Israël va marcher sur la lune Les pays arabes creusent
juillet 23, 2018
Algérie en phase avec le mouvement du monde
© Chems Eddine Chitour
Jeudi 19 juillet 2018
«Nous les Algériens quand on atteint le fond, on creuse…. !»
Mohamed Fellag
Un scoop important passé inaperçu dans le monde dit arabe: lors d’une conférence de presse le 10 juillet à Tel-Aviv Israël annonce le lancement d’un vaisseau spatial sur la Lune. Jacques Benillouche scientifique et journaliste écrit avec passion: «Israël a prévu de lancer une mission lunaire depuis Cap Canaveral, en Floride, en décembre, pour alunir le 13 février 2019. Ce sera le quatrième pays à atteindre la Lune. La question reste de savoir si cette expérience scientifique ne déclenchera pas une nouvelle course aux armements. Israël dispose déjà d’une large avance sur les pays arabes et sur l’Iran dans les questions nucléaires. Ces nouveaux progrès scientifiques pourraient raviver les tensions.» (1)
«Ce lancement a été préparé par des entreprises privées, SpaceIL et IAI(Israel Aerospace Industries), qui ont collaboré pendant huit années. Le vaisseau spatial sera lancé comme une charge utile secondaire sur une fusée SpaceX Falcon 9 et son voyage vers la Lune durera environ deux mois. Ce vaisseau spatial lunaire israélien, d’un poids de 600 kilos, sera le plus petit à alunir. Le processus de conception et de développement de l’engin spatial a commencé en 2013 à l’usine IAI. D’une hauteur de 1,5 mètre, d’un diamètre de 2 mètres, 75% de son poids représente le carburant qui lui permettra d’atteindre sa vitesse maximale de plus de 36.000 kilomètres par heure.» (1)
«Le vol long et complexe comportera deux temps. Lancé à une altitude de 60.000 kilomètres, l’engin commencera d’abord à orbiter autour de la Terre. Dès réception d’une commande de la salle de contrôle, le vaisseau spatial entrera dans une orbite elliptique d’altitude plus élevée autour de la planète bleue, pour atteindre un point proche de la Lune. À ce stade, il allumera ses moteurs, réduira sa vitesse pour permettre à la gravité de la Lune de le capturer. Il commencera alors à orbiter autour de la Lune, jusqu’au moment approprié pour commencer le processus d’alunissage. L’ensemble du voyage, prendra près de deux mois.» (1)
Voilà pour l’aspect technique: rien à dire Passons maintenant à l’idéologie: «Le vaisseau spatial, flanqué d’un drapeau israélien, alunira le 13 février 2019 (…) Yossi Weiss, directeur général d’IAI (groupe aéronautique) a une grande ambition que certains pourraient considérer comme utopique: «Conquérir l’espace n’est pas seulement un moyen de prouver ses capacités technologiques, mais aussi un besoin urgent pour la race humaine qui dilapide rapidement les ressources naturelles de la Terre. Nous devons penser à des plans de secours, la Terre rétrécit et l’avenir de l’humanité est dans l’espace.» (…) Ce projet marque un tournant dans l’industrie israélienne qui, jusqu’à présent, concevait des programmes militaires axés sur la sécurité et la défense du pays, à savoir les satellites pour la surveillance terrestre et aérienne (…) Bien que cette course à l’espace soit scientifique et pacifique, il est légitime de penser que la militarisation de l’espace sera inéluctable.»(1)
«Israël est convaincu que le pays qui maîtrisera l’espace pourra facilement dominer ses adversaires. (..) Israël est encore loin de l’installation et de l’utilisation d’armes spatiales, certes à la portée de tous les scientifiques, mais rien n’empêche l’utilisation de l’espace au profit d’actions militaires. La militarisation spatiale est inéluctable. (…)Israël, qui dépasse techniquement ses principaux adversaires, risque d’exacerber les rivalités en les poussant à envisager l’exploration et la militarisation spatiales. Ce n’est cependant pas pour demain. Il leur faudrait plus d’une dizaine d’années pour rattraper leur retard, sauf s’ils sont aidés par une puissance spatiale intéressée à vendre ses techniques. (1)
Génèse du projet spatial
