AUX SOURCES DU CHAOS MONDIAL ACTUEL
juin 24, 2018
Les coulisses de la Déclaration Rothschild-Balfour (2)
Aline de Diéguez
L’empire ottoman, ses acquisitions successives
Samedi 23 juin 2018
« Ne pas se moquer, ne pas déplorer, ne pas détester mais comprendre ».
Baruch Spinoza
Où l’on découvre que le complot vient de loin et qu’une meute de loups s’est déguisée en agneaux pour entrer dans la bergerie.
Dépeçage de l’empire ottoman
En 1917, la Palestine, faisait toujours partie de l’empire ottoman. Ni Balfour, ni tel ou tel membre de la tribu Rothschild n’en étaient donc propriétaires. Le gouvernement anglais n’avait aucune légitimité à en disposer ni pour le présent, ni pour l’avenir.
La date de la lettre Rothschild-Balfour (2 novembre 1917) correspond à celle de la victoire de l’armée britannique contre les forces ottomanes à Gaza. Cette victoire, décisive pour la réalisation du projet sioniste, a été obtenue grâce à l’appui des troupes arabes du chérif Hussein, de la Mecque.
Cette « Déclaration » et ses conséquences ne sont intelligibles que dans le cadre de la géopolitique de la région. Nous sommes, en effet, dans une de ces périodes charnières qui déterminent l’avenir du monde. La première guerre mondiale bat son plein. L’Allemagne et son allié, l’empire ottoman qui avait été puissant et glorieux jusqu’à la fin du 17e siècle, sortiront en lambeaux de la confrontation avec les alliés occidentaux, la France, l’Angleterre et les Etats-Unis. La défaite des Allemands et des Ottomans ouvrait alors la boîte de Pandore du démantèlement de ce gigantesque ensemble de nations trop diverses pour survivre éternellement dans un ensemble politique cohérent.
En effet, l’empire ottoman a été le plus vaste qui ait jamais existé et il est miraculeux qu’il ait duré un peu plus de six cents ans (1299-1923). La Turquie, son centre, pratiquement tout le pourtour sud de la Méditerranée, de la péninsule arabique jusqu’à l’Afrique du Nord – le Maroc excepté – mais aussi une partie de l’Europe centrale de la Bulgarie à la Grèce en passant par les Balkans, sans compter l’actuelle Arménie, l’Azerbaidjan et les territoires kurdes étaient sous sa domination.
Cet empire, dont les réseaux commerciaux et militaires s’étendaient jusqu’à la Chine, avait été une puissance politique et commerciale redoutable et prospère pendant des siècles. Mais au début du XXe, étranglé par les prêts accordés par la France et l’Angleterre et devenu « l’homme malade » de la région, il s’affaiblissait et pourrissait sur pied. Les territoires séparatistes de la périphérie en profitaient pour tenter de retrouver leur indépendance.
L’ouvrage du Professeur, peintre et poète Chérif Abdedaïm: Constantine, la saga des Beys (éditions Anep, 2015) offre une multitude d’exemples concrets qui permettent de comprendre les raisons internes de la décadence de l’empire ottoman. L’auteur analyse in vivo et avec une minutie quasiment chirurgicale à partir d’archives locales, comment une lutte acharnée pour le pouvoir entre des petits notables locaux corrompus, préoccupés par des babioles vestimentaires, des questions de préséance et de protocole, mais totalement indifférents au développement de la région dont ils ont la charge, fut le ver dans le fruit qui a conduit à la décadence, puis à la désintégration d’un empire trop vaste, mal géré et d’un pouvoir central décadent et trop lointain.
Profitant du chaos, la France et surtout l’Angleterre sont secrètement intervenues dans le jeu dès 1915 afin de tirer des avantages de ce chaos dans un Moyen Orient entré dans la zone de turbulence dont il n’est toujours pas sorti. C’est précisément à ce moment-là que la « question palestinienne », c’est-à-dire, en réalité, la colonisation de la terre palestinienne par des groupes de plus en plus nombreux de juifs sionistes venus d’Europe centrale, a pris la tournure dramatique qu’elle n’a plus quittée depuis un siècle. A ce stade le rôle du clan Rothschild, tant de la branche française – Edmond de Rothschild – que de la branche anglaise – Lionel Walter Rothschild – a été déterminant, sans oublier l’homme de l’ombre, la cheville ouvrière dans les coulisses, Chaïm Weizmann (voir texte précédent).
