ISRAEL, ETERNELLE VICTIME
décembre 19, 2016
France-Irak Actualité
Publié par Gilles Munier sur 19 Décembre 2016, 06:09am
Par Maurice Buttin (revue de presse : Bulletin du CVPR PO – décembre 2016)
Le vote par l’UNESCO, fin octobre, d’une décision concernant exclusivement le patrimoine palestinien dans Jérusalem-Est – occupée depuis juin 1967 – a provoqué des protestations véhémentes des Israéliens et de leurs séides, telle CRIF, et bien d’autres organisations, dont, hélas, le Conseil de Paris.
Déposé par l’Algérie, l’Egypte, le Liban, le Maroc, Oman, le Qatar et le Soudan, le texte litigieux avait été examiné par les 58 Etats membres du Conseil exécutif de l’UNESCO réunis en séance plénière. Si les grands pays occidentaux, fidèles alliés d’Israël, s’y sont opposés, la France s’est abstenue pour sa part (service minimum !).
Israël a annoncé aussitôt son retrait de cet organisme des Nations Unies. Je relève quelques perles.
De Benyamin Netanyahou, le Premier ministre israélien. Il s’exclame: « Dire qu’Israël n’a pas de lien avec le Mont du Temple et le Kotel (Le Mur occidental) revient à dire que les Chinois n’ont pas de lien avec la Grande Muraille de Chine ou les Egyptiens avec les Pyramides ! ». Ayalet Shaked, la célèbre ministre de la Justice, du parti « Foyer juif, » nationaliste et religieux, renchérit : « L’ONU bat son propre record d’ignorance et d’antisémitisme ».
Des amis de la « victime » :
Avi Shafran, rabbin ultra-orthodoxe : « Il est inacceptable et même obscène, que 24 pays aient nié le lien du peuple juif avec le Mont du temple. Les 28 autres pays qui se sont abstenus sont des couards ».
Simone Rodan-Benzaquen directrice de l’AJC (American Jewist Commitee) pour la France et l’Europe (1) : « C’est une plaisanterie bien répétitive que nous offre ces Etats majoritairement dictatoriaux qui, de nouveau, ont fait voter une résolution faisant des lieux saints de Jérusalem – pourtant mentionnés 699 fois dans la Bible – un territoire exclusivement musulman (seuls les noms musulmans en arabe y sont mentionnés) et donc interdit à tout non musulman (…) Nous pourrions rire, mais il y a un goût amer. Celui de voir la France s’abstenir face à cette mascarade. Comment rester neutre devant cette faute morale et cette aberration historique ? (…) La France n’a-t-elle vraiment pas d’avis lorsqu’on lui propose un texte reprenant et alimentant les pires propagandes haineuses appelant à voir rayé de la carte la seule démocratie du Proche-
Orient qu’est Israël, réduite dans le texte voté à une « puissance occupante ».
Le CRIF : « déplore que notre pays ait manqué une nouvelle fois l’opportunité et le courge de s’exprimer clairement sur la réalité historique du caractère juif de Jérusalem ». (Exclusif, sans doute ?)
Le Conseil de Paris a voté une proposition, présentée par Nathalie Kosciusko-Morizet, Delphine Burkli, Claude Goasguen, et Jean-Didier Berthault, condamnant la décision de l’UNESCO « qui tend à délégitimer la présence du peuple juif à Jérusalem ».
« Visiblement, on ne lit pas la Bible à l’UNESCO, où le théâtre de l‘absurdité continue ! » s’était aussi emporté Benyamin Netanyahou. Mais, lui, et ses amis d’Israël, de France ou d’ailleurs, ont-ils lu le texte de l’UNESCO – comme le conseillait le journal israélien de gauche, Haaretz : « Contrairement à la critique israélienne, la résolution de l’UNESCO sur le Mont du Temple….».
Reprenons le texte : « Affirmant l’importance de la Vieille Ville de Jérusalem et de ses remparts pour les trois religions monothéistes, et affirmant également que rien dans la présente décision, qui vise, entre autres, à sauvegarder le patrimoine culturel palestinien et le caractère distinctif de Jérusalem-Est, (NDLR : souligné par nous) n’affectera (… ) ».
Le « vise, entre autres » est clair. La décision aborde un problème capital pour le peuple palestinien, et tous ses amis épris de liberté : l’occupation par Israël de Jérusalem-Est, depuis juin 1967, au mépris des résolutions des Nations Unies et du droit international. Elle ne nie à aucun moment l’importance aussi des Lieux saints de Jérusalem pour les juifs et les chrétiens (contrairement aux mensonges proférés par les Israéliens et leurs thuriféraires). Elle n’en parle pas. Ce n’est pas son objet.
La décision ainsi : « Regrette profondément le refus d’Israël de mettre en oeuvre les précédentes décisions de l’UNESCO concernant Jérusalem (…) ». « Déplore vivement le fait qu’Israël, la Puissance occupante, n’ait pas cessé les fouilles et travaux menés constamment dans Jérusalem-Est (…). « Prie instamment Israël, la Puissance occupante, de permettre le rétablissement du statu quo historique qui prévalait jusqu’en septembre 2000 (…) concernant la mosquée Al-Aqsa / Al-Haram Al-Sharif » ; « Condamne fermement l’escalade des agressions israéliennes et les mesures illégales (…) limitant la liberté de culte et l’accès des musulmans au site sacré de la mosquée » ; « Déplore vivement les irruptions persistantes d’extrémistes de la droite israélienne et de forces en uniforme sur le site de la mosquée ; etc. »
Point important (…) Note avec une profonde inquiétude qu’Israël, la Puissance occupante, ne s’est conformée à aucun des douze décisions du Conseil exécutif, ni aux six décisions du Comité du patrimoine mondial, demandant la mise en oeuvre de la mission de suivi réactif de l’UNESCO sur le site de la Vieille Ville de Jérusalem et ses remparts ».
En fait, ce qu’a irrité aveuglement les dirigeants israéliens et leurs amis, c’est que la décision votée fait état une dizaine de fois, voire plus, « d’ISRAEL, LA PUISSANCE OCCUPANTE » ! Triste réalité pourtant, depuis bientôt cinquante ans. Réalité qui empêche toute solution de paix.
(1) Figaro Vox – Tribune le 3 novembre 2016.
Me Maurice Buttin est président du CVPR PO (Comité de Vigilance pour une Paix Réelle au Proche-Orient)