Tout est parti d’un concours Google Lunar Xprize doté d’un prix de 30 millions de dollars C’ est une compétition internationale organisée par la Fondation X Prize et parrainée par Google. Elle est annoncée le 13 septembre 2007 à Los Angeles Disposant d’un budget de 30 millions de dollars, son but est d’envoyer un robot sur la Lune chargé de parcourir au moins 500 mètres et de transmettre nombre de vidéos, images et autres données vers la Terre. Les équipes désirant y participer devaient s’enregistrer avant le 31 décembre 2010. Mi-2012, 25 équipes. L’objectif est de faire partir une fusée en 2015. En 2015, Xprize annonce le report de la limite de la compétition au 17 décembre 2017 (…) Début 2016, 16 équipes restent en compétition. En janvier 2018, il reste cinq équipes en compétition, alors que le concours est censé se finir le 31 mars de cette année. Le 23 janvier 2018, Google communique que le prix ne sera pas attribué et qu’il n’y a officiellement aucun gagnant.» (2)
« Déterminée à poursuivre sa course vers la Lune malgré l’expiration du concours Google Lunar Xprize de 20 millions de dollars en mars dernier. Morris Kahn, milliardaire israélien d’origine sud-africaine, président de Space IL, a été à la tête de donateurs privés qui ont financé le projet pour un montant de 95 millions d’euros. SpaceIL a annoncé son intention de lancer son module sans pilote sur une fusée SpaceX Falcon 9 de Cap Canaveral en Floride à la mi-décembre. Si le module atteint la lune comme prévu le 13 février 2019, il fera l’histoire comme étant le plus petit et le premier vaisseau spatial sans pilote financé par le secteur privé à atterrir sur la Lune. «Notre mission n’a jamais été de gagner la récompense – même si 20 millions de dollars auraient été bien», a déclaré Ido Anteby, P-DG de SpaceIL.» (2)
«(…)Le programme a toujours eu comme objectif secondaire l’éducation Stem, visant à encourager les enfants israéliens à choisir d’étudier les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques. Avec l’aide d’un vaste réseau de bénévoles, SpaceIL a déjà fait des présentations à environ 900.000 enfants dans tout le pays.Pour les enfants de tous les pays, SpaceIL a présenté son site Web Moon Kids en anglais, rempli de contenu interactif amusant sur la Lune et l’espace» (3).
La mission sera de courte durée. 48h seulement après l’alunissage. Et ensuite, il ne restera sur le satellite de la Terre que le module inerte arborant le drapeau israélien et l’inscription «Israël vivra à tout jamais».
Israël, la Bible et la prophétie de la Lune de Sang
Que dit le récit biblique de la Lune? Est-ce que les scientifiques ont corrélé cette future prouesse avec le récit religieux ?La Bible prédit la fin des temps pour les semaines à venir. «Pendant des siècles lit-on sur le site suivant, il y a eu beaucoup de discussions sur les prophéties bibliques et, apparemment, aucune n’a été réalisée. (…) Beaucoup de gens dans le monde attendent le 27 juillet 2018 pour assister à la deuxième Lune de sang de l’année. Bien que la Lune apparaisse rouge lors de la prochaine éclipse, en réalité, sa couleur ne change pas » (4).
« La Lune sera rouge seulement de la Terre, mais dans l’espace sa couleur est grisâtre comme toujours. (..) Laissant de côté l’explication scientifique, il y a beaucoup de croyants chrétiens qui croient fermement que l’apparition de la Lune de Sang dans les cieux est une indication que l’Apocalypse est imminente. La prophétie de la Lune de Sang vise à révéler des messages cachés dans la Bible sur la fin des temps. (…) «Nous sommes à l’âge de l’Apocalypse et cette Lune de Sang, qui sera la plus longue de ce siècle, se passe en l’an 70 d’Israël en tant que nation. Il se passe la même année que Jérusalem a été déclarée la ville éternelle de Dieu et se produit avec les volcans qui éclatent déjà à Hawaï et la fumée, les cendres et les rivières volcaniques qui coulent.» (..) Le théologien américain poursuit en disant que la Bible se réfère à ces événements qui ont lieu dans les derniers jours et que les Ecritures disent clairement qu’il y aura ces signes dans les cieux et sur la Terre.(4)
Israël, une terre promise pour l’innovation ?
