« Il ne s’agit pas de «déradicaliser» les djihadistes de la religion mais de leur instinct de mort qui s’habille des oripeaux du salafisme »
novembre 7, 2018
Interview
Alain Chouet :
Mohsen Abdelmoumen
Mohsen Abdelmoumen : Dans votre livre magistral que chacun doit lire « Au cœur des services spéciaux – La menace islamiste : fausses pistes et vrais dangers », vous offrez des clés de compréhension du phénomène terroriste. D’après votre longue expérience dans le renseignement, n’y a-t-il pas aujourd’hui une nécessité d’adapter, voire de réorganiser, certains services de renseignement en fonction de la menace terroriste actuelle ? Quels sont pour vous les besoins prioritaires d’un service de renseignement pour qu’il soit efficace dans le cadre de la lutte antiterroriste ?
Alain Chouet : Notons tout d’abord que les services de renseignement ne sont pas inefficaces, bien au contraire. Le nombre d’attentats prévenus et déjoués, en particulier en Europe occidentale, est de beaucoup supérieur à celui des attentats réussis. Dans ce domaine, il existe pourtant un réel problème au niveau de l’information et de l’opinion publique qui n’accorde que peu d’intérêt aux tentatives déjouées et ne retient évidemment que les attentats qui l’ont émue avec le cortège de doutes sur le travail des organismes de sécurité publique que cela entraîne.
Cette incompréhension a de multiples causes dont on ne retiendra ici que les deux principales.
Nos sociétés sont parfaitement accoutumées à certaines formes de violence qui, contrairement au terrorisme, ne suscitent ni grand intérêt ni critique des services de sécurité. En effet, personne ne parle de faillite des pompiers quand se déclare un feu de forêt d’origine criminelle ou de faillite de la police quand des malfrats attaquent un fourgon blindé.
Ainsi, au cours des dix dernières années, les États-Unis ont connu 271 tueries de masse qui ont fait au total 1358 victimes mais dont seules 5 ou 6 ont suscité l’émotion et des interrogations planétaires parce qu’elles ont été qualifiées de « terroristes » pour la simple raison qu’elles étaient commises par des Musulmans. L’Europe est moins familière des tueries de masse mais n’est pas non plus à l’abri de violences irrationnelles individuelles ou groupusculaires qui, là aussi, ne sont qualifiées de terroristes que si elles sont commises par des Musulmans. Et cette perception est souvent aggravée par le fait que des organisations fondamentalistes islamiques revendiquent ces actions violentes par opportunisme même quand elles n’en sont pas à l’origine.
Les services occidentaux ont beaucoup appris des différentes phases de terrorisme qui se sont succédées depuis les années 1970 (euroterrorisme et terrorisme palestinien des années 70, terrorismes irrédentistes, terrorismes d’État des années 80, terrorisme islamique des années 90 et 2000 piloté et organisé par des organisations structurées) et leur bilan est plus qu’honorable en termes de neutralisation et de prévention.
Le problème aujourd’hui est que ces violences organisées par des entités structurées qui ont été vaincues ont laissé place à des phénomènes de résonance individuels très sommaires (attaques au couteau, à la barre de fer, à la voiture bélier, etc.) commis par des individus ou des petits groupes isolés, en rupture de liens familiaux et sociaux, parfois psychotiques, qui passent à l’acte de façon souvent irrationnelle et imprévisible.
C’est là une réalité beaucoup plus difficile à appréhender par les services de sécurité dans des pays démocratiques où il n’est pas envisageable de surveiller en permanence chaque citoyen, d’autant que ces dérives ne relèvent pas seulement de la sécurité mais aussi et surtout de problématiques sociales, culturelles, et même souvent médicales.
Dans l’ouvrage collectif très riche que nous recommandons à nos lecteurs « La face cachée des printemps arabes » édité par CF2R, vous avez signé une contribution titrée « Du printemps arabe à l’hiver islamiste ». Le « printemps arabe » ne constitue-t-il pas un tournant historique majeur dans le projet de dissolution des Etats-nations ? D’après vous, quels sont les grands gagnants de ce projet funeste pour le monde arabo-musulman ?
Imaginer qu’il existerait un « projet de dissolution des États-Nations » relève d’une vision conspirationniste que je ne partage pas. Quels en seraient les auteurs ? Quels en seraient les objectifs ? Quel en serait l’intérêt ?
Il existe en revanche un fort courant de pensée néo-conservateur qui milite depuis longtemps pour un effacement des États plus ou moins artificiels issus de l’effondrement de l’Empire Ottoman en 1920 et leur remplacement par des États Nations fondés sur des communautarismes ethniques ou religieux.
