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Hassan Nasrallah s’exprime sur la bataille d’Alep


Hassan Nasrallah s’exprime sur la bataille d’Alep (VOSTFR)

Discours du Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, le 23 décembre 2016 (VOSTFR)

Traduction : http://sayed7asan.blogspot.fr

Transcription :

Déroulement de la bataille d’Alep (1/3)

Nous allons parler un peu d’Alep et de la situation générale en Syrie, et consacrer du temps à ce sujet car cela fait longtemps que nous n’avons pas parlé de la Syrie et que nous n’évoquons que la situation interne au Liban. De même, sur la question syrienne, sur Alep et les derniers événements, j’ai plusieurs points à adresser.

Premier point : tout le monde a évidemment suivi les informations durant les derniers mois, les événements, offensives, guerres, combats, etc. à Alep. Mais si on considère la situation dans son ensemble, dans une perspective générale depuis le cœur du terrain, je veux vous dire ainsi qu’aux téléspectateurs que ce qui s’est passé à Alep durant les 3-4 derniers mois est une véritable guerre, l’une des guerres les plus violentes en Syrie et même dans la région depuis des années. Ce qui s’est passé n’était nullement quelque chose de commun, en aucun cas.

Les pays qui soutiennent les groupes armés ont fait venir des dizaines de milliers de combattants. Les batailles qui se déroulaient à Alep-Ouest et au Sud avec ces groupes armés n’étaient pas seulement contre l’opposition syrienne. Il y avait des nombres considérables de Turcs, d’Ouzbeks, de Tadjiks, de Tchétchènes et (d’autres) peuples d’Asie Centrale qui combattaient. Des dizaines de milliers de combattants ont participé aux batailles de ces derniers mois, parmi lesquels des centaines de kamikazes qui se sont fait exploser. Dans chaque affrontement, il n’y avait pas seulement 1 ou 2 kamikazes, mais bien 10 ou 20 de manière simultanée. Bien sûr, je ne parle pas de kamikazes avec des ceintures d’explosifs. Ils montaient dans des véhicules avec 3, 4, 5 tonnes (d’explosifs), et ils fonçaient sur les lignes de front ou les premiers bâtiments où se trouvaient l’armée syrienne ou les autres combattants (alliés).

Imaginez-vous donc, à partir de ces scènes de kamikazes attaquant par vagues avec des tonnes d’explosifs, ce qu’a été l’ampleur de la résistance (des alliés). Des centaines de fanatiques qui ne commettent pas d’attentat-suicide mais attaquent de manière suicidaire. Des armes tactiques, des capacités et des sommes considérables, des tanks, des blindés, des véhicules armés… De l’argent illimité, de la propagande continue… Ainsi, ce qui s’est déroulé à Alep, pour que l’image soit claire pour tous, est une bataille continue, quotidienne, des combats d’une violence extrême, sur lesquels ont parié tous les pays qui soutiennent le projet adverse, bâtissant leurs rêves et illusions.

Le but de cette bataille était de faire tomber Alep et d’en prendre le contrôle, et non pas seulement l’ouverture d’une voie vers Alep-Est, car le siège d’Alep-Est date seulement de quelques mois, tandis que la guerre contre Alep dure depuis des années. Durant les derniers mois, le nom donné à la bataille par les groupes armés et leurs soutiens était « Le grand massacre d’Alep ». « La bataille pour la conquête d’Alep ». N’est-ce pas ce qu’ils ont déclaré dans les médias ?

C’est pourquoi lorsque nous considérons aujourd’hui cette victoire et cet accomplissement, nous devons d’abord bien savoir et avoir à l’esprit l’ampleur des sacrifices et des pertes humaines, des martyrs, des blessés, des civils, des jours terribles, de l’endurance face aux pilonnages, et des batailles acharnées menées depuis des mois par les soldats, les officiers, les résistants et les autres combattants sur ce front.

