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False flag, l’arme fatale des rebelles syriens.


Bahar Kimyongür

 17 septembre 2013
 
 

C’est de bonne guerre. Toutes les parties du conflit syrien pratiquent le mensonge et la ruse pour déstabiliser l’adversaire et inciter ou empêcher l’immixtion de certaines puissances étrangères dans le conflit. L’absence de cette pratique eut été surprenante dans un contexte de guerre de survie comme celui qui déchire la Syrie. Il est cependant une réalité que peu de gens savent sur certains massacres mis systématiquement sur le compte du régime de Damas par les instances internationales dès lors que leurs auteurs ne sont pas clairement identifiés. Ces crimes sont souvent le fait de groupes rebelles rompus aux techniques du false flag, c’est-à-dire la guerre clandestine sous fausse bannière.

 
La stratégie de ces groupes terroristes consiste à massacrer des innocents, imputer le massacre à l’adversaire puis organiser d’autres massacres en représailles aux massacres qu’ils ont commis eux-mêmes.
 
Pour donner une justification religieuse et ainsi légitimer à leurs yeux ce genre de ruses scélérates, certains chefs rebelles autoproclamés « émirs » édictent des fatwas.
 
Dans un souci de brouiller les pistes, des combattants rebelles vont jusqu’à organiser les funérailles de leurs victimes.
 
Selon plusieurs témoins que nous avons pu rencontrer, témoins issus de toutes les communautés, de nombreux massacres non élucidés en Syrie portent leur signature.
 
Les cibles de choix de ces groupes armés sont toutefois majoritairement des alaouites, une communauté hétérodoxe et mystique issue du chiisme, dont fait partie le président syrien.
 
Le 4 août dernier, onze villages alaouites de la région de Lattaquié ont été envahis par des groupes armés liés au Front al Nosra lors d’une opération baptisée « bataille de la libération de la côte ».
 
En quelques heures, une soixaintaine de villageois ont été torturés, fusillés ou égorgés dont plusieurs nourrissons.
 
Un nombre indéterminé de femmes et d’enfants ont également été raflés par les groupes terroristes.
 
D’après un bilan non officiel, 341 alaouites auraient été tués ou enlevés au cours de cette opération.
 
Quelques jours plus tard, des fosses communes ont été découvertes dans les zones provisoirement contrôlées par les rebelles. Les victimes ont été identifiées comme étant des habitants des villages alaouites attaqués le 4 août.
 
Cette information a été partiellement confirmée par des sites djihadistes qui ont annoncé l’exécution de plusieurs otages « en représailles » à l’attaque chimique survenue le 21 août dernier dans les vergers de la Ghouta en périphérie de Damas.
 
Mais ni le président américain Obama, ni son homologue français, ni nos médias soi-disant « libres » n’ont déploré ce massacre qui est, à l’évidence, sans grand intérêt stratégique.
 
Le 9 septembre dernier, le Front al Nosra a massacré 22 personnes dont 16 alaouites à Maksar al Hessan dans la province de Homs (Le Figaro-Reuters, 12 septembre 2013).
 
Six Bédouins sunnites ont partagé leur sort funeste.
 
Ces 22 innocents dont plusieurs enfants auraient eux aussi été tués en représailles au massacre à l’arme chimique du 21 août dernier.
 
Pour les auteurs de la boucherie de Maksar al Hessan, l’appartenance confessionnelle des uns et la neutralité des autres dans le conflit constituaient en soi un crime passible de la peine de mort.
 
D’après l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), un organisme pourtant proche de la rébellion syrienne, les victimes de Maksar al Hessan étaient toutes civiles, totalement étrangères au conflit et à fortiori à l’attaque chimique de la Ghouta survenue le 21 août dernier.
 
En fait, depuis cette date, les groupes rebelles massacrent systématiquement des civils en prétextant l’attaque chimique.
 
Or, à l’heure actuelle, rien ne laisse penser que les forces loyalistes aient été les auteurs de cette attaque.
 
Au contraire, les nombreux indices dont nous disposons incriminent des groupes de l’opposition armée.
 
Parmi ses indices, signalons :
 
· les images de tirs de missiles suspects depuis la zone rebelle de Douma détectés par un satellite russe et remis à l’ONU
 
· l’article du journaliste jordanien Yahya Ababneh citant trois rebelles de la Ghouta qui parlent d’erreurs de manipulation de produits non identifiés, article relayé par la journaliste d’Associated Press Dale Gavlak pour l’agence américaine Mint Press
 
· les innombrables menaces d’attaques chimiques lancées via Youtube par des groupes djihadistes parmi lesquels la Brigade de l’Odeur destructrice (Katibat Rih al Sarsar)
 
· les vidéos publiées par des groupes rebelles sur Youtube montrant leurs stocks de produits chimiques fabriqués par Tekkim, une usine turque basée à Gaziantep
 