Les principaux théoriciens de ce projet sont l’Israélien Oded Yinon et l’Américain Ralph Peters qui l’ont décliné, cartes à l’appui, dans diverses publications. L’idée, inspirée du démembrement de l’Empire des Indes britannique en 1948, consiste à redécouper le Moyen Orient en entités étatiques homogènes sur le plan confessionnel ou ethnique qui, à la fois, légitimeraient l’existence d’Israël en tant qu’État « juif », désamorcerait les affrontements internes des États multicommunautaires existants, ferait perdre tout intérêt aux idéologies progressistes et laïcisantes, diviserait la région en entités opposées entre elles et suffisamment petites et faibles pour ne pas constituer un danger militaire.
Il se trouve que ce « projet » s’est heurté à un autre qui pariait au contraire sur une politique des majorités en planifiant de confier la gestion des pays du monde arabe et musulman à des islamistes « modérés » dans l’espoir que ceux-ci neutralisent à la fois les islamistes « extrémistes » d’un côté et les nationalistes « progressistes » de l’autre.
Les « printemps » arabes de 2011 ont trouvé leur source dans l’exaspération légitime des peuples face aux excès de régimes autoritaires installés à la faveur des rivalités Est-Ouest de la guerre froide. Par naïveté, par inculture ou par calcul, ces « printemps » ont été encouragés par les élites politiques et médiatiques d’Occident jusqu’à provoquer un chaos incontrôlable. Mais l’exaspération ne constitue pas un programme politique et elle a été récupérée par les seules organisations structurées existantes en dehors des nationalistes, c’est-à-dire les islamistes parmi lesquels les plus extrémistes d’entre eux ont tenté, de surenchère en surenchère, de s’emparer du pouvoir.
Ne pensez-vous pas que les attentats qu’a connus l’Europe sont une des conséquences de ce qu’on appelle les « printemps arabes » ?
Non. Les germes de la violence politique islamiste ont été plantés dès le début des années 1980 par les Occidentaux, États-Unis en tête, conjointement avec l’Arabie Saoudite puis, à partir des années 2000, le Qatar, dans une politique globale de « containment » de l’URSS et de l’Iran. La controverse stratégique et religieuse entre l’Iran et l’Arabie avait conduit cette dernière à tenter de prendre le contrôle de l’Islam mondial par le biais de nombreuses institutions et ONG répandant le message intégriste salafiste des Wahhabites relayé à l’époque pour des raisons opportunistes par les Frères Musulmans. Aux militants ainsi séduits idéologiquement, la guerre d’Afghanistan a fourni des armes, une formation militaire à la violence et surtout une légitimité politico-religieuse dans l’ensemble du monde musulman, y compris dans les communautés émigrées en Occident qui souffraient de diverses formes d’exclusion.
Abandonnés à leur sort après l’effondrement du bloc de l’est, ces « héros de l’Islam », privés de soutien mais pas d’armes ni d’idées, se sont retournés contre leurs maîtres arabes et occidentaux en frappant comme ils le pouvaient, où ils le pouvaient, leurs ennemis « proches » et leurs ennemis « lointains » par l’arme du faible au fort que constitue le terrorisme. C’est dans les « exploits » plus ou moins fantasmés des différentes mouvances salafistes violentes que des jeunes musulmans ou convertis d’Occident en mal de vivre puisent un modèle de comportement revendicatif asocial et une rationalité à leurs pulsions destructrices. Ces comportements violents ont certainement été encouragés par l’apparent soutien des élites occidentales aux débordements des « printemps » arabes mais ceux-ci, qui arrivent bien tard dans le développement de la violence djihadiste, n’en constituent pas la cause.
Depuis les attentats qui ont frappé, entre autres, la France et la Belgique, à votre avis, les gouvernements occidentaux ont-ils adopté des mesures concrètes efficaces pour contrer le terrorisme ?
La France à partir de 2003 puis la Belgique à partir de 2016 ont entrepris un vaste train de réformes, d’adaptation et de modernisation de leurs services de renseignement et de sécurité pour faire face à la menace émanant d’organisations violentes structurées sans pour autant tomber dans les excès sécuritaires du « Patriot Act » américain. De même, la sensibilisation de nos concitoyens à la menace a été menée sans provoquer de réaction de rejet et d’exclusion des communautés dites « à risque ».
Cependant, rien n’a été vraiment fait sur le plan pénal, social, familial, éducatif, culturel pour contrôler efficacement les éléments les plus fragiles de ces communautés « à risque », pour prévenir leurs dérives vers les fulgurances de la propagande djihadiste, pour imposer à tous le respect de nos valeurs démocratiques et libérales, pour reconquérir des quartiers entiers et autres banlieues entrées en dissidence avec nos sociétés et où ne peuvent pénétrer sans risque ni la police, ni les services de secours, ni les services médicaux ou sociaux. Il y a même en France comme en Belgique, des politiciens locaux qui – en se prévalant de « bons sentiments » – ont flatté ces dissidences à des fins électorales.