Ce que je veux expliquer, c’est que la victoire d’Alep n’est pas survenue comme ça, comme toute autre bataille, non. C’est une bataille qui dure depuis plusieurs années, et dont les derniers mois ont été une guerre continue et quotidienne. Une guerre continue et quotidienne, et une pression incessante, forcenée. Un premier assaut (ennemi) échoue, le 2e jour voit un 2e assaut, le 3e jour un 3e, le 4e jour un 4e… A tel point qu’on avait l’impression que le nombre de combattants (terroristes) était absolument infini, illimité. On les ramène du monde entier pour se faire tuer là-bas.

Deuxième point, l’explication donnée par les groupes armés pour leur défaite dans toute la bataille d’Alep, car nous ne parlons pas ici seulement de la défaite dans les derniers quartiers d’Alep-Est. Toute la bataille d’Alep. A Alep-Est, à l’Ouest et au Sud, qui ont conduit à cette victoire et cet accomplissement. Leur explication quant à l’ampleur du soutien qu’ils ont reçu, prétendant que les pays qui les soutenaient les ont abandonnés, ne les ont pas aidés et les ont délaissés. C’est faux, ce n’est pas vrai, cela n’a aucun fondement. L’ampleur du soutien apporté à la bataille d’Alep tant depuis l’extérieur que l’intérieur de la ville de la part de ces pays, en fait d’assistance, de nombre des combattants étrangers envoyés, de capacités, d’argent, d’armes… C’est quelque chose d’absolument considérable.

Et laissez-moi maintenant dire ceci à l’égard de toute la Syrie : ô mes frères et sœurs, comme l’ont reconnu Joe Biden, (Hillary) Clinton et les Américains, les sommes qui ont été dépensées en Syrie sont des centaines de milliards de dollars. Des dizaines de milliers de tonnes d’armes et d’équipements ont été envoyés en Syrie.

Permettez-moi de faire une comparaison avec le peuple palestinien et la résistance palestinienne. Tout ce qu’ont donné le monde et les pays arabes (car la plus grande partie de l’argent vient des pays arabes), tout ce qu’ils ont apporté en fait d’aide, d’argent, d’armes, d’équipements aux niveaux matériel et logistique, tout leur soutien médiatique et politique à la guerre contre la Syrie durant 6 ans dépasse des dizaines de fois et est incomparable avec ce que le monde arabe a accordé en fait de soutien au peuple palestinien en plus de 60 ans. Comptez donc tout cela, les dépenses, les armes, les équipements, le soutien politique, les conférences (internationales)… Les réunions du Groupe des amis de la Syrie, même les prises de paroles, comptez-les donc et comparez. Combien ils ont fait de réunions pour la Palestine en 60 ans, et combien ils ont fait de réunions pour les groupes terroristes en Syrie en 6 ans.

La vérité est que les pays qui soutiennent le terrorisme en Syrie n’ont rien épargné, ni en armes, ni en équipements, ni en argent, ni en soutien politique, ni en siège (imposé à la Syrie), ni en sanctions, ni en incitations médiatiques, ni en mensonges et désinformation, ni en tensions sectaires et confessionnelles. Oui, la seule chose que ces pays n’ont pas faite, c’est d’envoyer leurs armées nationales (saoudienne, qatarie, etc.) combattre en Syrie. Ils ont préservé leurs enfants. Mais maintenant, la Turquie commence à goûter sa propre médecine (le terrorisme). Ses enfants commencent à se faire tuer sur le territoire syrien, et même à se faire brûler vifs par ceux-là même qu’ils ont organisés et soutenus.

L’ampleur du soutien arabe qui a été apporté aux groupes armés en Syrie est même incomparable au soutien à l’Afghanistan (contre l’URSS). Faites donc les comptes pour (le soutien arabe à) l’Afghanistan, en argent, armes, entraînement, équipement, en soutien politique, médiatique, religieux, culturel, tout ce que vous voulez, durant de longues années, et comparez-le au soutien à la guerre contre la Syrie pendant 6 ans.