Les médias occidentaux ne tarissent pas d’éloge sur les performances d’Israël voulant imprimer en creux le désert du savoir des voisins arabes installés dans les temps morts. Il est vrai que comme beaucoup d’autres petits pays, Israël a dû bâtir une politique scientifique et technologique pour assurer sa compétitivité. : « Dans le domaine scientifique lit on sur la contribution suivante, il a encouragé la création de centres d’excellence dans un grand nombre de disciplines. Dans le domaine technologique, il a atteint de très hauts niveaux en concentrant ses efforts sur un nombre limité de secteurs, comme les biotechnologies, les télécommunications ou l’informatique. L’effort de recherche israélien, en pourcentage du PIB, est l’un des plus élevés au monde. Israël était classé en 2008 comme le 9e pays le plus innovant au monde et il devrait remporter la 8eplace d’ici 2013.(…) La recherche académique, qu’il faut se garder de scinder arbitrairement en recherche fondamentale et appliquée, singulièrement lorsqu’il s’agit d’Israël, est sans commune mesure en dimension et en qualité avec la taille du pays ».(5)
« Cela peut tenir à deux facteurs principaux. (…) En comparaison avec le reste du monde, Israël est numéro un pour les dépenses des entreprises en R & D et pour le pourcentage du PNB dépensé en R & D (4,8%); numéro deux pour le nombre d’ingénieurs qualifiés et pour le transfert de connaissance entre l’industrie et le monde académique; numéro trois pour les compétences dans les technologies de l’information. (…) La transformation de la société civile, avec le développement de l’innovation et de la création d’entreprises, peut être corrélée avec deux faits politiques majeurs: la fin de l’économie d’État avec l’arrivée au pouvoir du libéral Netanyahou, et l’arrivée après la chute du mur de Berlin de 700.000 juifs d’ex-Urss, de haut niveau d’éducation et dont l’emploi dépendait, en tout premier lieu, de la création d’entreprises nouvelles.» (5).
On peut y ajouter aussi la manne en centaines de milliers de dollars des donateurs juifs qui dépensent sans compter s’agissant de donner une avance décisive à Israël dans tous les domaines et permettant ainsi à Israël de développer sans restriction ses programmes militaires en disposant aussi de l’aide scientifique militante des scientifiques juifs dans les pays occidentaux.
L’Iran va-t-il remporter la guerre technologique?
C’est par ces mots qu’Israël reconnait implicitement que l’Iran est une nation technologique, mais aussi une nation spatiale qui lance ses propres fusées, ses propres satellites. Cette inquiétude qui tranche avec la doxa occidentale est un électrochoc pour le pays :«Israël, écrit Schlomo Maital, doit revoir sa stratégie d’urgence s’il veut maintenir l’avantage technologique sur les pays qui ont fait voeu de l’anéantir. Le chef du renseignement militaire, Herzl Halevi, lors d’une conférence inhabituelle, prononcée à huis clos le 29 octobre dernier, déclarait: «Si l’on me demande si nous allons entrer en guerre avec l’Iran dans les 10 ans à venir, je répondrai que l’affrontement a déjà commencé. Une guerre technologique. Nos ingénieurs livrent actuellement bataille contre les ingénieurs iraniens, et cette lutte prend de plus en plus d’ampleur.» «Aujourd’hui, nous avons l’avantage. Mais l’Iran tend à gagner du terrain. Depuis la révolution de 1979, le nombre d’universités et d’étudiants s’est multiplié par 20 au pays des mollahs, comparé à 3,5 pour Israël. «Les inscriptions en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques sont montées en flèche en Iran», précise-t-il. En d’autres termes, dans cette guerre technologique, Israël est en perte de vitesse.» (6)
«Deux rapports, publiés par l’Institut S. Neaman du Technion à Haïfa, comparent le capital humain en science et technologie en Israël, en Iran et en Turquie. Ces nouvelles données montrent qu’en Israël, au cours de la dernière décennie, la proportion d’étudiants dans les matières scientifiques et technologiques est restée constante, à 14 , alors qu’en Iran, elle a doublé sur la même période, et atteint aujourd’hui 25 , soit deux millions d’étudiants au total. Entre 2007 et 2014, le nombre d’universités israéliennes classées parmi les 100 premières au niveau scientifique est tombé de quatre à trois, alors que l’Iran a réussi à placer une université dans le top 100 pour la première fois. Selon les données de Thomson-Reuters, l’Iran possède la plus forte croissance en matière de production et publications scientifiques. Autre preuve de la montée en puissance de la République chiite: en décembre 2013, elle est parvenue à envoyer un singe nommé Fargam («de bon augure» en perse) en orbite et à le ramener sans encombre sur la Terre. Des fusées iraniennes, capables de lancer des satellites, peuvent aussi transporter des charges militaires sur de grandes distances.» (6)