C’est ce qui nous expose aujourd’hui non pas à un terrorisme organisé exogène mais à des dérives violentes endogènes propres à nos sociétés. En France comme en Belgique depuis les attentats de Charlie Hebdo, ce ne sont pas des éléments étrangers spécialement formés pour nous attaquer qui nous ont frappés, mais bien nos propres enfants ou en tout cas des produits de notre propre système social. Qu’ils se réclament de causes extérieures ou que des organisations étrangères revendiquent leurs actions n’y change rien. Le problème est au cœur de nos sociétés et ne relève donc pas de la seule compétence des services de sécurité.
Pensez-vous que la coopération au niveau des services de renseignement entre les pays occidentaux et des pays tiers tels que la Syrie, la Russie, l’Irak, etc. est optimale ?
La coopération entre pays occidentaux en matière antiterroriste fonctionne plutôt bien même si elle est parfois entravée par le gigantisme et le cloisonnement de l’appareil sécuritaire américain qui compte pas moins de 16 agences de renseignement. En revanche la coopération des services occidentaux avec les services de la plupart des pays arabes – qui avait permis des succès certains dans la décennie 2001-2011 – est au point mort, soit parce que les services de ces pays ont disparu (Libye, Yémen), soit parce qu’ils sont en phase de réorganisation laborieuse (Tunisie, Irak), soit parce que nos décideurs politiques ont fait le choix de rompre tous les canaux de dialogue (Syrie). Quant aux rapports avec les services russes, ils sont complexes, méfiants et limités par le fait que les Occidentaux et les Russes ne sont pas dans le même camp sur le terrain et n’ont pas la même perception de la menace djihadiste.
Cela dit, la coopération n’a d’intérêt que si on a quelque chose à échanger. Dans la mesure où, depuis maintenant plusieurs années, les violences terroristes que nous subissons en Europe (France, Belgique, Espagne, Royaume Uni, Allemagne, etc.) sont le fait de résidants dans le pays visé dont ils ne sont souvent jamais sortis, il n’y a pas vraiment matière à coopération internationale.
Selon vous, est-ce une bonne idée d’accueillir les djihadistes « foreign fighters » ou « returnees » et leurs familles, sachant que les différents services de sécurité occidentaux manquent de moyens, de l’aveu même de certaines sources policières ?
C’est évidemment un problème mais c’est notre problème. Nous sommes responsables de nos citoyens, les bons comme les mauvais, surtout quand nos opinions publiques refusent qu’ils soient jugés et condamnés dans les pays où ils ont commis leurs crimes, soit parce que nous nous émouvons de sanctions trop lourdes, soit parce que les institutions judiciaires de ces pays sont incertaines.
Nous devons assumer nos incohérences. En particulier celle qui consistait à fermer les yeux sur les départs de djihadistes qui manifestaient leur désir d’abattre le régime syrien, ou celle qui consistait à ne pas exiger de nos alliés turcs de l’OTAN de fermer leurs frontières avec l’Irak et la Syrie à nos ressortissants en situation irrégulière. Et refuser leur retour serait prendre le risque de les retrouver sur d’autres théâtres d’opérations djihadistes en Afrique, en Asie ou ailleurs.
Nous n’avons donc pas d’autre choix que de les rapatrier mais leur prise en charge ne saurait être mise à la charge des seuls services de sécurité. Puisque leurs dérives violentes sont la conséquence de carences graves de nos systèmes judiciaires, sociaux, culturels, éducatifs, c’est à l’ensemble de l’appareil d’État et de la communauté nationale qu’incombe le soin de les réinsérer si c’est possible et de neutraliser leur potentiel de nuisance s’ils sont irrécupérables.
Ne pensez-vous pas que les politiques de dé-radicalisation prônées par certains gouvernements occidentaux ont échoué ?
Elles ne pouvaient qu’échouer parce qu’on a appréhendé le problème de façon erronée en voulant considérer la radicalisation sur un plan religieux. Pour répondre aux interrogations d’Olivier Roy qui se demande si c’est l’Islam qui se radicalise ou la radicalité qui s’islamise, il faut constater que c’est un double mouvement. Depuis plus de 30 ans, sous l’impulsion financière de l’Arabie et l’impulsion idéologique des Frères Musulmans, c’est la seule interprétation néo-hanbalite salafo-wahhabite, jusque là très minoritaire de l’Islam, qui s’est imposée comme référentiel unique et indiscutable de la religion, en particulier chez les plus ignorants et les plus incultes, notamment les jeunes des communautés émigrées coupés de leurs racines et de leurs liens sociaux et familiaux mais totalement sous l’influence de la propagande internet et de certains réseaux sociaux que les salafistes maîtrisent parfaitement
À ces jeunes plus ou moins décérébrés, il est parfaitement inutile de vouloir opposer des arguments dans le champ du religieux, même par des autorités reconnues de l’Islam. Tout discours qui sort de la doxa salafiste est pour eux non seulement inaudible mais aussi haïssable.
De fait le problème est psychologique, voire psychiatrique. On a affaire à des individus en rupture complète avec leur environnement, généralement affectés d’une vision très dégradée d’eux-mêmes qui les conduit à confondre le respect auquel ils aspirent avec la peur qu’ils inspirent. C’est cette recherche permanente de l’affrontement avec le reste du monde qui constitue la radicalité.
