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Embargo, loi « César », quelles conséquences pour le peuple syrien ?


Embargo, loi « César », quelles conséquences pour le peuple syrien ?

Publié le 13/06/2022

Claude Janvier

Pour avoir visité les villes principales de Syrie, nous pouvons témoigner, mes compagnons et moi, que l’embargo inhumain qui pèse sur le peuple syrien depuis plus de 10 ans a pour effet de poursuivre la guerre sur le plan économique. Peu ou pas de médicaments, de matières premières, de produits de première nécessité, pas de reconstruction possible, telle est la vie quotidienne du peuple syrien. Quelle est l’origine de cette monstruosité ?

– Mai 2011 : l’Union européenne adopte des sanctions économiques contre la Syrie et en août 2011, les États-Unis mettent en place un embargo sur le secteur pétrolier et gèlent les actifs financiers d’un certain nombre de personnalités ainsi que celles de l’État syrien lui-même. Les États-Unis interdisent toute exportation de biens et services originaires du territoire des États-Unis ou issus d’entreprises ou de personnes américaines à destination de la Syrie. Cette mesure a un énorme impact sur la population syrienne, sur le prix des denrées de première nécessité et les produits médicaux.

– Entre 2011 et 2013, un officier de la police militaire syrienne aurait pris 55 000 photos montrant les corps de 6786 détenus, 4025 civils tués hors de prison et de 1036 soldats. En 2013, il quitte la Syrie et prend le pseudonyme de « César ».

– Les photographies sont remises ensuite au Courant national syrien, un mouvement de l’opposition politique établi en Turquie. Pour les authentifier, le Qatar mandate un cabinet d’avocats londoniens, Carter-Ruck and Cie. Ce dernier engage trois anciens procureurs internationaux et trois experts en anthropologie médicale qui publient un rapport portant le nom de « César » en janvier 2014.

– 12 janvier 2014 : Diffusion d’un film montrant les photographies de « César » à huis clos au Quai d’Orsay en présence de Laurent Fabius, ministre des Affaires Étrangères à l’époque et dix autres ministres de pays étrangers. Avant d’aller plus loin, il est utile de rappeler qu’en août 2012 Laurent Fabius déclarait que « Bachar el-Assad ne mériterait pas d’être sur terre » et qu’en décembre 2012, il déclarait que le « groupe Jabhat al-Nosra faisait du « bon boulot », alors que cette organisation djihadiste, dirigé par d’anciens chefs d’Al Qaida, venait d’être classée terroriste par les États-Unis. À noter que Laurent Fabius, est actuellement toujours à la tête du Conseil constitutionnel.

– 22 janvier 2014 : Conférence de Genève II. Le Qatar fait diffuser par le cabinet Carter-Ruck & Co le rapport « César ». Extrait du point de presse de Laurent Fabius et je cite : « …il y a effectivement d’un côté M. Bachar el-Assad et son régime de mort, de l’autre des terroristes qu’il faut combattre, et au milieu, si je puis dire, l’opposition modérée que nous soutenons… Jabhat al-Nostra, opposition modérée ?

– 15 avril 2014. Diffusion d’un rapport du haut commissariat de l’ONU à propos du rapport « César ».

– Décembre 2019. Les États-Unis prennent de nouvelles sanctions contre la Syrie et les entreprises tierces commerçant avec la Syrie, à travers la loi « César » ( Caesar Syria Civilian Protection Act), dénommée ainsi à la suite au rapport du même nom. Cette loi est entrée en vigueur le 17 juin 2020.

Voici quelques preuves démontrant le caractère frauduleux du rapport « César »

– Si « César » était vraiment officier de la police militaire syrienne pendant 13 ans, il serait facile pour le gouvernement syrien de déterminer son identité ! Hors, ce n’est pas le cas. Donc, qui a pris ces photos ? César et sa famille gardent l’anonymat le plus absolu. Selon le rapport Carter Ruck & Cie, la famille de César a quitté la Syrie en 2013. Compte tenu de cela, pourquoi « César » garde-t-il son identité secrète du public occidental ?

– 46 % des photographies des personnes « torturées à mort » sont en réalité des soldats syriens décédés, des victimes de voitures piégées et d’autres violences.

– Les photos et les défunts sont réels, mais les circonstances sont loin d’être claires. Il existe des preuves solides que certains sont morts dans un conflit et que d’autres sont morts à l’hôpital. Ainsi, près de la moitié des photos montrent le contraire de ce qui a été allégué. Ces photos confirment que l’opposition a été violente et a tué un grand nombre de militaires syriens et de civils. Les accusations de « César », du rapport Carter Ruck et de HRW selon lesquelles ce sont toutes des victimes de « mort en détention » ou de « mort par torture » ou de mort en « détention gouvernementale » sont fausses. En revanche, il y a bien eu des tortures, des exécutions et des crimes de guerre ordonnés par Daech et les terroristes combattant les forces gouvernementale.

– L’enquête a été financée par le gouvernement du Qatar qui a été un partisan majeur de l’opposition armée contre la Syrie.

– Les photos ont été manipulées. De nombreuses sections de documents ont été masquées. Cela a demandé beaucoup de temps et de travail pour modifier des milliers de photos. L’explication, afin de « protéger l’identité », n’est pas crédible puisque les visages des victimes sont visibles.

– Le catalogue de photos contient beaucoup de doublons et d’autres erreurs.

– Human Rights Watch qui a participé grandement à l’élaboration du rapport « César » est financée et sponsorisée par Georges Soros, le milliardaire spécialiste des financements de groupes ayant pour but la déstabilisation de multiples gouvernements.

– Il est de notoriété publique que « l’opposition armée » en Syrie a été financée, fournie et soutenue de multiples façons par divers gouvernements extérieurs. La plupart des combattants engagés contre les forces gouvernementales, y compris les mercenaires de Daech, recevaient des salaires de puissances extérieures.

– Les politiciens ont utilisé l’histoire de « César » afin de pousser à plus d’agression des États-Unis et de l’OTAN. L’acceptation de l’histoire « César » a justifié de plus en plus d’interventions directes et a permis une diabolisation du gouvernement du président Bachar el-Assad.

Depuis plusieurs décennies, les ingérences militaires américaines et de leurs alliés se sont multipliés dans le monde, largement accompagnées de faux rapports et de propagandes scandaleuses destinées à mettre en état de choc l’opinion publique. Des fausses informations à propos des charniers de Timisoara, d’armes chimiques inexistantes en Irak et en Syrie, en passant par des soldats libyens drogués violeurs, le lavage de cerveau s’intensifie à travers des médias de masse complices.

Nous demandons solennellement l’arrêt immédiat de l’embargo affamant le peuple syrien. Les morts inutiles, les souffrances des nourrissons et des enfants doivent cesser immédiatement et impérativement.

Nous appelons à la levée immédiate de la loi « César » qui n’a d’autre but que d’asphyxier financièrement le gouvernement syrien. Ceci afin d’empêcher toute reconstruction en détruisant la société civile syrienne dans le but d’imposer un changement de régime. L’inefficacité de ces sanctions, destinées à séparer le président du peuple qui l’aime, est largement démontrée.

Ce mépris intolérable de la vie humaine doit s’arrêter sans délai. La France, patrie des droits de l’homme, doit manifester sa vocation et affirmer ses valeurs humanistes en agissant pour supprimer la loi « César ».

Claude Janvier

10 juin 2022

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