Irak : l’opération pour reprendre Mossoul des mains de l’EI est lancée
octobre 17, 2016
Le premier ministre irakien a précisé que seules l’armée et la police entreraient dans la ville, alors que d’autres forces participent à l’offensive préparée depuis des semaines.
Le Monde.fr avec AFP | 17.10.2016
Dans la nuit du dimanche 16 au lundi 17 octobre, le premier ministre irakien, Haïdar Al-Abadi, a annoncé à la télévision nationale le début de l’offensive sur Mossoul. Elle vise à reprendre le dernier bastion de l’organisation Etat islamique (EI) dans le pays, qu’elle occupe depuis juin 2014. A l’époque, cette ville à majorité sunnite, avait été prise avec une relative facilité, en partie à cause de la profonde défiance de la population locale envers les forces de sécurité irakiennes, dominées par les chiites.
« Le temps de la victoire est venu et les opérations pour libérer Mossoul ont commencé », a déclaré le chef du gouvernement. S’adressant aux habitants de la région, il a lancé : « Je déclare aujourd’hui le début de ces opérations victorieuses pour vous libérer de la violence et du terrorisme de Daech [acronyme arabe de l’EI]. »
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Face aux craintes de tensions communautaires lors des opérations, étant donné la diversité des combattants anti-EI et la présence de milices chiites soutenues par l’Iran parmi eux – en plus de peshmergas kurdes et de milices des deux courants religieux –, M. Al-Abadi a précisé que seules l’armée et la police irakiennes entreraient dans la ville, alors que de nombreuses autres forces participent à l’offensive préparée depuis des semaines.
Entre 3 000 et 9 000 combattants de l’EI seraient encore présents à Mossoul. Avant la guerre, sa population était estimée à deux millions d’habitants. Il en resterait aujourd’hui environ 1,5 million.
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A Tall Aswad, dans le Kurdistan irakien, 13 octobre. Une base arrière a été établie avant d’engager les combats dans les villages de la zone de Mossoul occupée par l’organisation Etat islamique.
Plus grande bataille depuis l’invasion américaine
L’offensive sur Mossoul est également soutenue par la coalition dirigée par les Etats-Unis – elle fournit un soutien aérien et terrestre –, et pourrait représenter la plus grande bataille en Irak depuis l’invasion du pays par les troupes américaines en 2003.
« Bonne chance aux forces irakiennes héroïques, aux peshmergas kurdes et aux volontaires de Ninive. Nous sommes fiers de nous tenir à vos côtés dans cette opération historique », a déclaré sur Twitter Brett McGurk, envoyé spécial de Washington auprès de la coalition contre l’EI, après l’annonce initiale du premier ministre irakien.
La coalition est prête à soutenir l’Irak « dans le difficile combat qui s’annonce », a déclaré pour sa part le secrétaire à la défense des Etats-Unis, Ashton Carter, saluant « un moment décisif dans la campagne pour infliger à l’EI une défaite durable ».
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Le président russe, Vladimir Poutine, a dit dimanche espérer que les Etats-Unis et ses alliés feraient de leur mieux pour éviter toute victime civile lors de la bataille.
Vers une crise humanitaire
La bataille pourrait de fait déclencher une crise humanitaire sans précédent, susceptible de jeter sur les routes des centaines de milliers de civils aux prémisses de l’hiver, craignent les Nations unies (ONU).
« Je suis extrêmement préoccupé pour la sécurité de quelque 1,5 million de personnes vivant à Mossoul, qui pourraient être touchées par les opérations militaires pour reprendre la ville à l’EI » a dit Stephen O’Brien, secrétaire général adjoint de l’ONU pour les affaires humanitaires et l’aide d’urgence. « Les familles sont exposées à un risque extrême d’être prises entre deux feux ou prises pour cibles par des snipers », a-t-il dit.
« Il existe une règle informelle selon laquelle aucune institution ne peut faire face à un mouvement de population de plus de 150 000 personnes à la fois », admet Lise Grande, coordinatrice humanitaire de l’ONU pour l’Irak. Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) espère pourtant pouvoir disposer de onze camps d’ici à la fin de l’année, avec une capacité de 120 000 personnes, tandis que les autorités irakiennes pensent pouvoir en accueillir 150 000 dans d’autres camps.
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