Et, dans un tel contexte, le salafisme qui prône la violence et la terreur contre quiconque n’est pas salafiste – c’est-à-dire 99,9 % de la planète – est évidemment un référentiel bienvenu puisqu’il suscite la peur de tous face à la violence de quelques uns. Mais on a vu ailleurs que d’autres référentiels peuvent servir à des individus qui ont subi les mêmes dérives psychologiques comme en Norvège Anders Breivik qui rationalisait sa radicalité dans le fond culturel nazi ou, aux Etats-Unis, Timothy Mac Veigh, l’auteur du sanglant attentat d’Oklahoma City qui se référait aux codes de la suprématie blanche, et dans toute l’Europe des années 70, les euro-terroristes, ces jeunes gens qui assassinaient au nom d’une vision fantasmée du marxisme-léninisme.
Donc il ne s’agit pas de « déradicaliser » les djihadistes de la religion mais de leur instinct de mort qui s’habille des oripeaux du salafisme et de les réinsérer dans la société. Cela ne peut être qu’un processus long, coûteux, multidisciplinaire et pas toujours assuré du succès tant certaines dérives sont irréversibles.
À votre avis, le communautarisme qui prospère dans certains pays occidentaux ne sert-il pas la cause des terroristes ?
Toute démarche qui tend à couper un segment de la population du reste de la communauté nationale ne peut évidemment qu’affaiblir cette communauté nationale, la diviser en entités hostiles, susciter des affrontements internes, provoquer le rejet des valeurs collectives qui fondent son unité et sa solidarité.
C’est une démarche classique de la subversion dont on retrouve de nombreux exemple dans l’histoire et que se sont parfaitement réappropriée les Frères Musulmans comme on peut le constater dans les écrits de leur principal théoricien de la violence, Sayyid Qutb.
L’objectif est de couper les Musulmans du reste du monde en les rendant haineux vis-à-vis des non musulmans et haïssables par eux de façon à mieux les dominer sans que personne ne souhaite intervenir contre cette domination.
Il s’agit en fait d’une démarche sectaire au sens latin du terme (sequor = couper) qui est celle de toutes les sectes dont le but est de couper leurs adeptes de tous leurs liens sociaux, familiaux nationaux et de les rendre totalement dépendants de l’influence et de l’autorité du « chef », jusqu’à la mort si nécessaire.
Le « communautarisme » que vous évoquez s’alimente à la fois de la politique déterminée à des fins diverses des salafistes wahhabites, Frères Musulmans ou déobandis pakistanais, mais aussi de la naïveté, de l’ignorance et des pseudos bons sentiments d’un certain nombre d’Occidentaux qui, pour des raisons tout aussi diverses, enferment les Musulmans dans leur essence de Musulmans en leur reconnaissant sans même leur demander leur avis un « droit à la différence », un « devoir de conserver leurs racines », une licence de ne pas respecter les règles communes de la collectivité nationale qui ne leur conviennent pas à titre individuel.
Ce communautarisme exacerbé profite bien sûr aux stratégies sectaires dont s’alimentent les instigateurs du djihadisme.
Quel rôle exact a joué George Soros et son organisation dans les « printemps arabes » ?
Il est de bon ton dans les milieux conspirationnistes d’accuser le milliardaire américain Georges Soros de toutes les misères et déstabilisations du monde. Je pense qu’il ne mérite ni cet excès d’honneur ni cet excès d’indignité. Il est clair que ses différentes ONG et fondations – en particulier son « Open Society » – ont beaucoup contribué à donner l’espoir d’un changement soutenu par l’Amérique aux contestataires des « révolutions orange » dans l’ex bloc de l’est et des « printemps » arabes et a incité les uns et les autres à diverses formes de jusqu’auboutisme.
La naïveté et l’ignorance des responsables de ses fondations, sans doute pétris de bonnes intentions, les ont conduits à considérer que les Frères Musulmans étaient des sortes de démocrates chrétiens à la sauce musulmane qui pouvaient à la fois contrôler les dérives djihadistes et assurer la transition des pays musulmans vers des formes de démocratie libérale et d’intégration à l’économie mondialisée de marché. Et, appuyés sur de gros moyens médiatiques et financiers, ils ont réussi à en convaincre de nombreux responsables politiques et élites de l’intelligentsia occidentaux tout aussi ignorants et naïfs qu’eux.
Que les initiatives des institutions pilotées par George Soros aient contribué à des déstabilisations parfois dramatiques ne fait guère de doute. Qu’elles aient été calculées et préméditées dans la ligne néo-conservatrice du « chaos créateur » me paraît en revanche douteux. Je retiens de quarante années de travail dans le renseignement que l’ignorance, l’arrogance et la bêtise qui sont bien réelles font beaucoup plus de ravages que d’hypothétiques conspirations.
