis plus de sept mois », affirme un communiqué de l’ONG de défense des droits de l’Homme.
Après avoir nié l’existence de prisons, le NSS a finalement autorisé HRW à visiter un centre de détention récemment construit « présentant de meilleures conditions mais toujours surpeuplé », selon HRW qui demande aux autorités de révéler le nombre de centres de détention.
L’ONG indique avoir rencontré un homme – « Faisal Jeber, archéologue de 47 ans » – brièvement arrêté en avril et passé par un précédent lieu de détention à proximité où « les détenus n’avaient accès ni à un avocat, ni à leur famille ni à des soins ». Il ajoute que les détenus n’ont accès aux sanitaires qu’une fois tous les deux jours.
M. Jeber a en outre dit avoir rencontré des personnes détenues depuis « quatre mois jusqu’à deux ans ». Un officier du NSS a confirmé à HRW, sous le couvert de l’anonymat, que certains détenus l’étaient depuis « plus d’un an », soit avant la fin de la bataille pour reprendre Mossoul aux jihadistes.
Chaque jour, les deux tribunaux antiterroristes d’Irak – près de Mossoul et à Bagdad – jugent des dizaines de personnes suspectées d’appartenance à l’EI. Selon les chercheurs, 20.000 personnes auraient été raflées depuis que l’EI s’est emparé d’un tiers de l’Irak en 2014.
« Les autorités doivent libérer les enfants qui n’ont pas encore été inculpés », plaide HRW dans son communiqué. Et « faire tout ce qu’il faut pour s’assurer que les familles savent ce qui est arrivé à leur proche », réclame Lama Fakih, numéro deux de HRW pour le Moyen-Orient.
A Mossoul, chaque semaine, des familles manifestent pour connaître le sort de leurs disparus. Rencontrées par l’AFP, plusieurs familles affirment être sans nouvelle de pères, de frères, de maris, qu’elles disent innocents mais raflés dans le chaos de la bataille et risquant désormais la prison pour « terrorisme ».
M. Jeber, toujours cité par HRW, fait en outre état de « tortures » et d’au moins « un détenu mort de tortures ». Le NSS a démenti le recours à la torture et affirmé qu’il y avait eu « des cas de décès très limités, documentés par la justice ».
*Source : L’Orient-Le Jour
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