C’est alors que deux diplomates, l’anglais Mark Sykes et le Français François Georges-Picot sont entrés dans la danse. Ils travaillaient dans le plus grand secret depuis des mois à un projet de partage de l’ensemble du Moyen-Orient. Après un abondant échange de lettres durant toute l’année 1915 entre ces deux diplomates, les accords secrets dits « de Sykes-Picot » furent signés le 16 mai 1916.
Les deux négociateurs-comploteurs tablaient sur l’effondrement définitif de l’Empire ottoman et, au nom de leurs gouvernements respectifs, ils se partageaient secrètement le coeur du Moyen-Orient en dessinant à la règle sur une carte une ligne droite qui délimitait deux zones d’influence. Le nord, c’est-à-dire la Syrie actuelle et le Liban, seraient sous domination française, alors que l’Angleterre se réservait l’Irak et ses puits de pétrole. Une troisième zone était prévue pour la création – en principe – d’un futur grand Etat national arabe à partir de la péninsule arabique.
La promesse de la création de cet Etat national était la condition qui avait décidé le 5 juin 2016, le chérif de la Mecque de confier ses troupes à son fils Fayçal. Pour les Arabes, il s’agissait d’une guerre d’indépendance contre la Sublime Porte ottomane. La saga épique de ce qui fut connu sous le nom de « grande révolte arabe » a donné lieu à la rédaction d’un célèbre récit autobiographique fascinant et cruel, intitulé » Les sept piliers de la sagesse » . Son auteur, Edward Lawrence – dit Lawrence d’Arabie – membre des services de renseignements britanniques, donc au service de sa patrie, s’était néanmoins personnellement investi dans le mirage de restaurer l’empire arabe de Damas, disparu plus de mille ans auparavant et après cinq cents ans d’occupation turque.
Conformément à la réputation de perfidie d’Albion, Lawrence avait deviné que le souhait des Britanniques était simplement d’utiliser l’armée arabe sur le terrain. Cependant il a continué à s’investir pleinement dans le feu de l’action guerrière contre les Turcs aux côtés des troupes commandées par Fayçal – dont il goûtait la fougue et les séductions privées. Les Anglais combattraient les Ottomans au nord, alors que l’armée arabe de Fayçal les combattrait au sud . Ce dispositif permettait à l’Angleterre de contrôler le désir d’indépendance des Arabes, mais il était clair aux yeux de Lawrence – et la réalité le confirma – qu’elle n’avait nullement l’intention d’honorer ses promesses à Hussein, conformément au bon vieux dicton : les promesses n’engagent que ceux qui y croient. D’ailleurs pendant tout ce temps, le Cabinet britannique négociait l’envoi des juifs en Palestine avec les principaux responsables du mouvement sioniste international et son représentant anglais, Sir Lionel Walter Rothschild,
Il faut dire que l’Angleterre avait en face d’elle un interlocuteur particulièrement médiocre. Comme l’écrivait le consul britannique à Djeddah, Ryder Pollard, cité dans le site madaniya.info, le cheikh qui prétendait lancer une « Grande Révolution Arabe » était un homme » âgé, ambitieux, menteur, insignifiant, têtu, schizophrène, cupide et prétentieux, propulsé soudainement à un poste d’où il doit gérer des problèmes qu’il ne maîtrise pas « . La totalité du portrait savoureux de Jaafar Al Bakli est à déguster.
La victoire acquise, n’ayant donc plus besoin des Arabes, les Anglais se sont tournés vers les sionistes. C’est à ce moment-là que fut concocté entre le gouvernement anglais et le mouvement sioniste le message ambigu et aussi perfide à l’égard des Palestiniens que l’était à l’égard des Arabes la promesse de créer un grand royaume arabe. « Quand les armes se seront tues, vous pourrez obtenir votre Jérusalem « , aurait déclaré le ministre Arthur Balfour à Chaïm Weizmann .