En soutenant une « opposition » en Syrie, qui se dit modérée alors qu’elle est composée essentiellement de djihadistes, les gouvernements occidentaux n’ont-ils pas commis une erreur stratégique qui a semé le chaos dans toute la région MENA ?
Il s’agit encore là d’une illustration parfaite de l’ignorance et de l’arrogance des élites occidentales. Il existait bien sûr une réelle opposition démocratique en Syrie mais elle était extrêmement marginale et la plupart du temps exilée de longue date à l’étranger, en France, aux États-Unis et en Grande Bretagne et sans influence sur le terrain. En Syrie même, la seule vraie force d’opposition à la mainmise de la minorité alaouite – alliée aux autres minorités (chrétiens, druzes, ismaéliens, chiites) – sur le pouvoir et les richesses du pays était constituée par la frange la plus extrémiste de la majorité sunnite constituée essentiellement de Frères Musulmans.
Et les affrontements civils en Syrie ne datent pas du printemps 2011 mais ont commencé en 1980 quand un commando des Frères Musulmans s’est introduit dans l’école des cadets de l’armée à Alep, a séparé les cadets alaouites des autres et les a égorgés au couteau en application de la fatwa d’Ibn Taymiyya, ce jurisconsulte salafiste du 14e siècle qui appelait au génocide des Alaouites. Les Frères l’on payé cher dans leur fief de Hama en 1982 mais les affrontements civils n’ont jamais cessé depuis même si le régime a tout fait pour les dissimuler.
Surpris et traumatisés par les « printemps » de Tunisie et d’Égypte où ils avaient multiplié les faux pas, les décideurs occidentaux ont parié sur une chute rapide du Président syrien avec lequel il était donc inutile de trouver une solution négociée et ont assuré de leur soutien une opposition que leurs interlocuteurs syriens habituels réfugiés en Europe et le parti islamiste turc leur présentaient comme démocratique, alors qu’elle était essentiellement composée d’islamistes sunnites radicaux.
Sept ans plus tard, on mesure toute l’étendue de cette erreur de jugement.
L’intervention de l’OTAN en Libye n’est-elle pas une autre faute stratégique qui a déstabilisé le continent africain ?
Cette intervention procède pour les mêmes raisons et les mêmes causes de la même erreur de jugement commise en Syrie. L’actuelle Libye, c’est-à-dire la réunion des trois régions de Cyrénaïque, de la Tripolitaine et du Fezzan, n’existe historiquement et de façon fragile que depuis 1950. Elle n’a été fragilement stabilisée de façon autoritaire qu’à partir du coup d’Etat des officiers de l’armée avec Kadhafi à leur tête en 1969. Le dictateur libyen a donné au monde l’apparence que son pays était uni en « achetant » la paix civile avec les retombées de la rente pétrolière, en organisant des équilibres subtils entre régions et tribus rivales, en mobilisant les forces vives du pays dans des projets plus ou moins farfelus mais flamboyants dans le monde arabe et en Afrique. Mais il n’a pour autant bâti ni un État ni une Nation.
Et il lui a fallu quarante ans, beaucoup de brutalité et de duplicité pour en arriver à une stabilité très fragile et artificielle et sa disparition brutale ne pouvait que conduire à l’éclatement du pays, à la ruine et à l’anarchie.
Quand la communauté internationale a supposé que Kadhafi allait réprimer le « printemps libyen » éclos à Benghazi, loin de la capitale, dans un bain de sang, l’ONU a donné pour mandat aux Occidentaux de protéger les populations menacées. Mais personne n’avait prescrit aux forces engagées de détruire l’armée libyenne, de bombarder les édifices publics de tout le pays et les palais présidentiels, de démanteler l’appareil d’Etat et de faire lyncher le dictateur sous l’objectif des caméras.
Le chaos qui en est résulté est d’autant plus dramatique que personne parmi les puissances intervenantes n’avait réfléchi aux conséquences de l’intervention et à ce qu’il conviendrait de faire après pour assurer l’unité et la stabilité du pays. Là aussi on mesure les résultats sept années plus tard….
Ne pensez-vous pas que les gouvernements occidentaux doivent revoir leur alliance avec des pays comme l’Arabie saoudite et le Qatar qui ont exporté le wahhabisme dans toute la planète ? Quand est-ce que les gouvernements et les Etats se mettront-ils sérieusement à s’attaquer au financement du terrorisme ?
Comme l’a noté à juste titre le chercheur François Burgat au cours d’une audition parlementaire en 2017, l’Arabie des Saoud ne soutient pas le djihadisme par affinité idéologique ou volonté missionnaire. Elle le fait par pragmatisme. Elle soutient quiconque dans le monde arabe et musulman – y compris les communautés émigrées – peut mettre la famille à l’abri du regard critique de l’Occident, à l’abri de la concurrence impériale de l’Iran, à l’abri de la contestation, en particulier de la contestation démocratique ou sociale. Elle encourage partout et toujours quiconque est susceptible de relayer la doxa théocratique, sectaire et réactionnaire sur laquelle elle a construit sa légitimité contestable. Et il ne manque évidemment pas de candidats pour essayer de profiter de la rente que génère cette stratégie puisque, faute de moyens culturels et humains, l’Arabie est bien contrainte de la mettre en œuvre par une tactique du chéquier.
