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Iran vs Arabie: prochain affrontement direct dans la région



Publié par Gilles Munier sur 26 Juillet 2017, 07:50am

Catégories : #Iran, #Arabie, #Etat islamique, #Irak, #Syrie, #Proche-Orient
Joshka Fischer, ancien ministre des Affaires étrangères allemand (1998-2005)

Joshka Fischer, ancien ministre des Affaires étrangères allemand (1998-2005)

Par Joshka Fischer (revue de presse : Médias 24 – Extrait – 25 /7/17)*

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Après la disparition de l’Etat islamique, le prochain chapitre de l’histoire du Moyen-Orient sera déterminé par l’affrontement direct et ouvert entre l’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite pour la prédominance régionale. Jusqu’à présent, ce conflit larvé s’est poursuivi clandestinement et la plupart du temps par procuration. Les deux puissances mondiales actives dans la région se sont déjà clairement positionnées dans ce conflit, avec les Etats-Unis dans le camp de l’Arabie Saoudite et la Russie dans le camp de l’Iran.

L’actuelle « guerre contre le terrorisme » va de plus en plus laisser la place à ce conflit hégémonique. Avec l’Arabie saoudite et quatre alliés sunnites qui imposent l’isolement sur le Qatar, en partie en raison des étroites relations du Qatar avec l’Iran, ce conflit vient d’atteindre son premier point critique potentiel au centre même de la région, le Golfe Persique.

Toute confrontation militaire directe avec l’Iran risquerait bien entendu d’embraser la région, à une échelle bien supérieure à toutes les guerres du Moyen-Orient. En outre, avec le feu qui couve encore en Syrie et un Irak affaibli par les luttes sectaires pour le pouvoir, l’EI ou l’incarnation de son successeur risque de rester en place.

Un autre facteur déstabilisant est la réouverture de la « question kurde ». Les Kurdes, un peuple sans Etat, ont fait leurs preuves en tant que combattants contre l’EI et veulent utiliser leur nouveau poids militaire et politique pour avancer vers l’autonomie, ou même vers un Etat indépendant. Pour les pays touchés, d’abord et avant tout la Turquie, mais également la Syrie, l’Irak et l’Iran, cette question est un casus belli potentiel, parce qu’elle touche à leur intégrité territoriale.

Compte tenu de ces questions non résolues et de l’escalade du conflit hégémonique entre l’Iran et l’Arabie saoudite, le prochain chapitre de l’histoire de la région promet d’être tout sauf paisible. Oui, les Etats-Unis ont peut-être tiré les leçons de la catastrophe de l’Irak, qui montrent qu’ils ne peuvent pas gagner une guerre terrestre au Moyen-Orient malgré leur supériorité militaire. Le Président Barack Obama a voulu retirer les forces armées américaines de la région, ce qui s’est avéré difficile à réaliser aussi bien sur le plan politique que militaire. C’est pour cette raison qu’il a écarté l’intervention militaire, même aérienne, dans la guerre civile en Syrie, en laissant un vide que la Russie a rapidement occupé, avec toutes les conséquences que nous savons.

Le successeur d’Obama, Donald Trump, a également fait campagne sur la promesse de se retirer de la région. Depuis les élections, il a lancé des missiles de croisière sur la Syrie, a pris des engagements plus globaux envers l’Arabie saoudite et ses alliés et est entré dans une escalade rhétorique de confrontation des Etats-Unis vis-à-vis de l’Iran.

Trump est clairement confronté à une courbe d’apprentissage quand il s’agit de la région du Moyen-Orient: cette région n’attendra pas la fin de son apprentissage. Il n’y a pas de quoi se montrer optimiste.

Joshka Fischer a été ministre des Affaires étrangères et vice-chancelier allemand de 1998 à 2005. Ancien dirigeant du Parti Vert allemand pendant près de 20 ans.

*Source et texte complet : Médias 24

Version originale : Médias 24

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