C’est pourquoi ce qui s’est passé en Syrie n’est pas la conséquence de la faiblesse du soutien aux groupes armés, mais dû au fait qu’en Syrie, il y a des dirigeants (politiques et militaires), une armée et un peuple, ainsi que des alliés, des résistants – oui, des résistants – qui sont déterminés à ne pas s’avouer vaincus, à faire face, et à empêcher que Daech, Al-Nosra et les (autres) terroristes s’emparent de la Syrie, et qui sont dotés de lucidité et d’une compréhension du projet, résolus à combattre et déterminés à remporter la victoire. Voilà ce qui s’est passé.

Propagande contre le régime syrien (2/3)

Tout au long de la bataille d’Alep, surtout durant les derniers mois (car puisque nous participons à la bataille, nous sommes nous aussi accusés, et nous devons tous clarifier les choses), beaucoup de choses ont été dites sur cette bataille. Beaucoup de désinformation médiatique, beaucoup de mensonges.

Par exemple, certains ont pris des photos de la banlieue sud de Beyrouth durant la guerre de juillet (2006) et elles ont été présentées dans les médias arabes et mondiaux comme provenant d’Alep. Ils ont pris des massacres perpétrés par Israël dans la guerre de juillet (2006), et ils ont été présentés comme s’étant produits à Alep. Ils ont pris des massacres et des destructions à Gaza, durant les guerres israéliennes à Gaza, et les ont présentés comme venant d’Alep.

Et ils ont fait plus grave encore, permettez-moi de dire plus grave et pire encore : ils ont pris des enfants du Yémen… Certains prétendent qu’à Alep, des enfants sont morts de faim (c’est débattu).
Au moins, faites une enquête. Selon nous, c’est faux. Mais faites donc une enquête. Mais le monde entier sait que des milliers d’enfants au Yémen meurent de faim. Toutes les heures, toutes les deux ou trois heures, des enfants (yéménites) meurent de faim ou de maladies. Et cela depuis un an et demi, à cause du blocus saoudien contre le Yémen et de la guerre (saoudienne) contre le Yémen, des bombardements massifs et indiscriminés contre tout le Yémen : les hôpitaux, les centres, les pharmacies, les écoles, les habitations, etc. Et les enfants du Yémen meurent (massivement) sous les yeux du monde entier. Ils ne se contentent pas de monter des vidéos de Gaza ou de la banlieue sud de Beyrouth en prétendant qu’elles viennent d’Alep. Le monde entier voit qu’il s’agit d’enfants yéménites, qu’ils parlent en (dialecte) yéménite, que les images viennent du Yémen, et qu’elles ont été diffusées par des organisations internationales. Et au lieu que tous ceux qui prétendent être dignes, humanitaires, attachés aux droits de l’homme et au bien-être des gens, au lieu de prendre position et de proclamer la vérité face à ceux qui assiègent le Yémen, tuent le peuple yéménite, et font mourir les enfants du Yémen de faim et de maladies, ils prennent les images des enfants du Yémen et prétendent qu’il s’agit des enfants d’Alep qui meurent de faim et de maladies.

Voilà ce qu’il en est… Ils ont monté, réalisé et diffusé de véritables films et ont prétendu que tout cela venait d’Alep.

Ils ont parlé de 300 000 personnes assiégées à Alep. Eh bien, la bataille d’Alep est terminée, où sont les 300 000 personnes ? Peut-être que des journalistes ou quiconque pourraient prendre le temps de faire un documentaire où ils montreraient ce que Al-Arabiya, Al-Jazeera, les autres chaînes arabes, CNN, BBC et que sais-je encore ont prétendu au sujet d’Alep pendant 3 mois, pour le comparer à ce qui est finalement apparu à la fin de la bataille. Cela révèlerait l’ampleur de la désinformation et des falsifications.