Le 24 juillet 1923, était signé le Traité de Lausanne qui mettait définitivement fin à l’Empire ottoman et donnait naissance à la République de Turquie réduite à son territoire actuel, pendant que les autres provinces devenaient des Etats indépendants. Le dépeçage récent de feu la Yougoslavie est une réplique du tremblement de terre du Traité de Lausanne. Cette fois, c’étaient les Etats-Unis qui étaient à la manoeuvre. Pendant que les Européens babillaient sur les droits de l’homme qu’un dictateur serbe était censé bafouer vilainement, les Américains écrasaient Belgrade sous les bombes et se taillaient au Kosovo un petit pseudo Etat mafieux, non viable, mais en réalité constitué par la gigantesque base américaine de Camp Bondsteel opportunément édifiée à l’arrivée du gigantesque pipeline en provenance des champs pétrolifères de la mer Caspienne.
Les ancêtres de la Déclaration Balfour
D’innombrables études sur le sionisme situent sa naissance en 1897. Ne croirait-on pas que cette idéologie coloniale a surgi, armée et casquée, du génial cerveau de Theodor Herzl, telle Athéna la guerrière du crâne de Zeus? Le théoricien austro-hongrois, antisémite dans sa jeunesse et si virulent que le Führer allemand n’avait eu qu’à puiser dans ses formules-choc, aurait poussé, dans son non moins génial ouvrage inaugural, Der Judenstaat (« L’État des Juifs »), le célèbre cri de guerre de la déesse jaillissant du crâne de Zeus ouvert d’un coup de hache du dieu forgeron Héphaïstos. C’est ne rien connaître du contexte politique des événements et ne rien comprendre à la psychologie des peuples et à l’évolution des grands mouvements de l’histoire, qui toujours serpentent longuement dans les souterrains des psychismes et du temps avant d’apparaître à la lumière.
L’ouvrage de Herzl est venu au jour au moment où un sionisme d’essence principalement religieuse existait déjà puissamment depuis les temps les plus reculés dans certaines couches de la société et dans certaines régions du globe. Mais, entre le sionisme messianique des prophètes et le sionisme politique tardif de Herzl, des personnalités comme le médecin polonais Léon Pinsker (1821-1891) auteur en 1882 de la brochure Auto-émancipation et président des « Amis de Sion » ou le fondateur du sionisme social, Moshe Hess (1812-1885) ainsi que des rabbins influents comme le Prussien Tsvi Hirsh Kalisher (1795-1874) qui prônait un retour à Sion dans une perspective messianique, ou le Serbe Alkalaï Yehouda (1795-1874) ont préparé les esprits et labouré le terrain sur lequel Théodor Herzl a pu semer.
Un puissant mouvement sioniste d’essence talmudiste, héritier des grandes conversions au judaïsme des Kazars entre le VIIIe et le Xe siècle, existait donc depuis des décennies dans les zones d’expansion de ces populations après la disparition du royaume Kazar , c’est-à-dire en Europe centrale, en Pologne, en Russie ainsi que dans les marches des provinces asiatiques. Ces pays comptaient de puissantes communautés de fidèles du dieu biblique solidement encadrées par des rabbins, qui puisaient tout leur enseignement dans le Talmud.
Le rôle du Talmud
Cependant, ce sionisme-là n’était pas armé pour la récolte. Sans l’efficace action politique de Chaim Weizman auprès du gouvernement britannique et l’appui décisif des financiers de la City et de Wall Street, notamment de Bernard Baruch, ainsi que celui de l’influente loge maçonnique B’nai B’rith (Les fils de l’Alliance) fondée en 1843 à New-York – réservée aux seuls membres juifs -, sur les gouvernements américains successifs depuis la création de la FED, à partir de 1913, l’ouvrage de Theodor Herzl se serait couvert de poussière, oublié sur un obscur rayon de bibliothèque.
Je développerai dans un prochain texte par quels canaux politiques et psychologiques s’était opérée l’unification des communautés juives dispersées dans le monde entier et comment elles se nourrissaient des mêmes commentaires sur des commentaires de la fiction originelle, dans lesquels leurs notables religieux avaient déversé toute la haine et tout le mépris qu’ils éprouvaient à l’encontre des tenants d’autres dieux – notamment des chrétiens et des musulmans. Le concentré de détestation à l’égard de tous les goys – c’est-à-dire des non-israélites, le mot juif étant une création récente – et appelé Talmud, imprégnait profondément les cervelles.
