Coronavirus: L’Irak suspend pour trois mois le bureau de Reuters dans le pays en raison d’un article que Bagdad conteste, affirme l’agence de presse
avril 15, 2020
Publié par Gilles Munier sur 15 Avril 2020, 08:47am
Bagdad: Inauguration d’un laboratoire construit par la Chine
Revue de presse : Le blog de Jean-Marc Morandini (14/4/20)*
L’Irak a suspendu pour trois mois le bureau de Reuters dans le pays, a indiqué mardi cette agence de presse, en raison d’un article, que Bagdad conteste, affirmant que des milliers de cas de Covid-19 n’étaient pas rapportés.
Dans une lettre dont l’AFP a obtenu une copie, la Commission des médias et des communications (CMC) accuse Reuters de « mettre en danger la sécurité de la société » et de « donner une mauvaise image de la cellule de crise » gouvernementale créée face au nouveau coronavirus. Elle a donc imposé une suspension de trois mois et une amende de 21.000 dollars à l’agence internationale. Reuters a dit « regretter » cette décision et « ne pas renier » son article.
« Nous cherchons à résoudre la question et travaillons à pouvoir continuer à assurer une couverture fiable de l’Irak », assure l’agence dans un communiqué. Le ministère de la Santé irakien rend chaque jour public des bilans des contaminations au nouveau coronavirus. Le dernier, établi lundi soir, faisait état de 1.378 contaminations, dont 78 morts et 717 malades guéris. Les différents hôpitaux ont procédé à quelques dizaines de milliers de tests, un chiffre peu élevé dans un pays de 40 millions d’habitants où la densité de population est particulièrement importante dans la capitale –10 millions d’habitants– et les camps de déplacés. La mission de l’ONU en Irak a récemment estimé que le fait que le nombre de contamination soit sous-estimé était « inévitable, en raison de la peur, de questions culturelles dont la stigmatisation, de patients asymptomatiques non répertoriés, du manque de surveillance active et du nombre limité des tests ».
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ou l’ONU, sans mettre en doute les chiffres annoncés par les autorités, appellent régulièrement les Irakiens à respecter strictement le confinement. Car une pandémie pourrait achever le système de santé déjà à genoux du pays ravagé par les guerres et en pénurie chronique de médecins, de lits et de médicaments. Dans le classement mondial de la liberté de la presse de l’ONG Reporters sans frontières (RSF), l’Irak est classé 156ème sur 180 pays.
*Source : Le blog de Jean-Marc Morandini