Bien sûr, nous ne disons pas qu’Alep était une partie de plaisir, il y avait une véritable guerre à Alep. Il y avait des combats, une bataille violente et sanglante. Mais tout ce qui était fabriqué et diffusé n’a aucun fondement de vérité. Et nous devons profiter de cette expérience afin (de faire en sorte) que les gens ne soient pas victimes des manipulations des médias.

Quatrième point, le plan humanitaire. Cela fait une semaine que nous voyons les civils quitter Alep-Est, de même que les combattants avec leurs armes légères. Bien sûr, certains me diront que ce n’est pas ma responsabilité de défendre le régime syrien. Mais nous menons une même bataille. Que ce soit ma responsabilité ou non, permettez-moi de dire ceci.

Je veux vous poser une question, ainsi qu’au monde entier, à tout le monde : donnez-moi le nom d’une seule ville dont Daech a pris le contrôle, ou que Daech a assiégée, ou dont le Front al-Nosra ou ces groupes armés takfiris se sont emparés et qu’ils ont occupée, et où ils ont permis aux civils d’en sortir sains et saufs. (Donnez-moi le nom d’une ville d’où) ils aient permis aux combattants (pro-gouvernement) de sortir sains et saufs, même sans leurs armes individuelles, les mains nues. Donnez-moi en un seul exemple. Je défie le monde entier de me trouver un seul exemple.

(Que ce soit) en Syrie, en Irak, au Yémen, en Libye, au Nigéria, dans tous les lieux où (ces terroristes) combattent, donnez-moi un seul exemple. Un exemple ou les takfiris ont été victorieux, se sont emparés de la ville et où la bataille était finie, et où malgré cela, ils aient accepté de faire un accord et d’ouvrir la voie aux civils pour qu’ils sortent ainsi qu’aux combattants, avec leurs armes. Ces (terroristes) que l’Amérique, l’Occident, l’Arabie Saoudite, la Turquie et tous les autres présentent comme « l’opposition syrienne démocratique modérée » qui demande la démocratie en Syrie, en Irak, au Yémen et que sais-je encore, alors que le (prétendu) « régime syrien barbare » conclut des accords permettant à tous de sortir sains et saufs.

Et pas seulement à Alep. Cela s’est produit à Homs, dans la vieille ville qui était assiégée. Dans toute ville, tout village syrien où les groupes armés acceptent de négocier (avec les forces loyalistes), un accord est conclu. A Khan al-Cheikh, (les terroristes) ont combattu jusqu’au désespoir, et à la fin, ils ont demandé de conclure un accord. Le régime aurait pu refuser de conclure un accord et entrer dans la ville, les tuer, les détruire et les éradiquer et remporter la bataille militairement. Mais il a accepté de conclure un accord. Un grand nombre de combattants ont rendu les armes et sont restés, les gens sont restés, les habitants sont restés, et certains ont fui vers Idlib. Et aux derniers nouvelles, des combattants qui avaient fui vers Idlib reviennent et déposent les armes (pour obtenir l’amnistie du gouvernement).

Eh bien, ce qui se passe dans les villes et villages de Syrie, vous qui parlez de régime barbare, indiquez moi une guerre menée par les régimes arabes dans laquelle lorsqu’ils l’emportaient face à une ville, ils acceptaient de conclure un accord. Il faut attester de cette vérité.

(Egalement à) Al-Foua et Kafraya, assiégées depuis presque deux ans (par les terroristes), qui se défendent et qui sont aussi défendues de l’extérieur. Le gouvernement a essayé de conclure un accord d’ensemble pour régler la situation humanitaire à Madaya, Zabadani, al-Fou’a, Kafraya, mais (les terroristes) n’ont pas accepté. Et ils trahissent leurs engagements, comme cela s’est produit tout récemment avec le dernier accord. Ils trahissent ! 1200 ou 1300 femmes, enfants et vieillards, des malades et des blessés devaient sortir de al-Fou’a et Kafraya mais malheureusement, durant les dernières nuits, ils les ont pris en otages. Ils trahissent leurs promesses, violent leurs accords conclus et leurs engagements, ils n’ont aucune parole. Pourquoi ? Parce qu’ils voulaient prendre des otages. Il faut tenir compte de tous ces éléments lorsque l’on parle d’Alep.