Dans son courageux ouvrage l’historien Bernard Lazare – L’Antisémitisme – l’historien Bernard Lazare écrivait que « Le Juif qui suivait ces préceptes (ceux du Talmud) s’isolait du reste des hommes ; il se retranchait derrière les haies qu’avaient élevées autour de la Torah Esdras et les premiers scribes, puis les Pharisiens et les Talmudistes héritiers d’Esdras, déformateurs du mosaïsme primitif et ennemis des prophètes. Il ne s’isola pas seulement en refusant de se soumettre aux coutumes qui établissaient des liens entre les habitants des contrées où il était établi, mais aussi en repoussant toute relation avec ces habitants eux-mêmes. À son insociabilité, le Juif ajouta l’exclusivisme. »
Le triomphe du talmudisme dans les communautés juives est européennes constituait pour les rabbins et autres notables une manière d’unifier les esprits et de sauvegarder une identité nationale juive forte et autonome face au christianisme qui régnait alors en maître dans l’Europe occidentale et modelait les sociétés des différents Etats de cette région. Dans cet environnement social et politique, les juifs représentaient un groupe allogène, inassimilable et donc objet de rejet et de persécutions, ce qui ne manqua pas de se produire sporadiquement au fil des siècles.
A cette situation politique défavorable, les notables des communautés répondirent par l’auto-exclusion. A partir du XIIe siècle environ, un nouveau parti de zélotes bigots, bornés et ignorants, ennemi des sciences profanes qui avaient rayonné du temps de l’Espagne arabe, posa un lourd couvercle sur les cervelles et les enferma avec une férocité incroyable dans l’espace ratatiné du seul Talmud devenu l’alpha et l’omega de la vie des membres de la dispersion.
La tyrannie des Talmudistes
Les punitions à l’encontre des déviants étaient terribles. « Les Juifs (…) persécutèrent leurs coreligionnaires plus âprement, plus durement qu’on ne les avait jamais persécutés. Ceux qu’ils accusaient d’indifférence étaient voués aux pires supplices; les blasphémateurs avaient la langue coupée ; les femmes juives qui avaient des relations avec des chrétiens étaient condamnées à être défigurées : on leur faisait l’ablation du nez. » (Bernard Lazare, L’Antisémitisme)
Une des des victimes les plus célèbres de l’obscurantisme et de la tyrannie des talmudistes hollandais fut le philosophe Baruch Spinoza qui s’était permis de penser par lui-même alors que le Talmud est censé avoir tout prévu et tout décrit. En effet, le 27 juillet 1656, le philosophe fut ostracisé et frappé de l’infamie et de la malédiction du Herem, autrement dit, d’une mort sociale et religieuse.
Le jugement des talmudistes hollandais contre Baruch Spinoza:
le HEREM
Le terme » herem » signifie beaucoup plus qu’une exclusion de la communauté, équivalente à une excommunion dans le christianisme. Il induit la « destruction », l' »anéantissement » du renégat, au point que le philosophe a été réellement frappé d’un coup de poignard.
» Les messieurs du Mahamad vous font savoir qu’ayant eu connaissance depuis quelques temps des mauvaises opinions et de la conduite de Baruch de Spinoza, ils s’efforcèrent par différents moyens et promesses de le détourner de sa mauvaise voie. Ne pouvant porter remède à cela, recevant par contre chaque jour de plus amples informations sur les horribles hérésies qu’il pratiquait et enseignait et sur les actes monstrueux qu’il commettait et ayant de cela de nombreux témoins dignes de foi qui déposèrent et témoignèrent surtout en présence dudit Spinoza qui a été reconnu coupable ; tout cela ayant été examiné en présence de messieurs les Rabbins, les messieurs du Mahamad décidèrent avec l’accord des rabbins que ledit Spinoza serait exclu et retranché de la Nation d’Israël à la suite du herem que nous prononçons maintenant en ces termes:
A l’aide du jugement des saints et des anges, nous excluons, chassons, maudissons et exécrons Baruch de Spinoza avec le consentement de toute la sainte communauté d’Israël en présence de nos saints livres et des 613 commandements qui y sont enfermés.
Nous formulons ce herem comme Josué le formula à l’encontre de Jéricho. Nous le maudissons comme Elie maudit les enfants et avec toutes les malédictions que l’on trouve dans la Torah.
