France : Un détenu politique syrien en grève de la faim depuis un mois
avril 13, 2013
Bahar Kimyongür, le 12 avril 2013
Nezif est un détenu politique d’origine syrienne. Mais pas du bond bord. Alors, forcément, il n’a droit à aucune compassion de la part des organisations françaises des droits de l’homme.
Nezif Eski est un franco-turc d’ascendance syrienne détenu en France pour terrorisme.
Son « crime » est d’avoir pacifiquement exprimé une sympathie envers la lutte politique d’un mouvement marxiste et anti-impérialiste turc appelé DHKP-C (Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple), au travers de concerts, des manifestations, notamment celles du 1er mai, de distributions de tracts et de revues pourtant tolérées en Turquie même.
Le 20 décembre dernier, le Tribunal correctionnel de Paris l’a condamné à cinq ans de prison dont quatre ans ferme. Dans l’attente de son procès en appel, Nezif est détenu à la prison de Fresnes.
Son incarcération suscite d’autant plus de questions qu’il est originaire d’Antioche, ville paisible et multiconfessionnelle mais désormais décrétée « porte du djihad » (Bab Al Djihad) par les terroristes qui y convergent des quatre coins du monde pour attaquer la Syrie avec les encouragements et l’armement de l’État français et de ses alliés régionaux : le Qatar, l’Arabie Saoudite et la Turquie.
Le sort réservé à Nezif confirme une fois encore que pour l’État français, mieux vaut semer la haine religieuse, la mort et la destruction en Syrie qu’agiter des drapeaux rouges dans les rues parisiennes en hommage à un mouvement populaire en lutte contre la dictature du FMI et de l’OTAN.
Depuis maintenant un mois, Nezif est en grève de la faim contre les fouilles corporelles humiliantes qui contreviennent au règlement de la prison de Fresnes où il est incarcéré.
Il se bat à corps perdu dans l’indifférence générale des innombrables O(N)G humanitaires trop occupées à s’indigner de ce qui se passe dans les contrées lointaines et de préférence, dans les pays déclarés ennemis par leurs gouvernements.
Nezif est non seulement victime d’une justice inique et d’un traitement carcéral inhumain mais en plus, il souffre d’une algie vasculaire de la face (AVF), une affection provoquant des douleurs tellement insupportables qu’on la surnomme « céphalée suicidaire ».
Nezif est un militant humble et dévoué mais aussi un monument d’humour et de générosité respecté de tous y compris de ses adversaires politiques.
Il est marié et père d’une petite fille de quatre ans.
Dans quelques jours, il sera le père d’un petit garçon.
La prison est par conséquent le dernier endroit où Nezif Eski devrait se trouver.
Pour témoigner de votre solidarité, veuillez lui écrire à l’adresse suivante
Nezif ESKI
966711 Div2sud079
Allée des thuyas
4261 FRESNES CEDEX
FRANCE
Pour dénoncer l’injustice dont il fait l’objet, veuillez écrire à
Christiane TAUBIRA
Ministre de la justice, Garde des Sceaux
13, place Vendôme
75042 Paris Cedex
FRANCE
Téléphone : +33 1 44 77 0160 60
Pour plus d’info concernant le règlement de prison bafoué par le directeur de la prison de Fresnes, veuillez lire l’article ci-dessous.
Le 2 avril 2013
Les lois ne sont pas appliquées dans les centres pénitenciers….
Nous apprenons qu’un prisonnier politique est en grève de la faim depuis le 13 Mars 2013 pour protester contre le non-respect des articles 57 et R.57-7-80 du code de procédure pénale.
L’article 57 fait partie de la loi pénitentiaire du 24 Novembre 2009:
«Les fouilles doivent être justifiées par la présomption d’une infraction ou par les risques que le comportement des personnes détenues fait courir à la sécurité des personnes et au maintien du bon ordre dans l’établissement. Leur nature et leur fréquence sont strictement adaptées à ces nécessités et à la personnalité des personnes détenues. Les fouilles intégrales ne sont possibles que si les fouilles par palpation ou l’utilisation des moyens de détection électroniques sont insuffisantes. L’article R.57-7-80 du code de procédure pénale précise que « les personnes détenues sont fouillées chaque fois qu’il existe des éléments permettant de suspecter un risque d’évasion, l’entrée, la sortie ou la circulation en détention d’objets ou substances prohibés ou dangereux pour la sécurité des personnes ou le bon ordre de l’établissement.»
Malgré ces articles, à la prison de Fresnes et probablement dans d’autres prisons, les fouilles intégrales se font de manière systématique après chaque parloir et avant chaque fouille de cellule.
Le 13 Mars dernier, ESKI Nézif, prisonnier politique, a refusé de se soumettre à la fouille intégrale (mise à nu). Il a demandé que les éléments permettant de justifier cette fouille lui soient présentés.
Non seulement aucun élément ne lui a été présenté mais il a été mis à nu de force, sous la torture, par 3 surveillants, avant d’être placé en quartier disciplinaire. Ses vêtements ont été déchirés, et une fois à terre sur le ventre, un surveillant s’est assis sur son dos de manière à pouvoir écarter ses fesses…. certainement pour vérifier qu’aucune Kalachnikov n’y était dissimulée…
Outre les articles 57 et R.57-7-80, une ordonnance du Tribunal de Grande Instance de Melun du 17/07.2012 a annulé les décisions de fouille de manière générale du centre pénitencier de Fresnes. Cela signifie que ce CP est en violation flagrante de cet arrêt de l’administration pénitentiaire! Le comble de tout ce désordre: des personnes sont mises en prison pour avoir, soi-disant, enfreint la loi.
Prison qui, elle-même, ne respecte pas la loi….
Les fouilles intégrales sont une atteinte à la dignité, c’est de l’humiliation!
Voilà pourquoi ESKI Nézif est en grève de la faim depuis le 13 Mars 2013. La seule chose qu’il demande c’est le respect de sa dignité.
Non aux fouilles intégrales! La prison de Fresnes doit être condamnée pour ces pratiques inhumaines! Soutien aux prisonniers politiques! L’humiliation et l’atteinte à la dignité sont des pratiques fascistes!
C. Sardon
Pour lui écrire :
ESKI Nézif
966711 Div2sud079
Allée des thuyas
94261 FRESNES CEDEX