BD: L’homme qui tua Chris Kyle, captivant
mai 31, 2020
Publié par Gilles Munier sur 31 Mai 2020, 08:10am
Ancien membre de la Navy seal, une force spéciale de la marine de guerre américaine, Chris Kyle était tireur d’élite. | BRÜNO, DARGAUD
Bande dessinée. Le duo Fabien Nury et Brüno retrace le parcours de Chris Kyle, tireur d’élite de la marine américaine, et de celui qui le tua. Avec, en creux, le portrait d’une Amérique malade des armes.
Par Laurent Beauvallet (revue de presse : Ouest-France – 31/5/20)*
« Si la légende est plus belle que la réalité, imprime la légende », proclamait l’un des protagonistes du film de John Ford, L’homme qui tua Liberty Valance. La nouvelle collaboration de Fabien Nury et Brüno, les pères de Tyler Cross, se réfère au titre et à l’adage. L’homme qui tua Chris Kyle est une BD documentaire qui retrace l’existence de ce soldat américain qui fut surnommé « La légende » pour son engagement dans la guerre en Irak.
Clint Eastwood en a tiré un film centré sur ce tireur d’élite de la marine américaine (American sniper), campé par un Bradley Cooper bodybuildé. Nury et Brüno observent aussi le hors-champ, dans lequel attend, tapi dans l’ombre, l’assassin du héros.
Fascination pour les armes
Selon un décompte très officiel, Chris Kyle aurait tué quelque 160 personnes, lors de ses quatre missions en Irak, pour protéger les soldats américains en mission. Surdécoré, élevé au rang de héros, il va très mal vivre son retour au pays, noyé dans ses souvenirs traumatiques. Tout comme son tueur, Eddie Ray Routh, sauf que ce dernier, lui aussi soldat, n’a ramené aucune médaille des combats, ni la moindre gloire.
Il finira par rencontrer celui qu’il idolâtrait, Chris Kyle, le 2 février 2013. Pour l’abattre froidement dans un stand de tir où « La légende » l’avait amené pour lui remonter le moral, comme il le faisait avec beaucoup d’anciens soldats.
La véritable enquête menée par Nury et Brüno relève toutes les ambivalences et la dualité d’une société américaine à la fois fascinée par les armes et effrayée par les tueries qu’elles peuvent engendrer.
Ainsi, la veuve de Chris Kyle assurera la promotion du livre de son défunt mari – L’histoire des USA en dix armes à feu – et d’une marque de fusils. Comme si l’histoire de ce pays était phagocytée par l’usage des armes.
La rigueur de Nury et le dessin sec de Brüno mettent parfaitement en lumière cette ambiguïté, ce qui rend leur enquête encore plus dense et plus captivante.
L’homme qui tua Chris Kyle, Dargaud, 164 pages, 22,50 €.
Source : Ouest-France