Qu’il soit maudit le jour, qu’il soit maudit la nuit, qu’il soit maudit pendant son sommeil et pendant qu’il veille. Qu’il soit maudit à son entrée et qu’il soit maudit à sa sortie.
Que les fièvres et les purulences les plus malignes infestent son corps. Que son âme soit saisie de la plus vive angoisse au moment où elle quittera son corps, et qu’elle soit égarée dans les ténèbres et le néant.
Que Dieu lui ferme à jamais l’entrée de Sa maison. Veuille l’Eternel ne jamais lui pardonner. Veuille l’Eternel allumer contre cet homme toute Sa colère et déverser sur lui tous les maux mentionnés dans le livre de la Torah.
Que son NOM soit effacé dans ce monde et à tout jamais et qu’il plaise à Dieu de le séparer pour sa ruine de toutes les tribus d’Israël en l’affligeant de toutes les malédictions que contient la Torah.
Et vous qui restez attachés à l’Eternel , votre Dieu, qu’Il vous conserve en vie.
Ce texte a été affiché dans tous les lieux d’Amsterdam où vivaient des juifs et envoyé dans les principales villes d’Europe où il y avait d’importantes communautés juives.
En 1948 Ben Gourion a tenté de faire lever ce » herem « , mais les rabbins de l’Israel actuel refusèrent.
Un fanatique juif issu des fidèles de la grande synagogue d’Amsterdam, située sur le quai du Houtgrach, a tenté de l’assassiner. Blessé, heureusement superficiellement, il a conservé durant de longues années son manteau troué par le poignard afin de garder sous les yeux les preuves des méfaits de tous les fanatismes, y compris et surtout de celui de ses co-religionnaires.
Près de trois siècles après la condamnation du philosophe, David Grün, alias Ben Gourion a tenté, en 1948, de faire lever ce « Herem », qui maudit le philosophe, y compris post mortem, mais les rabbins de l’Israel actuel s’y opposèrent. Le philosophe Baruch Spinoza demeure donc, depuis 362 ans, frappé de pestifération dans tout le monde juif par les rabbins contemporains.
Mais même cette sorte de police interne n’aurait pas été suffisante s’il n’avait existé durant des siècles un gouvernement central secret et puissant qui, grâce à une toile d’araignée d’envoyés, sorte de missi dominici expédiés dans le monde entier, contrôlait et dirigeait tous les détails la vie quotidien de chacune des communautés dispersées dans le monde entier qui ensemble constituaient la « Nation d’Israël », comme il est dit en toutes lettres dans le texte du Herem.
Les sionistes célèbres en action
Il a donc suffi qu’un médiocre journaliste et homme de Lettres, aigri par ses échecs professionnels d’intégration en France et en Allemagne, ainsi que par un mariage raté et tumultueux – Theodor Herzl, ci-devant antisémite notoire, pire que les antisémites nazis – qu’un très efficace et remuant homme d’influence auprès du gouvernement anglais – Chaim Weizmann – que le richissime banquier à la tête du sionisme anglais – Lord Lionel Walter Rothschild – que des hommes d’influence – notamment le rabbin Stephen S. Wise, premier président du congrès juif américain, puis mondial – et de richissimes banquiers capables de corrompre le Congrès et le gouvernement américain tout entier – notamment le banquier Bernard Baruch – il a donc suffi, dis-je, que ces puissantes personnalités juives unissent leurs efforts corrompent ou influencent leurs gouvernements respectifs, qu’elles se concertent, poussent toutes dans le même sens et y associent une pluie de richissimes acolytes pour que le sionisme pût efficacement être planté au coeur de la Palestine.
Or, les juifs de l’Ouest de l’Europe avaient été longtemps vent debout contre la solution d’un regroupement des juifs en Palestine. A cette époque, largement intégrés dans les sociétés dans lesquelles ils vivaient et y prospéraient librement, comme le prouve la famille Rothschild elle-même, dont les fils du fondateur né dans un ghetto de Francfort-sur- le- Main, sont devenus richissimes et anoblis dès la première génération, tant en Angleterre qu’en France, tandis que la troisième génération, celle du Français baron Edmond de Rothschild et de l’Anglais Lord Lionel Rothschild, pouvaient, selon le scenario classique des héritiers, se livrer à de coûteux et baroques passe-temps. Devenus des notables, la philanthropie et d’onéreuses fantaisies leur permettaient de manifester ostensiblement une intégration si réussie qu’elle frisait la provocation.