De fait, le lien entre le djihadisme et le wahhabisme est avéré depuis plus de deux siècles avec cette constante que la tribu des Saoud instrumentalise régulièrement le djihadisme au service de ses intérêts mais échoue systématiquement à en contrôler les développements et effets pervers et ne trouve son salut que dans l’intervention armée de puissances étrangères, en général non arabes et non musulmanes, qui doivent ensuite supporter le poids militaire et financier de cette intervention, la responsabilité et la culpabilité de ses conséquences, le soupçon sans cesse recommencé de mener une croisade contre l’Islam. On peut faire semblant de regarder ailleurs pour des raisons d’opportunité économique ou diplomatique – comme on l’a fait pendant des années pour le Qatar – mais il serait dangereux d’ignorer ou de nier le phénomène.
L’Occident en général et l’Europe en particulier ne peuvent donc s’obstiner à ignorer l’existence des instigateurs et des soutiens politiques, idéologiques et financiers qui alimentent et utilisent maladroitement depuis 30 ans la violence salafiste pour tenter de préserver leur légitimité chancelante face à la concurrence de l’Iran islamique et aux évolutions démocratiques. Il est de notre intérêt de nous opposer politiquement et diplomatiquement avec vigueur à ces soutiens. Après de longues années d’errements, l’Égypte a donné l’exemple à l’été 2013 en criminalisant le djihadisme et la Confrérie des Frères Musulmans dont sont issus 90% des idéologues et des militants de la violence djihadiste internationale. Nous ferions bien de nous en inspirer au lieu de nous obstiner à voir dans ce groupe subversif, populiste et totalitaire des sortes de chrétiens-démocrates à la sauce musulmane.
D’autant que si l’Occident a su se montrer intransigeant à l’égard des dictateurs arabes au point d’exiger leur tête au bout d’une pique, il sait se montrer d’une remarquable souplesse à l’égard de certains pétromonarques de la péninsule arabique qui règnent aux antipodes de la démocratie, de la liberté et du respect des droits de l’homme les plus élémentaires.
L’Occident en général, la France en particulier, devront faire face au risque terroriste sur leur sol avec d’autant plus d’intensité que ce terrorisme disposera de bases arrière, de soutiens politiques, de sponsors financiers et d’une matrice idéologique. Il faut en tirer les conséquences car la menace sera permanente aussi longtemps que la matrice qui l’engendre existera.
Comment expliquez-vous le laxisme de certains pays occidentaux qui, non seulement, tolèrent sur leur sol la mouvance des Frères musulmans mais les laissent répandre leur message terroriste via des médias de propagande qu’ils ont créés ainsi que tout un tissu d’organisations « caritatives » ? Comment expliquez-vous cette connivence ?
Nous voici encore une fois au cœur d’une utopie politique qui se situe au croisement de l’arrogance et de l’ignorance. Une frange importante de l’intelligentsia occidentale a pensé, sans doute sincèrement mais avec de forts relents de néocolonialisme bien pensant, que les masses arabes et musulmanes n’étaient pas prêtes pour la démocratie, qu’il leur faudrait une période de transition et qu’on ne ferait pas l’économie d’un passage par un système politique islamiste organisé autour de la seule organisation islamique transnationale fortement structurée et organisée qui est celle de l’Association des Frères Musulmans.
Cette idée a été théorisée des 1995 par le chercheur Graham Fuller au sein du think tank de la Rand Corporation et adoptée avec enthousiasme aussi bien par les néoconservateurs comme Condoleezza Rice que par les « progressistes » démocrates comme Hillary Clinton. Le concept était que, puisqu’en fonction de leur double langage habile, ils étaient présumés « modérés », les Frères mettraient les salafistes violents à l’écart et, avec l’aide conditionnelle de l’Occident, ils organiseraient la transition progressive des sociétés arabes vers la démocratie en acceptant la mobilité de leurs concitoyens les plus jeunes et s’ouvriraient à l’économie mondialisée de marché conçue comme une étape incontournable vers la modernité.
À la lueur de mon expérience de quarante années au Moyen-Orient et au Maghreb, j’observe toutefois que cette sacro-sainte trilogie des « 3M » (Money, Mobility, Market), par laquelle certains responsables de l’Union Européenne inspirés par les think tanks néo-conservateurs américains, pensent pouvoir accélérer et affermir les transitions démocratiques au sud de la Méditerranée, relève de l’illusion et consiste à mettre la charrue avant les bœufs. On réunira sans peine un consensus autour des transferts d’aides et de fonds. Mais abandonner une tutelle étroite sur la jeunesse et se rallier à des systèmes d’économie libéralisée va totalement à l’encontre des principes islamistes des Frères fondés sur l’autorité patriarcale et le mercantilisme protégé.
