Gaza, une trêve fragile
novembre 22, 2012
jeudi 22 novembre 2012, par La Rédaction
Israël et le Hamas semblaient jeudi avoir chacun tiré un profit politique et stratégique du cessez-le-feu entré en vigueur la veille au soir dans la bande de Gaza, même si aucun des deux camps ne semblait se faire d’illusions quant à sa pérennité.
Bien que le Hamas ait perdu une partie de ses dirigeants au cours des raids aériens israéliens entamés il y a huit jours, il a acquis la stature qui lui manquait sur les plans international et intérieur.
Après des années d’isolement, de nombreux responsables du monde arabe se sont rendus à Gaza, alors même que l’armée israélienne se livrait à l’opération « Pilier de défense », et la considération dont l’Egypte, à l’initiative du cessez-le-feu, a fait preuve envers le Hamas aurait été inconcevable du temps de l’ancien président Hosni Moubarak.
Conséquence de ce recentrage du monde arabe sur le Hamas, le Fatah de Mahmoud Abbas, au pouvoir en Cisjordanie, s’est trouvé isolé, ainsi que la solution diplomatique qu’il défend face à Israël.
« Le Hamas est dans une position plus solide que jamais », estime Talal Okal, politologue basé à Gaza, selon qui cette situation rend peu probable le maintien du cessez-le-feu. « Les Palestiniens doivent continuer à se préparer à un nouvel affrontement. »
Sur le plan intérieur, les manifestations de joies de dizaines de milliers de Gazaouis contrastaient mercredi soir avec l’impopularité subie par le Hamas à l’issue d’un précédent conflit avec Israël, entre décembre 2008 et janvier 2009.
A l’issue de cet affrontement, le Hamas et d’autres groupes basés à Gaza avaient renoncé pendant plusieurs mois aux lancers de roquettes vers Israël, alors que des tirs palestiniens ont été signalés mercredi soir quand le cessez-le-feu était déjà en vigueur.
Face au Hamas le gouvernement israélien du Premier ministre Benjamin Netanyahu n’est cependant pas perdant et peut se satisfaire d’avoir réduit les capacités militaires de son adversaire tout en continuant à collaborer diplomatiquement avec l’Egypte du président islamiste Mohamed Morsi.
Le gouvernement israélien, qui a également renforcé ses liens jusqu’ici tendus avec l’administration du président américain Barack Obama, n’a jamais prétendu que l’opération avait pour but de renverser le Hamas, et peut donc affirmer que les objectifs de l’Etat hébreu sont remplis.
Un rapport de l’armée israélienne est allé en ce sens mercredi soir, et a également souligné que le système israélien de défense antiaérienne dit « Dome de fer » avait bien fonctionné, en interceptant 84% des roquettes palestiniennes.
L’opposition israélienne, qui s’était rangée au consensus national au cours des huit jours de conflit, a cependant accusé le gouvernement de Benjamin Netanyahu d’avoir cédé du terrain face au Hamas, à deux mois d’élections législatives où le Premier ministre est favori.
« Les citoyens israéliens s’attendaient à quelque chose d’autre », a déclaré Shaul Mofaz, chef de file des opposants de Kadima. « Ils s’attendaient à une situation où l’armée israélienne oblige le Hamas à une trêve. Aujourd’hui, (le président égyptien Mohamed Morsi), avec le soutien des Etats-Unis, a obligé Israël à une trêve. »
Les stratèges israéliens doutent que le soutien de l’Egypte et des Etats-Unis suffise à assurer l’avenir du cessez-le-feu sur lequel Benjamin Netanyahu a lui-même laissé planer le doute, en reconnaissant qu’une « action militaire plus sévère », serait peut-être nécessaire.
« Nous sommes sceptiques », a déclaré un haut fonctionnaire israélien, sous couvert d’anonymat. « Mais les Egyptiens et les Américains soutiennent cet accord, donc s’il est rompu, ils verront que nous avons une bonne raison d’y aller fort. »
(22 Novembre 2012 – Avec les agences de presse)
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