Les juifs européens , particulièrement bien intégrés en Allemagne, n’avaient donc nullement envie d’aller exploiter un lopin aride et microscopique qui n’offrait aucune perspective d’enrichissement. Ainsi, aux révolutionnaires sionistes de Russie qui le pressaient de rejoindre la « terre promise », le juif allemand Gabriel Rieser répondait: » Nous n’avons pas immigré ici, nous sommes nés ici, et parce que nous sommes nés ici, nous n’émettons aucune revendication à un foyer quelque part ailleurs ; soit nous sommes des Allemands, soit nous sommes sans foyer. » Il en était de même des juifs français ou américains. A l’époque, seuls les talmudistes d’Europe centrale poussaient le projet sioniste.
C’est bien la raison pour laquelle les juifs du IVe siècle avaient en leur temps refusé la proposition de l’empereur romain Julien dit l’Apostat (330-363), qui leur offrait son aide afin de reconstruire le Temple détruit par Titus en 70. Installés dans l’empire de longue date – notamment à Rome même – et malgré des bouffées d’un antisémitisme populaire sporadique, ils y jouissaient de conditions qu’ils jugeaient préférables à la rudesse naturelle de la vie dans un pays économiquement peu développé.
A l’intérieur même du gouvernement anglais des voix nombreuses se faisaient entendre contre le projet Balfour-Rothschild, mais lorsque la formulation de Lord Lionel Rothschild – « l’établissement de la Palestine comme foyer nationale des juifs » – a été modifiée par le Foreign Office en « l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif », le projet a été jugé suffisamment vague pour prendre officiellement corps.
Paradoxalement, l’antisémitisme du chrétien sioniste Arthur Balfour, ainsi que celui du premier ministre de l’époque Lloyd George, joints au sionisme chrétien ambiant issu de la Réforme, avaient créé le terreau sur lequel s’est greffé le soutien de la presse anglaise à la cause sioniste. Pour les chrétiens sionistes, le retour des juifs en « terre sainte » était censé ramener le Messie – Jésus – sur la terre. Il devait précipiter l’apocalypse et assurer le triomphe du christianisme sur le judaïsme – tous les juifs devraient alors s’être convertis au christianisme – mais il n’est jamais précisé par quel miracle s’opèrerait cette conversion. Ce messianisme sioniste persiste dans les pays anglo-saxons et explique le soutien indéfectible des millions de sionistes chrétiens américains à l’actuel Etat d’Israël en dépit des exactions des gouvernements successifs et d’une politique barbare et sadique à l’encontre des Palestiniens.
Arthur James Balfour et l’expansion du sionisme
Député conservateur et membre du parti unioniste Arthur Balfour est un de ces politiciens anglais dont personne ne se souviendrait plus aujourd’hui s’il n’avait été le signataire officiel de la missive de 1917 qui porte son nom et qui crucifiait les Palestiniens.
Une carrière politique classique lui avait permis d’occuper divers postes ministériels au trésor, à la défense, à l’enseignement ou aux douanes. Ses faits d’armes furent la signature de l’Entente cordiale entre la France et l’Angleterre en 1904 et une loi de 1905 sur les étrangers qui visait précisément à restreindre l’entrée dans le Royaume de Sa Majesté les nombreux juifs en provenance de l’Est de l’Europe qui se pressaient à ses frontières. Lorsque David Lloyd George devint Premier ministre en décembre 1916, Balfour fut nommé au ministère des Affaires étrangères. En conservateur anglais classique , il manifestait, comme tous ses pairs chrétiens sionistes, un antisémitisme militant qui le poussait à souhaiter non seulement empêcher les juifs d’immigrer, mais même vider l’Angleterre des juifs qui y étaient installés depuis Cromwell.
Il faut dire qu’à la fin du XIXe siècle, plus de deux millions de juifs avaient quitté la misère et les pogroms de la Russie tsariste pour le Nouveau Monde principalement, mais cent cinquante mille d’entre eux avaient réussi à s’installer au Royaume Uni. Des vagues d’antisémitisme avaient alors secoué l’Angleterre au début du XXe siècle. Bouter les juifs hors du pays et les expédier en Palestine, tel était le rêve des chrétiens sionistes qui, de plus, aurait permis de calmer l’opinion publique.
