Le prix Nobel de littérature allemand, Günter Grass, persona non grata en Israël, a loué dans un nouveau poème Mordehai Vanunu, le divulgateur du nucléaire israélien.
Dans un nouveau recueil de 87 poèmes intitulé « Ephémères », sorti ce week-end en Allemagne, le poète allemand de 84 ans considère Mordehaï Vanunu comme un « héros » et un « modèle », selon des extraits du poème « Un héros de notre temps » publiés par l’agence allemande DPA.
Ancien technicien atomiste accusé d’ »espionnage », Mordehaï Vanunu, 57 ans, a été incarcéré plus de 18 ans —dont 11 ans d’isolement— pour avoir révélé des secrets sur le nucléaire en Israël à l’hebdomadaire londonien The Sunday Times.
Il n’est pas autorisé à quitter le sol israélien ni, en principe, à rencontrer des étrangers.
« C’est ce qu’on appelle un héros, qui espérait servir son pays, en apportant la vérité », écrit Günter Grass.
« Je suis très heureux d’être dans la ligue de Gunter Grass. Vanunu (sic) serait heureux d’obtenir le titre de +persona non grata+ du ministère de l’Intérieur d’Israël et comme çà on pourrait m’expulser d’Israël », a déclaré à l’AFP Mordehaï Vanunu, s’exprimant en anglais car il refuse de parler hébreu.
Interrogé par l’AFP, le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Yigal Palmor, a moqué la dernière livraison de l’écrivain allemand.
« Plutôt un plaidoyer qu’un texte de La Pléiade, Grass n’a pas, avec cette nouvelle livraison, cherché à adhérer scrupuleusement aux faits historiques.
Mais en délaissant Clio (la muse grecque de l’Histoire : NDLR), Grass n’a pas pour autant réussi à retrouver Calliope (la muse de la poésie), et de licence poétique il ne lui reste que la licence », a ironisé M. Palmor. « Cet opuscule aura quand même le mérite de nous apprendre qu’il y a au moins un Israélien qui trouve grâce à ses yeux, ce qui —eu égard à ses positions passées— n’est pas une moindre chose », a-t-il ajouté.
« Günter Grass provoque de nouveau Israël », a commenté le journal populaire Bild am Sonntag, quand le Berliner Morgenpost y voyait clairement une nouvelle provocation.
Ce recueil de poèmes, qui évoque aussi l’Europe et la Grèce, « pourrait de nouveau donner matière à controverse avec Israël », estime également la Süddeutsche Zeitung.
C’est dans ce même quotidien, que Günter Grass avait provoqué en avril une gigantesque polémique en y publiant un poème controversé où il affirmait qu’Israël menaçait la paix mondiale en disant vouloir frapper l’Iran préventivement.
Il avait été déclaré persona non grata par l’Etat hébreu à la suite de cette publication.
(30 Septembre 2012 – Avec les agences de presse)