«Paradoxalement- constatent les observateurs-, les sanctions économiques imposées à Téhéran par l’Occident semblent avoir eu un impact majeur sur l’essor de la science en Iran. Selon le rapport scientifique, à l’horizon 2030 que vient de publier l’Unesco, «les sanctions […] ont accéléré le passage d’une économie fondée sur les ressources à une économie du savoir, en forçant les décideurs à regarder au-delà des industries extractives, et à se tourner vers le capital humain du pays pour créer des richesses». (6)
« Entre 2006 et 2011, le nombre d’entreprises menant des activités de Recherche et Développement a plus que doublé. Selon ce même rapport, l’Iran se classe septième au niveau mondial pour le volume d’articles scientifiques publiés dans le domaine de la nanotechnologie. Il est un autre domaine clé dans lequel l’Iran a dépassé Israël: le leadership politique dans le domaine des sciences. Le président iranien Hassan Rouhani a constitué un cabinet formé d’une majorité de technocrates, tous titulaires d’un doctorat. Un de ses plus jeunes ministres est Sorena Sattari, 43 ans, ingénieur en mécanique, vice-ministre de la Science et de la Technologie. Il déclare vouloir lier plus étroitement la science à l’économie, et imprégner son pays de «l’esprit d’entreprise». Il distribue ainsi 600 millions de dollars par an en prêts à faible taux d’intérêt à quelque 1 650 start-up.» (6)
La bénédiction du savoir
«(..) En Occident, on aime bien se moquer des ayatollahs chiites iraniens. Notamment du leader de la République islamique, l’ayatollah Sayyid Ali Khamenei. Seulement celui-ci a décrété que l’Iran allait se transformer en une grande puissance scientifique, et son livre The Bliss of knowledge (la bénédiction du savoir) sert de feuille de route pour atteindre cet objectif. «Le renouveau de la grande civilisation islamique est tributaire des progrès tous azimuts dans le domaine scientifique», a annoncé le Conseil suprême de la Révolution culturelle iranienne. (…) L’ayatollah Mohammad Khatami, a publié en 2005, lorsqu’il était au pouvoir, sa vision pour les vingt ans à venir: une feuille de route pour le développement économique, politique, culturel et social. Selon lui, l’Iran devait se muer en une nation dont l’économie serait basée sur le savoir plutôt que sur le pétrole. (…) » (6)
« L’un des indicateurs les plus intéressants est celui des Olympiades scientifiques. Les Olympiades internationales en sciences comparent les performances d’équipes de quatre à six lycéens surdoués de différents pays, dans diverses disciplines: mathématiques, physique, chimie et biologie. Si nous prenons, par exemple, le classement d’Israël, de l’Iran et de la Turquie lors des Olympiades de mathématiques en 2015, les six candidats iraniens ont remporté la 7e place sur 104 pays, avec trois médailles d’or, deux médailles d’argent et une de bronze. Les six candidats turcs ont obtenu la 20e place, avec cinq médailles d’or, tandis que l’équipe d’Israël ne s’est classée que 40e, avec une seule médaille d’or, et ni argent, ni bronze. Pour ce qui est des performances iraniennes, rappelons également que Maryam Mirzakhani, née en Iran et professeur de mathématiques à l’université de Stanford, a décroché l’an dernier la très convoitée médaille Fields, une récompense en mathématiques aussi importante que le prix Nobel. Devenant, par la même occasion, la première femme à remporter la médaille depuis sa création il y a 80 ans.» (6)
En fait, nous ne verrons jamais des potentats arabes qui croulent sur des rentes en milliards de dollars, fruits d’une rente qui stérilise tout savoir lancer des prix pour la compétition scientifique et technologique. On comprend que l’Iran le seul pays musulman capable de pouvoir rivaliser scientifiquement et technologiquement soit dans le collimateur de l’Occident et d’Israël Pendant ce temps les potentats arabes installés confortablement dans les temps morts de la science et de la technologie passent leur temps à se tirer dans les pattes, manipulés en cela par un Occident de qui ils tiennent leurs légitimités. Thomas Friedmann le rédacteur du New York Times a raison d’écrire: «Pendant qu’Israël invente des puces,les Arabes se cherchent des poux dans la tête.» Comme il le dit lui, nous continuerons à creuser…
1.Jacques Benillouche 16 juillet 2018 http://www.slate.fr/story/164639/israel-route-lune-nouveau-contexte-strategique-conquete-spatiale
2. https://fr.wikipedia.org/wiki/Google_Lunar_X_Prize
3. http://www.ashdodcafe.com/2018/07/14/israel-lancera-une-fusee-sur-la-lune-en-decembre/
4. http://areazone51ufos.blogspot.com/2018/06/la-prophetie-de-la-lune-du-sang-la.html
5. https://www.lajauneetlarouge.com/article/esprit-dentreprise-et-innovation-en-israel#.W042vtIzbMw
6. https://www.jpost.com/Edition-Francaise/Moyen-Orie nt/LIran-va-t-il-remporter-la-guerre-technologique-437392
Article de référence http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_chitour/296463-les-pays-arabes-creusent.html
Professeur Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique Alger
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Source : Chems Eddine Chitour
http://chems.over-blog.com/…