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Hugo Chavez : la légitimité syrienne, c’est Bachar !


par Louis Denghien
11/10/12
Ce n’est pas tout à fait une surprise, mais c’est néanmoins sympathique : une des premières intentions diplomatiques d’Hugo Chavez après sa réélection à la tête de l’Etat vénézuélien aura été pour la Syrie. S’exprimant dans la conférence de presse inaugurale de son nouveau mandat, Chavez a fait, comme à son habitude, dans la franchise passionnée : « Comment ne pas soutenir le gouvernement de Bachar al-Assad puisque c’est le gouvernement légitime de la Syrie ? » Et le président vénézuélien d’enchaîner avec une autre question pertinente : « Qui soutenir ? Les terroristes, ceux qui veulent un conseil de transition, ceux qui tuent les gens de tous côtés ? »Hugo Chavez ayant la réponse à ces questions, il passe à la condamnation des Européens, la cause des Américains étant entendue : « Je ne sais pas comment il se fait que certains gouvernements d’Europe se réunissent avec les terroristes et ne reconnaissent plus un gouvernement légitime. Nous, nous continuons bien sûr à soutenir le gouvernement légitime et plaidons pour la paix en Syrie ». Chavez a encore exprimé l’idée que ce qui se passait en Syrie était « une crise planifiée« , sur le modèle de celle qui a coûté le pouvoir et la vie à Kadhafi. Et le planificateur n°1, ce sont les Etats-Unis, « un des plus grands responsables de ce désastre (syrien) ». Et en toute logique, le président s’est félicité de l’attitude constante de la Russie et de la Chine sur ce dossier;

Un viejo amigo…

L ‘amitié entre la Syrie souveraine et certains pays latino-américains au premier rang desquels le Venezuela remonte à bien avant la crise. La première visite de Chavez en Syrie intervient en 2003, année qui voit aussi le président brésilien Lula débarquer à Damas. Chavez est de retour en Syrie en 2006 et en 2009 c’est Bachar al-Assad qui se rend à Doha (!) pour le 2e sommet Amérique du Sud/Pays arabes (ASPA). 2010 voit le président syrien effectuer une tournée en Amérique latine, et aussi le troisième séjour du président vénézuélien en Syrie..

En 2011, sept mois après le début des troubles, une délégation pan-américaine de l’Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA) qui arrive à Damas pour réaffirmer le soutien des pays latino-américains « anti-impérialistes » (et concrètement anti-Washington) à la Syrie telle qu’elle est. Le 5 février 2012, l’ALBA réunie en sommet à Caracas réaffirme son soutien. En juillet dernier, après l’attentat qui décime à Damas, le gouvernement syrien, Hugo Chavez adresse ses condoléances au président syrien.

Qu’en penses-tu Jean-Luc ?

Clairement, l’homme qui vient d’être réélu président par 55% des électeurs vénézuéliens n’est pas un ami ou un soumis de Hillary Clinton, de Laurent Fabius ou du prince-ministre Ben Jassem al-Thani. Et son amitié pour la Syrie souveraine n’est pas que verbale : en mai dernier par exemple, un cargo vénézuélien a livre 35 000 tonnes de mazout à la Syrie, pour l’aider à compenser les divers embargos occidentaux. Un deuxième navire, avec la même cargaison pour le même destinataire, est en principe parti dans les semaines qui ont suivi. On peut penser que Chavez aura d’autres « gestes » de solidarité avec un pays très clairement confronté, si les mots, mêmes politiques, ont encore un sens, à une agression de type impérialiste, maquillée comme de coutume en croisade du droit et de la liberté.

Repassons de l’universel au particulier, et du conflit syrien à la gauche française : Hugo Chavez est incontestablement une figure populaire et une référence dans les milieux « à gauche de la gauche » et alter-mondialistes. On croit savoir qu’un Jean-Luc Mélenchon a réaffirmé récemment son soutien à Hugo Chavez à l’occasion de la campagne présidentielle vénézuélienne. Bolivariste, Mélenchon ? Non, brouillon et ambigu comme toute la gauche populaire française, écartelée dans sa nostalgie anti-impérialiste et son alignement sur la rhétorique anti-fasciste et droits-de-l’hommiste imposée par la gauche sociale-démocrate (sans oublier l’extrême-gauche bobo à la NPA),rhétorique qui lui fait condamner le « dictateur » Bachar, quitte à faire la fine bouche devant l’OTAN et les pétro-monarques. Les amis de nos admirations ne sont pas forcément nos amis. Mais il faudra bien un jour que cette gauche-là, si elle veut retrouver un peu de crédibilité, choisisse vraiment entre Hugo Chavez et Bernard Kouchner (par exemple)…

inv

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