· les produits chimiques saisis par la police turque le 28 mai 2013 à Adana chez le terroriste syrien Haytham Qassap dans une safe house appartenant aux groupes djihadistes Al Nosra et Ahrar al Cham
 
· le précédent du massacre chimique de Khan al Assal près d’Alep documenté par la journaliste russe Anastasia Popova
 
· les vidéos dans lesquelles des rebelles évoquent leur utilisation de « gaz de combat »
 
· les aveux de Nadim Baloush, commandant d’un bataillon du Front al Nosra
 
· la puissance de feu et la coordination opérationnelle sans cesse plus performantes de la rébellion syrienne grâce à l’aide militaire saoudienne
 
· les doutes sur les images de l’attaque chimique diffusées par les médias de la rébellion émis par Stephen Johnson, expert en armes chimique de l’Institut de médecine légale de Cranfield
 
· le témoignage de deux amis et otages de la « révolution syrienne », en l’occurrence l’historien belge Pierre Piccinin et le journaliste italien Domenico Quirico, etc.
 
Curieusement, de nombreux amoureux de la rébellion djihadiste dont M. Quirico s’étonnent encore du possible recours des rebelles au false flag.
 
Otage pendant cinq mois d’une milice djihadiste syrienne à renommée internationale, le journaliste italien reconnaît pourtant qu’il en a lui-même été victime.
 
Voici ce qu’il nous apprend sur les méthodes de ses ravisseurs dans le quotidien italien La Stampa publié le 10 septembre 2013 :
 
Dès la sortie de la ville, notre voiture a été stoppée par deux pick-up remplis d’hommes masqués. Ils nous ont fait monter dans leurs véhicules, puis nous ont conduits dans une maison où ils nous ont battus.
Ils se présentaient comme des policiers du régime. Les jours suivants, cependant, nous avons découvert que c’était faux, car nos ravisseurs étaient de fervents musulmans qui priaient cinq fois par jour de façon savante et mélodieuse. Le vendredi, ils ont écouté le sermon d’un prédicateur qui soutenait le djihad contre Assad. Mais ce n’est que lorsque nous avons été bombardés par l’aviation que tout reste de doute s’est évanoui : ceux qui nous avaient pris en otage étaient des rebelles.
 
Domenico Quirico confirme ainsi que les rebelles pratiquent la ruse de guerre de manière naturelle et spontanée.
 
Avant lui, un journaliste britannique fut lui aussi témoin et victime d’une subtile opération false flag.
 
Alex Thomson fut en effet conduit par ses guides de la rébellion dans une zone située à portée de tirs de l’armée syrienne. Leur but était de pousser l’armée loyaliste à commettre une bavure qui serait mal passée dans l’opinion internationale : « Dead journos are bad for Damascus » observait-il (Ben Dowell, The Guardian, 8 juin 2012).
 
Quelques mois plus tard, le même Alex Thomson découvrit une incroyable supercherie, celle d’un soi-disant massacre d’alaouites prétendument commis par une milice alaouite dans le village d’Aqrab en province de Hama.
 
Il s’agissait en réalité d’une sanglante prise d’otages menée par les rebelles
 
Concernant l’attaque chimique du 21 août, le journaliste italien Quirico affirme avoir surpris une conversation entre deux de ses ravisseurs et un inconnu contacté via Skype portant sur une « opération au gaz (…) commise par les rebelles comme provocation pour poussser l’Occident à agir. »
Si M. Quirico exclut toute responsabilité de ses ravisseurs dans l’attaque chimique du 21 août, il ne nie pas pour autant l’authenticité de cette conversation.
 
La semaine dernière, une conseillère du président syrien, Bouthayna Chaabane, a affirmé que des familles de Lattaquié auraient reconnu leurs enfants parmi les victimes de l’attaque chimique de la Ghouta.
 
Ces enfants auraient été kidnappés dans les villages alaouites du littoral syrien durant le pogrome du 4 août.
 
Les allégations de Mme Chaabane n’ont toutefois pas pu être vérifiées.
 
De son côté, l’ONG Human Rights Watch connue pour ses liens avec la milliardaire Georges Soros et le Département d’Etat américain se targue d’avoir réalisé une étude sérieuse sur l’attaque chimique de la Ghouta mais ne fournit aucune liste des victimes.
 
Il semble donc aussi difficile d’identifier les responsables que les victimes de ce crime abominable.
 
Pour le sénateur américain Hiram Warren Johnson : « La première victime d’une guerre, c’est la vérité ».
 
Pour le cinéaste américain Oliver Stone : « L’innocence est la première victime de la guerre ».
 
En voyant les corps sans vie et sans nom des petits anges de la Ghouta, on ne peut que leur donner raison.
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