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Attentats de Volgograd : la piste islamo-saoudienne ?


Le 1 janvier 2014

De longue date, la Russie entretient des relations complexes avec ces républiques musulmanes du Caucase…
boulevard Voltaire

À quelques semaines des Jeux olympiques d’hiver de Sotchi, Vladimir Poutine pensait avoir – médiatiquement s’entend – mis tous les atouts de son côté avec l’élargissement de l’oligarque escroc Mikhaïl Khodorkovski, des foldinguettes des Pussy Riot et des activistes stipendiés de Greenpeace.

Certains paraissent néanmoins bien disposés à gâcher la fête. Ainsi, le 29 décembre dernier, en gare de Volgograd, une femme se fait exploser au milieu de la foule. Bilan : dix-sept morts et des dizaines de blessés. Le lendemain, toujours dans la même ville, c’est une voiture piégée, avec à son bord un autre kamikaze – un homme, cette fois – qui tue dix passants et en blesse quinze autres. Si l’on en sait peu sur le second terroriste, l’identité de la première, elle, est désormais connue : il s’agit de la veuve d’un chef de guerre du Daguestan, Oksana Aslanova, tué naguère par les troupes russes.

De longue date, la Russie entretient des relations complexes avec ces républiques musulmanes du Caucase, bordant le sud de sa frontière. Persécutées du temps de l’URSS, toutes ont, peu ou prou, réintégré depuis le giron moscovite, Vladimir Poutine leur portant une attention toute particulière : elles offrent à la Russie sa profondeur géographique, lui procurent nombre de minerais rares en échange de la protection de la Rodina, la « Patrie », soit des intérêts croisés et réciproques bien compris.

Ces populations de confession musulmane, évaluées à une vingtaine de millions d’âmes, pratiquent un islam traditionnel, fortement teinté de soufisme ; ce, depuis le VIIe siècle. Ce qui a fait dire, en août 2012, à Vladimir Poutine : « L’islam fait partie intégrante de la société et de la culture russes. » Historiquement exact, malgré de récurrentes poussées de fièvre séparatiste, au Daguestan, donc, et en Tchetchénie, surtout.

Cet équilibre fragile – mais réel –, puisque ayant survécu à l’épreuve des siècles, des puissances telles que l’Arabie saoudite et les USA ne ménagent pas leurs efforts pour le rompre. Ce, depuis longtemps, pour des raisons différentes mais concordantes : rogner l’influence russe et propager celle de cet islam wahhabite, sorte de calvinisme musulman dont l’actuel équivalent chrétien demeure l’évangélisme… américain. Cette alliance qui pourrait passer pour contre-nature (voir à ce sujet l’entretien accordé par Jean-Michel Vernochet le 18 décembre dernier) remonte en fait à 1945 et a trouvé son application pratique durant la guerre d’Afghanistan, en 1979. Contre l’envahisseur soviétique, ce concept nouveau : remise à l’honneur du djihad militaire – dit « petit » djihad, alors que le « grand » consiste à lutter contre ses démons intérieurs –, le tout théorisé par le wahabbisme saoudien, financé par les pétrodollars de Riyad, avec l’appui logistique de la CIA, et mis en œuvre sur le terrain par des brigadistes musulmans venus du monde entier pour chasser l’ennemi impie.

On ne change pas une équipe qui gagne – ou qui perd, c’est selon. Les intérêts américains et saoudiens, eux, n’ont pas changé non plus. On l’a vu en Tchetchénie, en Bosnie et au Daguestan, donc : volontaires arabes, maghrébins, européens, et même chinois, formés par les services américains et financés par l’argent saoudien.

Le résultat ? Une déstabilisation progressive de ces républiques musulmanes, et surtout des ancestrales alliances conclues avec la puissance de tutelle, la sainte Russie éternelle.

Les premières victimes ? Les Russes musulmans qui ont tôt fait savoir, nous apprend le site franco-musulman ajib.fr, qu’ils collectaient de l’argent en masse pour venir au secours des victimes des attentats de Volgograd.

Pour l’instant, Vladimir Poutine, s’il a évidemment ordonné de dénicher les coupables, n’en a pointé aucun du doigt. Alors, oui, l’hypothèse de terroristes manipulés de Riyad en vaut bien une autre. Mais, à l’heure où ces lignes sont écrites, on n’en voit guère de plus plausible.

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