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Comment de généreux donateurs privés alimentent le jihad syrien


Ce qu’on savait déjà et bien avant hélas….
simone lafleuriel-zakri

Mercredi 13 Novembre 2013 à 15:00 | Lu 9622 commentaire(s)

Selon le New-York Times, les djihadistes syriens sont largement financés par des donateurs privés, souvent koweitiens ou saoudiens. Des financements qui favorisent les mouvements rebelles les plus radicaux. L’Arabie Saoudite tente de réagir par la formation de forces rebelles, avec l’aide d’instructeurs pakistanais. Des alliés bien intentionnés qui n’en restent pas moins suspects.

On savait que le Qatar apportait son obole, que quelques associations islamistes contribuaient aussi, le New-York Times révèlait ce matin que des donateurs privés participent largement au financement des groupes les plus radicaux de la rébellion syrienne.

« L’argent circule par virement bancaire ou est livré dans des sacs bourrés de cash » écrit le journal qui s’appuie sur le témoignage d’un des nombreux koweitiens chargés de récolter de l’argent pour l’opposition syrienne.

La majeure partie des fonds récoltés seraient destinés aux « filiales » syriennes d’Al Qaida. Le journal cite notamment le cas d’un bailleur de fonds d’un groupe de 12.000 combattants rebelles qui aurait reçu, d’un riche koweitien la somme rondelette de 30 millions de dollars, afin d’équiper chaque combattant pour 2500 dollars de matériel.

« Autrefois, nous avons coopéré avec les américains en Irak, pourquoi ne pas coopérer avec Al Qaida pour se débarasser de Bachar en Syrie ?» se justifie un généreux donateur.

Parmi les vailleurs de fonds de la rébellion, on retrouve aussi des cheikhs saoudiens.

Anecdotique à première vue, ce soutien de la rébellion par des parties extérieures au conflit a fortement contribué à soutenir les djihadistes syriens et à en faire un terrain de conflit par procuration des puissances régionales.

Ces financements ont également renforcé les éléments les plus extremistes de l’opposition. Alors que l’Occident a hésité à armer et financer les forces les plus laïques, les combattants ont afflué vers les milices islamistes et, dans certains cas, se sont reconvertis en « djihadiste » pour mieux récoler de l’argent.

Certains groupes diffusent d’ailleurs réguylièrement sur youtube des vidéos de leur arsenal, en forme de remerciement à leurs bailleurs. Ainsi de ce groupe appartenant à l’EIIL (Etat Islamique en Irak et au Levant), un groupuscule djihadiste, composé essentiellement d’étrangers, considéré comme l’un des plus radicaux de la rébellion et qui disposerait de 8000 hommes.

Les dijhadistes de l’extérieur

La montée en puissance des « djihadistes de l’extérieur » est un des –nombreux- problèmes qui se pose à l’opposition syrienne. L’Arabie Saoudite s’est ainsi lancé dans un vaste programme de formation des forces rebelles syriennes avec l’aide d’instructeurs…pakistanais. Un programme bien intentionné, au départ, initié suite à la décision des forces occidentales de ne pas intervenir en Syrie.

Pour manifester sa mauvaise humeur, l’Arabie saoudite a d’ailleurs renoncé ces derniers jours à siéger au Conseil de sécurité des Nations unies, en dénonçant l’incapacité de l’ONU à mettre fin à la guerre civile en Syrie.

Si l’Arabie Saoudite affiche de nobles ambitions notamment la constitution d’une force armée crédible et cohérente capable de représenter une alternative dans l’hypothèse d’une chute du régime d’Assad, le prince Turki, ancien chef des renseignements saoudiens a lui-même admis « que ces extrêmistes qui viennent de partout » pour imposer leur propre idéologie était un problème des plus complexes à régler.

Les combattants étrangers en Syrie proviennent d’une soixantaine de pays, mais surtout d’Arabie saoudite, de la Libye et de la Tunisie. On compterait dans leurs rangs des ressortissants du Pakistan, de Grande-Bretagne, de Belgique, de France, des Pays-Bas et des Etats-Unis et du Canada.

Sans compter que malgré l’affichage des motivations les plus estimables, l’alliance du Pakistan et de l’Arabie Saoudite pour constituer une opposition syrienne laisse songeur. Difficile de trouver « tuteurs » plus suspects.

L’Arabie Saoudite, le Pakistan et la CIA déjà derrière Al Qaïda

Dans les années 80, le Pakistan, l’Arabie saoudite, avec l’aide CIA –déjà !- avaient largement armé, financé et conseillé les forces rebelles aghanes engagés dans une lutte contre le régime de Kaboul, soutenu alors par l’Union soviétique. L’objectif était de faire de l’Afghanistan, un « enfer pour les russes ».

Les djihadistes avaient largement accompli leur mission en chassant les russes d’Afghanistan. Incapables de gouverner, le pays a sombré dans la guerre civile, laissant peu à peu la champ libre aux talibans.

Surtout, Al-Qaïda a émergé d’une organisation baptisée Maktab al-Khadam?t, (Bureau de Recrutement) constituée en 1984 pendant la première guerre d’Afghanistan par le cheikh palestinien Abou Azzam pour alimenter la résistance afghane contre les forces armées d’URSS. Maktab al-Khadam?t (MAK) servait à relayer de multiples dons en provenance de pays islamiques, et à financer le jihad international car pour Abou Azzam, l’Afghanistan n’était qu’un début. Un discours qui influença fortement Ben Laden.

Ben Laden, le MAK, et les moudjahidines afghans reçurent de la CIA environ un demi-milliard de dollars par an au total, et sans doute beaucoup plus des saoudiens. Pas directement contrairement aux lieux communs qui veulent que la CIA finançait Ben Laden de la main à la main –la CIA n’a jamais rien compris aux subtilités des factions afghanes-, tout était acheminé par l’ISI (Inter-Services Intelligence), les services de renseignement pakistanais.

Dans les années 80, comme l’indiquait le Jane’s Defence Weekly, une des revues de référence en matière de renseignement « Al-Qaïda était un conglomérat de cellules islamistes terroristes quasi indépendantes les unes des autres, reparties à travers au moins 26 pays ». Une organisation relativement confidentielle à ses débuts qui prospéra grâce, là aussi, à de généreux donateurs, eux aussi très bien intentionnés. Le croyait-on…

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