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Après les drones-tueurs: les robots tueurs…


Après les drones-tueurs: les robots tueurs…

Publié par Gilles Munier

13 Mai 2014,

Ces armes entièrement autonomes menacent les droits humains en temps de paix comme en temps de guerre.

Communiqué de Human Right Watch (Genève – 12/5/14)*

Les armes entièrement autonomes, ou « robots tueurs », mettraient en péril les droits humains fondamentaux, qu’elles soient utilisées en temps de guerre ou pour l’application de la loi, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd’hui, à la veille de la première réunion multilatérale sur le sujet aux Nations Unies.

Le rapport de 26 pages, intitulé « Shaking the Foundations: The Human Rights Implications of Killer Robots » (« Fondements ébranlés : Implications en matière de droits humains du recours aux robots tueurs »), est le premier rapport qui évalue en détail les risques présentés par ces armes au cours des opérations d’application de la loi, en élargissant le débat au-delà du champ de bataille. Human Rights Watch a constaté que les armes entièrement autonomes menaceraient des droits et des principes au regard du droit international aussi fondamentaux que le droit à la vie, le droit à un recours et le principe de la dignité.

« Le jugement humain reste indispensable pour toute décision concernant le recours à une arme mortelle, qu’il s’agisse d’une situation de guerre ou d’application de la loi », a souligné Steve Goose, directeur de la division Armes à Human Rights Watch. « Les gouvernements doivent dire non aux armes totalement autonomes pour quelque but que ce soit, et les interdire préventivement dès maintenant, avant qu’il ne soit trop tard. »

Le débat international sur les armes entièrement autonomes a porté antérieurement sur leur rôle potentiel dans les conflits armés et sur les questions relatives à leur capacité à se conformer au droit international humanitaire, également appelé les lois de la guerre. Human Rights Watch, dans le nouveau rapport, examine l’impact potentiel des armes entièrement autonomes au regard du droit des droits humains, qui s’applique en temps de paix ainsi que durant les conflits armés.

Les pays devraient adopter une interdiction préventive internationale sur ces armes, qui seraient en mesure d’identifier et de tirer sur des cibles sans intervention humaine significative, selon Human Rights Watch. Les pays recherchent toujours une plus grande autonomie des armes et des précurseurs existent déjà.

La publication du rapport, conjointement avec Harvard Law School’s International Human Rights Clinic (Clinique des droits humains internationaux de la faculté de droit de l’Université de Harvard), coïncide avec la première réunion multilatérale sur ces armes. Un grand nombre des 117 pays qui ont adhéré à la Convention sur les armes classiques sont attendus à la réunion d’experts sur les systèmes d’armes autonomes létales, qui doit se dérouler aux Nations Unies à Genève du 13 au 16 mai 2014. Les membres de la Convention ont convenu lors de leur réunion annuelle en novembre 2013 de commencer à travailler sur la question en 2014.

Human Rights Watch estime que l’accord pour travailler sur ces armes dans le forum de la Convention sur les armes classiques pourrait éventuellement mener à une nouvelle législation internationale interdisant les armes totalement autonomes. La convention a préventivement interdit les lasers aveuglants en 1995.

Human Rights Watch est un membre fondateur et coordinateur de la Campagne pour interdire les robots tueurs (Campaign to Stop Killer Robots). Cette coalition de 51 organisations non gouvernementales dans une vingtaine de pays appelle à une interdiction préventive du développement, de la production et de l’utilisation des armes entièrement autonomes.

Human Rights Watch a publié son premier rapport sur le sujet, « Losing Humanity: The Case against Killer Robots » (« Une arme inhumaine : Les arguments contre les robots tueurs »), en novembre 2012. En avril 2013, Christof Heyns, le rapporteur spécial des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, a publié un rapport citant un large éventail d’oppositions à ces armes et a appelé tous les pays à adopter des moratoires nationaux et à entamer des discussions internationales sur la façon de les aborder.

Les armes entièrement autonomes pourraient être amenées à tuer des gens illégalement parce que les armes ne pourraient pas être programmées pour gérer toutes les situations, a constaté Human Rights Watch. Selon les roboticiens, il est peu probable que ces armes puissent posséder des qualités humaines, comme le jugement, qui facilitent le respect du droit à la vie lors de situations imprévues.

Les armes entièrement autonomes porteraient également atteinte à la dignité humaine, selon Human Rights Watch. Ces machines inanimées ne pourraient pas comprendre ou respecter la valeur de la vie, mais elles auraient le pouvoir de déterminer quand y mettre fin.

Des doutes sérieux existent quant à savoir s’il pourrait y avoir une obligation raisonnable de rendre des comptes pour les actions d’une arme entièrement autonome. Il y aurait des obstacles juridiques et pratiques à faire en sorte que quiconque – officier supérieur, programmeur ou fabricant – soit tenu pour responsable des actions d’un robot. Tant le droit pénal que le droit civil sont mal adaptés en la matière, a constaté Human Rights Watch.

« L’incapacité à tenir des auteurs d’abus liés aux robots tueurs responsables de leurs actes atténuerait la possibilité de dissuader les auteurs éventuels de futures violations », a observé Bonnie Docherty, chercheuse senior de la division Armes à Human Rights Watch et conférencière à la Clinique de Harvard ainsi que l’auteure du rapport. « Il serait très difficile pour les familles d’obtenir une sanction ou une réparation pour l’homicide illégal d’un membre de la famille par une telle machine. »

Les impacts des robots tueurs sur les droits humains viennent s’ajouter à une foule d’autres préoccupations juridiques, éthiques et scientifiques relatives à ces armes, notamment la possibilité d’une course à l’armement, la perspective de la prolifération et des questions sur leur capacité à protéger les civils de manière adéquate sur le champ de bataille ou dans la rue, a constaté Human Rights Watch.

Photo :

Guerre des machines en vue

http://www.paperblog.fr/5937217/terminator-guerres-des-machines-en-vue/

*Titre original :

Les forces de l’ordre ne devraient pas avoir accès aux « robots tueurs »

http://www.hrw.org/fr/news/2014/05/12/les-forces-de-lordre-ne-devraient-pas-avoir-acces-aux-robots-tueurs

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