Pourquoi pousser l’installation en Palestine, alors que des projets d’établissement dans des terres vierges et riches de promesses économiques – Ouganda, Argentine – avaient été élaborés par des responsables du mouvement sioniste? . D’abord parce que le sionisme chrétien était présent dans les pays protestants de l’Europe du Nord, en Allemagne et en Angleterre qui poussaient l’installation en Palestine. L’idée d’une germanisation de la Palestine par des populations parlant un yiddish germanisant avait un temps séduit les Allemands et présentait l’avantage d’atténuer l’antisémisme allemand. Après les accords Sykes-Picot, les Français s’étaient également mis sur les rangs. Ils se souvenaient que Napoléon avait, dans un premier temps, caressé ce projet – avant d’avoir effectué un virage à 180° et prôné l’assimilation des juifs de France. Une Lettre-Déclaration du 4 juin 1917 du secrétaire général du ministère des affaires étrangères, Jules Cambon, au dirigeant sioniste Nahum Sokolov exprimait le soutien de la France à l’idée de l’installation des juifs en Palestine. Je n’ai pas réussi à trouver une copie de cette lettre.
Mais tout ce remue-ménage diplomatique prouve que le projet était largement partagé par les chancelleries occidentales. Cela ne faisait pas les affaires des Anglais. Aiguillonnés par les démarches françaises, ils accélérèrent la concrétisation de leur projet et répliquèrent par la Déclaration Rothschild-Balfour. Le rédacteur et le destinataire de la Déclaration anglaise étant autrement importants que ceux de la Déclaration française, celle-ci est tombée dans les oubliettes.
Mais les Anglais avaient une autre raison capitale de doubler les Français. Il s’agissait de contrecarrer les conséquences de l’accord Sykes-Picot qui pérennisait la présence de la France sur les rives du Canal de Suez. Dès 1915 , un membre sioniste du Cabinet anglais, Sir Herbert Samuel, écrivait que « L’établissement d’une grande puissance [la France ] si près du Canal de Suez serait une permanente et formidable menace pour les lignes de communication essentielles de l’Empire [ britannique » ].
Le principal négociateur et chef de file du mouvement sioniste en Angleterre, Chaïm Weizmann, a su habilement jouer de la rivalité entre Français et Anglais dans la région. Dès 1914, il avait mobilisé les gouvernements de Sa Majesté et tenté de hâter la publication de la lettre Balfour. « Si la Palestine tombe dans la sphère de l’influence britannique (…) nous pourrons avoir d’ici vingt-cinq ou trente ans un million de Juifs ou davantage ; ils formeront une garde effective pour le canal de Suez » qui, il faut le rappeler, avait été conçu et réalisé sous la direction du Français Ferdinand de Lesseps.
Après de longues années de tractations entre les deux nations, l’Angleterre obtint le droit d’exercer un mandat sur la Palestine et l’Irak pendant que la France obtenait les mandats sur la Syrie et le Liban, mais sans que les limites territoriales fussent clairement déterminées, ce qui sera la source d’interminables conflits dont les guerres actuelles sont les lointaines répliques.
Fin de la 2è Partie
Suivront:
Balfour3: Où l’on comprend que l’entrée en guerre des Etats-Unis en 1917 est le fruit des efforts conjugués des banquiers anglo-saxons et du mouvement sioniste international.
Balfour4: Où l’on découvrira que Messieurs Weizmann, Balfour, Rothschild , and C° sont les dignes successeurs d’Esdras et de Néhémie.
Balfour5: « Nihil sine ratione », Leibniz avait raison. Où l’on découvrira que la dispersion est une illusion d’optique et qu’un gouvernement central puissant, qui a existé durant des siècles, est aujourd’hui localisé aux Etats-Unis.
Biliographie
Ralph Schoenman, L’histoire cachée du sionisme, Selio 1988
Israël Shahak, Le Racisme de l’Etat d’Israël , Guy Authier, 1975
Karl Marx, Sur la question juive
SUN TZU, L’art de la guerre
Claude Klein, La démocratie d’Israël,1997
Jacques Attali: Les Juifs, le monde et l’argent, Histoire économique du peuple juif. Fayard, 2002
Le 24 juin 2018
Le sommaire d’Aline de Diéguez
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