L’avant-dernier point sur la question syrienne concerne les mensonges sur les changements démographiques. Car le régime et nous-mêmes en sommes accusés. Où y a-t-il un changement démographique en Syrie ? Considérons Khan al-Cheikh (bastion terroriste) par exemple, ses habitants y sont restés. A Damas, les habitants sont restés, de même que dans l’agglomération de Damas. A Alep, les habitants sont restés. A l’Ouest, tous les habitants sont restés, et à l’Est, la population va revenir. Et dans la majorité des villes, les habitants sont revenus.

Qui répand (ces mensonges) ? Qui veut vraiment faire un changement démographique en Syrie, et contre quelles populations ? Oui, vous me direz peut-être qu’il y a une exception, à savoir Daraya, à cause de la situation sécuritaire, mais prochainement, les habitants y reviendront. Dans l’accord que je viens d’évoquer à al-Foua et Kafraya, nous disons (aux terroristes) que les habitants de ces villes veulent en sortir, mais les habitants de Madaya restent (chez eux). Les habitants de Zabadani reviennent (chez eux). Personne ne veut réaliser de changement démographique en Syrie. Ni le régime, ni les alliés du régime.

Ceux qui ont réalisé un changement démographique en Syrie sont les groupes armés. Allez donc voir les régions contrôlées par les groupes armés. Trouvez-vous des adeptes des autres religions ? Trouvez-vous des adeptes des autres écoles (islamiques) ? Trouvez-vous des partisans des autres voies politiques ? Qui a donc réalisé un changement démographique ? Le régime ou les groupes armés ? Ce n’est pas un changement démographique sur une base confessionnelle, sectaire ou d’école, mais sur une base politique ! Dans les régions contrôlées par les groupes armés, si un sunnite les contredit, ils le tuent, le châtient ou l’exilent. N’est-ce pas ce qui se produit avec Daech, al-Nosra et les autres groupes armés ? Mais du côté du gouvernement, il n’y a pas de changement démographique.

Victoire décisive pour le régime syrien (3/3)

Dernier point avant de consacrer quelques minutes à la situation au Liban. Si on veut décrire la bataille d’Alep de manière réaliste, sans aucune exagération, car nous ne voulons ni amenuiser cette victoire ni l’exagérer. Ce serait l’amenuiser que de dire que ce n’est rien qu’une bataille parmi d’autres en Syrie, ce serait diminuer de beaucoup sa portée, (et ce serait une exagération que) de dire que la guerre en Syrie est terminée. Non, ce serait une exagération. Mais nous pouvons dire qu’elle constitue une défaite majeure, l’une des défaites majeures du projet adverse, et une grande victoire pour le front défensif qui fait face au terrorisme. En somme, c’est un développement majeur d’une importance capitale aux niveaux militaire, politique et moral pour notre camp.

Pour mieux comprendre la situation, imaginez-vous qu’à Dieu ne plaise, Alep soit tombée entre les mains des groupes armés. Quelle aurait été aujourd’hui la situation militaire, politique, morale, médiatique, où en serait le monde ? Prenons donc l’antithèse, comme lorsque nous demandions ce qui se serait passé si le Hezbollah avait été vaincu en 2006, où en seraient le Liban et la région ? Si Alep était tombée entre leurs mains, que se serait-il passé ? En soi, le fait que ce ne se soit pas produit constitue un accomplissement majeur pour la reprise d’Alep.