C’est néanmoins ce théâtre d’illusions qui a motivé – et motive encore souvent – la complaisance, et même parfois la connivence, de nombre de responsables politiques et d’intellectuels occidentaux envers les Frères. Mais, en gros, confier l’encadrement des Musulmans à la Confrérie revient à faire garder son poulailler par des renards. Les renards adorent ça…
À votre avis, en rendant fréquentables des terroristes notoires, certains gouvernements occidentaux ne jouent-ils pas avec le feu ?
Il n’y a tout de même pas beaucoup de « terroristes notoires » dans les pays occidentaux… Mais il y en a et c’est évidemment un risque dont on n’a pas toujours pris la mesure. Dans ce domaine, un certain nombre de pays d’Europe et d’Amérique du nord sont pris au jeu de leurs propres contradictions.
Le Royaume Uni a par exemple toléré pendant de nombreuses années la présence de nombreux idéologues et sponsors financiers de la violence islamique au point de valoir à Londres la désignation peu flatteuse de « Londonistan ». Cette tolérance était motivée par au moins deux raisons. L’une était une sorte d’accord tacite entre les activistes islamistes et les services de sécurité britanniques aux termes duquel ces islamistes bénéficiaient d’un permis de séjour et d’une large liberté d’expression et d’action à condition de n’avoir aucune activité subversive sur le territoire du royaume. Le seconde tient à une disposition de la loi britannique consécutive aux affrontements d’Irlande du Nord qui exige que pour rendre le financement du terrorisme répréhensible, l’accusation doit prouver à la fois que le financier présumé a versé de l’argent à des terroriste mais aussi qu’il avait l’intention que ce financement serve à des actions violentes. Cette preuve « d’intention » est évidemment difficile à apporter et les sponsors financiers de la violence ont vite compris qu’ils avaient intérêt à opérer depuis Londres où de puissants cabinets d’avocats locaux veillaient à leur impunité. Ces tolérances se sont plus ou moins éteintes au tournant des années 2005-2006, mais il en reste des scories.
En ce qui concerne la France, elle est prise au double piège des ses dispositions légales « protectrices » et de ses prises de position internationales. En particulier, dans la mesure ou la justice française s’interdit d’expulser vers leur pays d’origine des étrangers qui y risquent la peine de mort, elle est bien contrainte de les garder sur son sol. Le cas le plus caricatural de cette situation est celui de Djamel Beghal, algérien, membre d’Al Qaïda arrêté à l’été 2001 alors qu’il tentait de revenir en France pour commettre un attentat à Paris. Condamné pour cela, il a bien fallu le garder en résidence surveillée en France puisqu’on s’interdisait de l’expulser vers l’Algérie. De sa résidence surveillée, Beghal a participé au projet d’évasion d’un des auteurs des attentats de Paris en 1995. A nouveau condamné, puis à nouveau remis en résidence surveillée, il y était devenu un des mentors des frères Kouachi qui ont commis l’attentat contre Charlie-Hebdo….. D’autre part, les autorités françaises qui ont à une époque beaucoup encouragé, et même équipé, une subversion armée qu’elles voulaient croire « démocratique » contre le régime syrien ont eu bien du mal à faire la part des choses quand certains de ces rebelles, vaincus sur le terrain, ont demandé l’asile en France.
Mais les Etats-Unis n’ont pas fait mieux en exigeant du gouvernement égyptien, pour des raisons « humanitaires », la libération de nombreux membres des Frères Musulmans impliqués dans l’assassinat du Président Sadate, dont Ayman Zawahiri qui deviendra l’idéologue d’Al Qaïda et surtout du Cheikh Omar Abderrahman qui obtiendra en quelques semaines l’asile politique aux Etats-Unis et y organisera le premier attentat à la voiture piégée contre le World Trade Center en 1993.
Selon vous, ne sommes-nous pas en train d’assister en ce moment à la réorganisation de Daech ? Tant que la guerre idéologique n’aura pas été remportée contre des organisations comme Les Frères musulmans et Daech, n’y aura-t-il pas toujours un risque terroriste latent ?
Al-Qaïda « canal historique », l’organisation qui a commis les attentats de Nairobi, Dar-es-Salam et du 11 septembre est morte entre 2002 et 2004. Mais avant de mourir elle a été engrossée par les erreurs stratégiques de l’Occident et les calculs peu avisés d’un certain nombre de régimes de pays musulmans. Et elle a fait des petits qui ont conduit le diplomate et chercheur Jean Pierre Filiu à évoquer dans un livre remarquable « Les neuf vies d’Al-Qaïda ».
