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Crise syrienne : la vérité… ,


par Natalia Narotchnitskaïa

Le drame syrien pousse vers l’abîme la région où l’Europe – et notamment la France –

a des intérêts considérables. Les massacres des populations civiles perpétrés par l’opposition ont depuis longtemps dépassé l’ampleur des répressions de l’État syrien. Seule une minorité des combattants anti-Assad sont Syriens. La majorité n’est pas composée de « rebelles » mais de guerriers mercenaires venus de l’extérieur pour nettoyer la Syrie de ses Chrétiens et pour instaurer la charia. Les Alaouites, les Chrétiens et les Kurdes sont menacés par un génocide. Les tueries de Chrétiens à Homs et la destruction des monastères n’en sont qu’un signe précurseur. Les intégristes sunnites en Irak et les Talibans en Afghanistan, qui ne font qu’attendre la retraite des troupes américaines, recevront une nouvelle impulsion de la victoire des rebelles en Syrie.

La majorité de la population syrienne n’appuie pas cette guerre civile. Les classes moyennes savent que les islamistes s’apprêtent à priver le pays des acquis de l’éducation et de ses libertés. L’exemple libyen est éloquent : femmes privées de droit de vote, jeunes filles interdites d’école, tribunaux islamiques faisant la loi…

Un bouleversement de la configuration politique du monde arabe, avec ses dizaines de millions d’habitants, se dessine. L’équilibre ethnique et confessionnel risque de s’écrouler dans l’ensemble de la région. Lorsque les élites francophiles dont l’influence au Proche-Orient reste considérable auront été balayées, on se demandera pourquoi la Patrie des Lumières a été le complice de cette ouverture de la boîte de Pandore, sacrifiant ainsi ses propres idéaux.

L’exaspération des tensions entre l’islam et le christianisme fragilise avant tout l’Europe, dont les populations musulmanes ont des ambitions croissantes. Un tel cours des événements va à l’encontre des bénéfices géopolitiques que ce « chaos dirigé » était sensé apporter.  L’ Europe esquive toute analyse profonde de conséquences du « printemps arabe », ses médias, à l’instar des journaux soviétiques de jadis, étalant de façon incantatoire la pensée unique.  Mais sous la bannière des droits de l’homme se cachent aujourd’hui un dessin géopolitique qui rappelle les visées d’un autre âge.

Depuis les guerres puniques, la Méditerranée a généré des passions, tous les protagonistes cherchant à le contrôler. Tout se passe comme si, à l’instar de Mussolini, d’aucuns veulent faire renaître la doctrine de Mare nostrum. L’Afrique du Nord, la péninsule Arabique, l’Irak, l’Iran, la région cis-caucasienne constituent l’ellipse mondiale d’hydrocarbures où se trouvent les plus riches réserves du pétrole de la planète. Pour s’assurer un contrôle stratégique de leur transport il faut maîtriser les territoires adjacents et les détroits.

Il suffit d’étudier la carte des « révolutions de couleur » et de la comparer avec celle des oléo- et gazoducs pour avoir des doutes sur les motifs philanthropiques de cette exportation, toute trotskiste, de la démocratie universelle par le biais de l’ingérence extérieure. Mais la conséquence en est le sabordage du droit international fondé sur la souveraineté. Frustrés, les pays dépourvus de missiles gardent un silence craintif en se demandant qui sera le suivant.

Jadis, l’Europe savait préserver sa politique étrangère, refusant de sacrifier ses grandes valeurs. Cette politique était celle des gaullistes, mais aussi celle du président Mitterrand, qui a rejeté la demande des États-Unis de frapper la Libye et d’ouvrir l’espace aérien français aux avions américains.

Il serait regrettable que l’immense potentiel de la région méditerranéenne ne serve ni à faire croître l’économie de l’Europe, ni à adoucir les frictions entre le Nord et le Sud, ni à permettre à l’Europe de jouer un rôle dans la configuration géopolitique du 21e siècle. On est en droit de se demander qui alors triompherait.

http://french.ruvr.ru/2012_12_19/Les-navires-ne-suffiront-pas-pour-evacuer-tous-les-Russes-de-la-Syrie/

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