Cela ne signifie pas que la lutte est finie, que la guerre est gagnée, c’est vrai, mais il y a une conséquence majeure à la bataille d’Alep, et je vais être clair là-dessus, à savoir que le projet qui visait à renverser… Il y a deux projets, ou deux niveaux dans le projet (adverse), deux objectifs : il y a l’objectif de renverser le régime, et il y a l’objectif de prendre le contrôle de la Syrie. Par exemple, il aurait été possible qu’ils renversent le régime, à Dieu ne plaise, mais qu’ils ne puissent s’emparer de toute la Syrie, car des régions continueraient à leur résister, comme cela se passe généralement dans les pays, et que la conséquence soit une longue guerre civile. Mais ils auraient alors atteint leur objectif de renverser le régime. Il y a donc deux objectifs : renverser le régime, condition nécessaire pour s’emparer de toute la Syrie, qui constitue un objectif plus élevé.

Aujourd’hui, après Alep, on peut dire avec certitude que l’objectif de renverser le régime a échoué. Cet objectif a échoué (définitivement). Ce programme a échoué à réaliser son objectif. Pourquoi ? Parce que le régime qui tient Damas, qui tient Alep (on peut le dire à présent), les deux plus grandes villes de Syrie (en considérant le nombre d’habitants de Damas et Alep), qui tient Homs, qui tient Hama, Lattaquié, Tartous, Soueïda, etc., etc., etc., ce régime est présent, fort, actif, et personne dans le monde ne peut l’ignorer ou prétendre que ce régime est fini et tombé. Et c’est là l’une des grandes implications politiques de la victoire d’Alep. Maintenant, la victoire d’Alep ne signifie pas que le projet de détruire la Syrie est tombé, et que le projet de guerre contre la Syrie est terminé, en aucun cas. Ils poursuivent leur œuvre.

Et à partir de là, je veux établir ceci : oui, nous sommes face à une nouvelle étape du conflit en Syrie. Notre camp progresse de manière très importante, il a progressé par ses accomplissements et ses victoires. Mais la responsabilité et la confrontation restent très grandes. La prochaine étape doit se concentrer sur le renforcement de la ville d’Alep et de ses environs, (du point de vue de) sa sécurité et de sa protection, car il est évident que les groupes armés les prendront pour cibles, et que leurs soutiens les y encourageront sans problème car ils n’ont qu’à leur donner de l’argent et leur acheter des armes, à faire venir des combattants du monde entier. Ils ne se rendront pas et n’abandonneront pas. Et c’est pourquoi il faut que nous soyons vigilants. La priorité est de consolider cet accomplissement, de préserver et de renforcer cette victoire pour qu’elle puisse être exploitée sur le terrain et politiquement.

D’un autre côté, la victoire d’Alep peut ouvrir de nouveaux horizons pour des issues et résolutions politiques au conflit. La victoire d’Alep et l’échec du projet adverse peuvent permettre à certains pays de devenir réalistes, de reconsidérer les choses. Cette résolution politique qu’ont jusqu’à présent repoussée les Américains, les Saoudiens et beaucoup d’autres, car ils ignorent délibérément les réalités au niveau populaire et sur le champ de bataille. Alep a changé beaucoup de choses à ces égards, et il faut que cela se traduise de manière politique.

Cet accomplissement est celui de tous ceux qui ont combattu, persévéré et se sont sacrifiés à Alep, qu’il s’agisse de Syriens ou d’alliés. Mais en tant qu’allié, permettez-moi de dire qu’après Dieu le Très-Haut, la base de cette victoire est les Syriens eux-mêmes : les dirigeants syriens, l’armée syrienne, le peuple syrien, les Syriens qui ont pris la décision de rester inébranlables et de faire face. Car si les Syriens eux-mêmes, les dirigeants syriens, l’armée syrienne et le peuple syriens n’avaient pas pris cette décision, qu’auraient pu faire tous les alliés ? Les alliés sont un facteur complémentaire, un soutien, mais la base (de cette victoire) reste aux Syriens eux-mêmes, dont il s’agit de leur pays, leur destin et leur avenir, et ils façonnent non seulement l’avenir de leur pays mais l’avenir de toute la région.

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