Parmi ces « petits » il y a eu « Al-Qaïda fil-Rafidayn » (Al-Qaïda en Mésopotamie) de Abou Moussaab al-Zerqawi (un membre des Frères Musulmans) qui s’est ensuite transformé en « État Islamique » (Da’esh) avec Abou Bakr al-Baghdadi (autre membre des FM).
Plutôt que de poursuivre la politique de violence déterritorialisée du groupe Ben Laden-Zawahiri, les dirigeants de Daesh ont cru pouvoir assurer la pérennité de leur organisation par un ancrage territorial, générateur d’un sanctuaire géographique et de revenus par pillage des ressources locales. C’était une erreur stratégique car en se dotant d’un chef résidant dans une capitale, de moyens militaires lourds, d’uniformes, de casernes, d’une administration fiscale, Daesh se désignait aux coups de forces militaires hostiles bien supérieures en nombre et en moyens. Malgré son habileté à jouer sur les contradictions politiques locales et régionales, malgré sa capacité à susciter des phénomènes de violence au sein des pays occidentaux pour les dissuader d’agir, Daesh n’a pas survécu à cette erreur.
Ses partisans survivants reprennent donc les chemins de la clandestinité et de l’éparpillement qui avaient fait le succès de l’organisation originelle et on les retrouve ainsi disséminés dans la péninsule arabique, en Afghanistan, en Libye, en Afrique sahélienne, en Somalie, dans certaines républiques musulmanes d’Asie Centrale. Mais pour exister et donc pour obtenir le soutien de certains sponsors financiers, il leur faut bien démontrer leur capacité de mobilisation, d’action et de nuisance. Et rien ne vaut mieux que des actions aussi spectaculaires que possible dans les pays d’Occident où l’on est sûr que le retentissement médiatique sera important, même si l’action est sommaire et mineure. On observe cyniquement que 300 morts à Baghdad, Karachi ou Mogadiscio n’ont droit qu’à un entrefilet dans les médias tandis que 3 morts en France, aux États-Unis ou en Allemagne mobilisent pendant des jours entiers la presse écrite et les chaînes d’information continue.
Mais tout ceci n’a effectivement de sens et de raison d’être que si il existe, pour des raisons diverses, des soutiens idéologiques, politiques et surtout financiers à l’action violente. Et là, on en revient en permanence aux invariants de la « diplomatie religieuse de l’Arabie Saoudite » telle que parfaitement décrite et analysée dans le récent livre de Pierre Conesa.
En voyant une activité très dense de certaines organisations liées au terrorisme sur les réseaux sociaux tels que Twitter, Youtube, Facebook, etc., ne pensez-vous pas que les gouvernements occidentaux ont perdu la guerre de l’information face à Daech ?
Vous posez là une question qui dépasse largement le cadre restreint du terrorisme. Internet s’analyse aujourd’hui en un espace public mondialisé non régulé, désordonné, sans code de conduite, sans forces de l’ordre, ouvert à toutes les transgressions, en particulier la transgression criminelle des terroristes.
Les Occidentaux (et beaucoup d’autres) n’ont pas perdu la guerre de l’information puisqu’ils ne l’ont même pas déclarée. Internet est donc ouvert à toutes les intelligences, y compris les plus perverses : celles des terroristes bien sûr, mais aussi – et sans doute de façon beaucoup plus pernicieuse – aux pirates, aux trafiquants, aux espions industriels, aux escrocs, aux pédophiles, aux contrefacteurs, aux menteurs, aux diffamateurs et à toutes les malfaisances qui peuvent s’épanouir sous couvert d’anonymat ou d’insaisissabilité.
Il n’est pas d’exemple dans l’histoire d’espace public qui puisse s’épanouir de façon durable et satisfaisante sans un minimum de règles de « vivre ensemble » et d’une autorité pour faire respecter ces règles.
Interview réalisée par Mohsen Abdelmoumen
Qui est Alain Chouet ?
Ancien chef du Service de renseignement de sécurité de la DGSE (Direction générale de la Sécurité extérieure), diplômé en droit, science politique et langues orientales, Alain Chouet a fait toute sa carrière de 1972 à 2007 dans les services de renseignement français, alternant affectations à l’étranger (Liban, Syrie, Maroc, Genève-ONU, Bruxelles) et postes de responsabilité à l’administration centrale. Spécialiste des problèmes de sécurité dans le monde arabe et islamique, il a été consultant du Centre d’Analyse et de Prévision du M.A.E. et est l’auteur de nombreux ouvrages et articles dans les revues spécialisées (Maghreb-Machrek, Questions internationales, Politique étrangère, Revue de défense nationale, La revue parlementaire, Marine et Océans, Présaje, Questions d’Europe, Cahiers de l’Orient, La Revue des Deux Mondes, Perspectives de l’UCLAT, etc.). Il a publié « Au cœur des services spéciaux – La menace islamiste: fausses pistes et vrais dangers », éditions La Découverte, 2013 (pour la seconde édition) et « La sagesse de l’espion », éditions Jean Claude Béhar, 2010.
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Source : Mohsen Abdelmoumen
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